Moyen-Orient

Israël–États-Unis : coordination étroite, lignes de fracture persistantes

La rencontre diplomatique qui a conduit à l’annulation de l’audience judiciaire du Premier ministre, ainsi que celle attendue à la Maison-Blanche d’ici la fin du mois, illustrent à la fois la solidité du lien israélo-américain et les divergences croissantes entre Jérusalem et Washington.

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8 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Israël–États-Unis : coordination étroite, lignes de fracture persistantes
Benyamin Netanyahou et l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU, Mike Waltz, au bureau du Premier ministre à Jérusalem, Photo : Maayan Toaff / GPO

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Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a rencontré ce matin, lundi, à Jérusalem l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU, Mike Waltz, ainsi que l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, Danny Danon. Étaient également présents l’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, et plusieurs responsables de haut niveau. Une réunion, qualifiée la veille d’« urgente » par Netanyahou, et qui a porté sur les évolutions de la scène internationale et sur la coordination stratégique entre Israël et les États-Unis, notamment dans les forums onusiens. Une qualification qui a suffi aux juges pour autoriser l’annulation de l’audience prévue, aujourd'hui, dans le procès du Premier ministre.

Un élément particulièrement remarqué figure dans les images diffusées à l’issue de la rencontre : à la droite de Netanyahou apparaissent non seulement Gil Reich, chef par intérim du Conseil de sécurité nationale, mais aussi l’homme d’affaires Michael Eisenberg, représentant personnel du Premier ministre auprès du commandement américain basé à Kiryat Gat. La présence d’Eisenberg dans ce cadre officiel constitue une apparition rare et symbolique.

À l’issue de la réunion, Waltz a reçu un briefing sécuritaire de hauts responsables militaires, dont le chef du renseignement militaire, le général Shlomi Binder. Il doit également rencontrer le président Isaac Herzog, se rendre au quartier général de Kiryat Gat, et s’entretenir avec la famille de Ran Guaily, dernier otage israélien toujours retenu par le Hamas. Ancien conseiller à la sécurité nationale et membre du cabinet du président Donald Trump, Mike Waltz est considéré comme l’un des responsables les plus favorables à Israël au sein de l’administration américaine.

Sur le fond, les divergences sont claires. Les États-Unis souhaitent annoncer rapidement le passage à la phase 2 de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages à Gaza. Israël, de son côté, insiste pour attendre le retour du corps de Ran Gvili, le dernier retenu à Gaza, avant toute transition politique.

Washington évoque un processus long et progressif de démantèlement du Hamas, tandis que Jérusalem exige un désarmement rapide et complet de l’organisation terroriste. En parallèle, Israël cherche à replacer la question du Liban et du Hezbollah au centre des discussions, avertissant que l’absence de progrès vers le désarmement du Hezbollah entraînera une action israélienne.

Les Américains peinent par ailleurs à constituer la Force internationale de stabilisation. Peu d’États acceptent d’envoyer des troupes, et ceux qui s’y déclarent prêts posent des conditions strictes : déploiement uniquement dans des zones « nettoyées » du Hamas, comme certaines zones pilotes de Rafah. À ce stade, seules l’Indonésie et l’Azerbaïdjan ont exprimé une disponibilité concrète, tandis que d’autres pays se limitent à former des forces étrangères sans envoyer leurs propres soldats. Selon les évaluations israéliennes, si le corps de Ran Gvili est restitué, l’annonce américaine sur le passage à la phase 2 pourrait intervenir très rapidement, même si sa mise en œuvre effective reste différée.

L’ambassadeur Danny Danon a souligné la portée politique de la visite : « La venue de Mike Waltz transmet un message clair : face aux menaces diplomatiques et sécuritaires, les États-Unis se tiennent aux côtés d’Israël. Notre coopération est vitale, en particulier en ce moment. »

Enfin, lors d’un discours prononcé la veille devant la conférence annuelle des ambassadeurs du ministère israélien des Affaires étrangères, Netanyahou est revenu sur ses récentes rencontres internationales et sur celle à venir avec Donald Trump. Il a qualifié les attaques du 7 octobre de « méga-attentat sécuritaire, politique et économique », affirmant qu’Israël avait été frappé par l’ensemble de l’axe iranien et qu’une décision immédiate avait été prise : reconnaître l’état de guerre et mobiliser près de 400 000 réservistes. « Ce que les réservistes ont accompli durant cette guerre suscite l’admiration du monde entier », a conclu le Premier ministre.

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