Vie politique

Aharon Barak contre Netanyahou: ''Nous ne sommes désormais plus des citoyens mais des sujets''

Lors du congrès de l'Association du droit public, le juge Itshak Amit et l'ancien juge Aharon Barak ont eu des mots très durs envers le pouvoir en place.

3 minutes
4 décembre 2025

ParGuitel Benishay

Aharon Barak contre Netanyahou: ''Nous ne sommes désormais plus des citoyens mais des sujets''
Les juges Itshak Amit et Aharon Barak. Photo by Flash90

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Les tensions entre le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire sont à leur comble. Lors du congrès de l'Association du droit public, les juges Itshak Amit et Aharon Barak, actuel et ancien président de la Cour suprême, ont mené une attaque en règle contre le ministre de la Justice et le Premier ministre.

"La critique publique et institutionnelle est le souffle vital d'une société démocratique éprise de vie. Dans un véritable régime démocratique, aucune autorité n'est exemptée de critique et de contrôle de ses actions'', a commencé le juge Amit.

Il a ensuite dénoncé fermement l'attitude du ministre de la Justice Yariv Levin, qui refuse de le reconnaître en tant que président de la Cour suprême : "Une partie intégrante de cette campagne contre l'autorité judiciaire est le boycott que le ministre de la Justice pratique contre le président de la Cour suprême. En réalité, il ne s'agit pas d'un boycott contre moi, Yitzhak Amit, dans mes fonctions de président. Le boycott vise l'ensemble du système judiciaire et son rôle dans une société démocratique."

"Depuis environ un an et demi, le ministre boycotte le système judiciaire, et par là même prive le public israélien qui s'adresse aux tribunaux. Tout au long de cette période, j'ai appelé à plusieurs reprises le ministre à revenir à la table du dialogue et au chemin de la coopération'', a poursuivi le juge.

Itshak Amit a également émis des critiques sévères sur l'attitude du public qui vient assister aux audiences de la Cour suprême ces derniers mois et qui manifeste bruyamment son mécontentement face à l'attitude de l'autorité judiciaire: "Il est vrai que dans une démocratie, la justice doit être rendue et être vue comme étant rendue. Mais on ne peut accepter que le principe de publicité des débats soit détourné pour saper l'audience elle-même'', a-t-il dénoncé.

Après le juge Amit, c'est le président honoraire Aharon Barak qui a pris la parole. Il a eu des mots très durs envers le Premier ministre Netanyahou: "La notion d'État aux yeux du Premier ministre est perçue comme un 'État profond' qu'il faut combattre. L'esprit d'État et l'unité ont été remplacés par le partisanisme et la division. Le Premier ministre se considère habilité à donner des instructions à l'échelon exécutif sur la manière d'agir dans chacun des domaines. Les manifestants sont traités comme des délinquants. Je pense que nous ne sommes plus des citoyens, mais des sujets."

Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a vivement réagi aux propos du juge Itshak Amit, lui reprochant de piétiner les principes démocratiques en octroyant au pouvoir judiciaire des prérogatives qui ne sont pas les siennes et en protégeant les personnes qui appartiennent à sa ''caste'': ''Vous protégez Baharav Miara, mais Bitton, Bakshi et Ben Hamou ne sont pas valables à vos yeux''.

Le ministre conclut: ''Vous avez refusé tout compromis. Je me permets quand même de vous en proposer un nouveau: respectez la démocratie et je serai le premier à vous respecter''.