Sciences et Tech

Derrière le piratage du téléphone de Bennett

Le piratage présumé du compte Telegram de l’ancien Premier ministre israélien illustre une nouvelle fois la vulnérabilité des responsables politiques face aux offensives cyber, mais surtout l’importance croissante de la guerre de l’information, l’enjeu central est clair : frapper les esprits, occuper l’espace médiatique et fragiliser symboliquement des figures publiques israéliennes.

3 minutes
18 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Derrière le piratage du téléphone de Bennett
Piratage du téléphone de Naftali Bennett, Photo : Avshalom Sassoni, Flash90

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Mercredi soir, le groupe de hackers iranien « Handala » a revendiqué l’opération, baptisée avec emphase « Opération Poulpe ». Naftali Bennett a d’abord démenti toute intrusion, avant de reconnaître, quelques heures plus tard, qu’un accès à son compte Telegram avait été obtenu « par différents moyens ». Les modalités exactes de l’attaque restent floues, mais les experts s’accordent sur un point : l’objectif principal n’était pas technique, mais psychologique.

« C’est moins une attaque cyber sophistiquée qu’une opération de guerre cognitive », analyse le Dr Yaniv Levanon, spécialiste de la guerre de l’information à l’Université de Haïfa. Selon lui, l’Iran cherche avant tout à humilier, à créer un effet de choc et à s’imposer dans les titres, dans le cadre d’une campagne de représailles informationnelles après les succès israéliens sur d’autres fronts.

Sur le plan technologique, plusieurs scénarios sont envisageables. Une véritable intrusion dans un iPhone reste possible, mais complexe. Plus vraisemblable, selon les spécialistes, une compromission indirecte : piratage d’un compte de sauvegarde, d’un ordinateur lié au téléphone, ou attaque par hameçonnage et ingénierie sociale. Dans ce type d’opération, les hackers n’ont pas besoin d’aller « jusqu’au bout ». L’impact médiatique suffit à atteindre leur objectif.

Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série inquiétante. Du piratage du téléphone de Benny Gantz en 2019 à la divulgation récente du numéro personnel du ministre de la Défense Israel Katz par des hackers turcs, les responsables israéliens sont devenus des cibles récurrentes. Le groupe « Handala », lié à l’appareil cyber offensif iranien, s’est imposé comme l’un des acteurs centraux de ces attaques depuis le début de la guerre.

Pour les experts, la leçon est claire : aucun système n’est totalement hermétique. Dès qu’un acteur cyber sérieux décide d’atteindre une cible et y consacre des ressources, cela peut prendre du temps, mais l’intrusion finit souvent par se produire d’où la nécessité d’un changement de paradigme chez les hauts responsables : partir du principe que l’information numérique finira par fuiter.

Concrètement, cela implique des mesures drastiques : utilisation de deux appareils distincts, dont l’un non connecté à Internet pour les informations sensibles, sécurisation renforcée des comptes, authentification à deux facteurs, et vigilance constante face aux messages, liens et appels suspects. La gestion de ce type d’incident relève du Shin Bet, en coordination avec le Centre national de cybersécurité et, le cas échéant, les unités chargées de la protection des personnalités.

Mais l’avertissement ne concerne pas uniquement les élites politiques. « La guerre dans le cyberespace et dans l’espace cognitif ne s’est pas arrêtée », souligne Levanon. « Nous sommes tous des cibles potentielles. » À l’ère des campagnes de désinformation et des attaques hybrides, la frontière entre sécurité nationale et sécurité individuelle devient de plus en plus ténue.

Dans le cas Bennett, le message iranien a été entendu, relayé et débattu. Preuve, s’il en fallait, que dans les conflits contemporains, la bataille de la perception vaut parfois autant que celle des systèmes informatiques.

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