C’est un tournant majeur dans le paysage culturel israélien. Après des années de controverses autour des Ophir — accusés par le gouvernement d’être dominés par des cercles d’extrême-gauche et de récompenser des films hostiles aux soldats de Tsahal — le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, a annoncé la tenue des nouveaux Prix du Cinéma Israélien d’État. Selon ses déclarations, la première cérémonie devrait avoir lieu le 30 décembre au Binyanei HaOuma de Jérusalem, marquant l’ouverture d’une nouvelle ère pour l’industrie cinématographique du pays.
Cette initiative intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le ministère et l’Académie du Cinéma Israélien, organisatrice des Ophir. L’édition 2025 avait ravivé la polémique en récompensant un film perçu par Zohar comme une « provocation » et une trahison du récit national. Pour le ministre, il était temps de « redonner au cinéma israélien une plateforme véritablement représentative des valeurs du pays » et de mettre fin à ce qu’il décrit comme une instrumentalisation culturelle financée par l’État.
Les nouveaux Prix d’État doivent récompenser dix catégories — du meilleur film à la meilleure interprétation, en passant par le documentaire, la photographie et l’animation. Chaque lauréat recevra une dotation de 100 000 shekels, un geste présenté par Zohar comme un soutien direct à la création « enracinée dans la société israélienne ». Le ministère insiste sur une sélection plus large et « moins politisée », même si les modalités de jury et de participation n’ont pas encore été entièrement dévoilées.
Le projet suscite toutefois un vif débat dans le milieu culturel. Certains créateurs saluent l’idée d’une alternative « moins élitiste », tandis que d’autres expriment leurs inquiétudes quant à l’indépendance artistique et à la politisation inverse que pourrait engendrer un prix directement administré par le ministère. Plusieurs institutions culturelles soulignent également des flous juridiques, notamment autour du nom provisoire — « Israeli State Oscars » — susceptible d’entraîner des conflits de propriété intellectuelle.
Reste que pour le gouvernement Netanyahu, cette nouvelle cérémonie s’inscrit dans une stratégie plus large : affirmer une identité culturelle nationale affirmée, valoriser des productions considérées comme plus représentatives, et corriger ce qu’il perçoit comme un biais idéologique persistant dans une partie de l’industrie culturelle.
Si la date du 30 décembre est confirmée dans les prochains jours, Jérusalem accueillera donc une première édition hautement symbolique, qui pourrait bien remodeler durablement le rapport entre création artistique et institutions publiques en Israël.