Lors d’un événement de bilan de fin d’année organisé dans son bureau à Ankara, en présence de représentants des médias turcs, Güler a vivement critiqué la politique israélienne dans la bande de Gaza, affirmant qu’elle « porte atteinte aux équilibres fragiles de la région et aggrave l’instabilité ». Dans le même temps, il a déclaré que la Turquie était prête à jouer un rôle central dans la reconstruction de Gaza et dans la mise en place de mécanismes de sécurité.
Il a précisé que son pays avait déjà achevé l’ensemble des préparatifs logistiques et militaires nécessaires pour intégrer une « force internationale de stabilisation » dans la bande de Gaza : « Nous avons finalisé la préparation des unités qui doivent être déployées ainsi que tous les plans requis, mais Israël empêche actuellement notre participation. »
Selon lui, il est essentiel de mettre en place des garanties afin d’empêcher toute violation du cessez-le-feu, estimant que « les attaques israéliennes, qui portent parfois atteinte aux accords conclus, freinent l’ensemble du processus ». Güler a ajouté que la Turquie était prête à assumer le rôle de l’un des principaux garants de la stabilité dans la régioמ.
La Syrie et la question kurde
S’agissant de la situation en Syrie, Güler a affirmé que, du point de vue d’Ankara, la stabilité du pays dépend d’un démantèlement total des « structures sécuritaires parallèles », en particulier des Forces démocratiques syriennes – une milice majoritairement kurde, soutenue par les États-Unis, qui constitue le bras armé de l’administration autonome kurde contrôlant l’est de la Syrie. Il a critiqué le fait que les accords conclus entre les Kurdes et le régime syrien soient restés lettre morte, soulignant que « le processus d’intégration doit se faire selon une feuille de route claire, avec des échéances précises, contraignantes et applicables, et non à travers des déclarations vagues et ouvertes ». Selon lui, l’intégration des SDF au sein de l’armée syrienne doit se faire à titre individuel et non en tant qu’unités constituées, ajoutant que « sans l’abandon de la rhétorique séparatiste et sans soumission à l’autorité centrale, on ne peut parler d’intégration ».Interrogé sur une éventuelle opération militaire turque contre les SDF, Güler a déclaré :« Nous ferons ce que nous avons à faire sans demander l’autorisation de qui que ce soit, exactement comme lors des opérations précédentes. »
Israël, la Grèce et la Méditerranée orientale
Le ministre s’est également exprimé sur le rapprochement militaire entre Israël, la Grèce et Chypre, affirmant que ces initiatives ne modifient en rien l’équilibre stratégique régional : « Le regroupement entre la Grèce, Israël et la Chypre grecque, ainsi que les accords signés entre eux, ne constituent pas une menace pour nous. » Il a ajouté que la Turquie entretenait des accords similaires avec de nombreux autres pays. Réagissant aux informations selon lesquelles la Grèce envisagerait de déployer des systèmes de défense aérienne israéliens sur des îles de la mer Égée, Güler a rappelé que ces îles bénéficient d’un statut démilitarisé en vertu du droit international.
Il a adressé un message acerbe à son homologue grec :« Ils ne devraient pas s’enthousiasmer outre mesure ; le ministre de la Défense Dendias ferait mieux de se concentrer sur les graves problèmes de ressources humaines de son armée plutôt que sur des programmes d’acquisition ambitieux. »
Güler a conclu en affirmant que la Turquie continuerait à défendre ses droits en Méditerranée orientale et à Chypre avec détermination, soulignant que « toute tentative d’exclure la Turquie ou d’ignorer ses droits légitimes est vouée à l’échec ».