Vie politique

Le projet de loi Bismuth sur la conscription des Haredim soumis à la Knesset

Le texte est vivement critiqué par l'opposition et certains député de la coalition

3 minutes
27 novembre 2025

ParJohanna Afriat

Le projet de loi Bismuth sur la conscription des Haredim soumis à la Knesset
Manifestation d'orthodoxes contre la conscription Photo by Chaim Goldberg/Flash90

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Après de longs mois de tractations menées dans la plus grande opacité, le député Boaz Bismuth a déposé ce jeudi sa proposition de loi devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense, dont il assure la présidence. Les débats parlementaires devraient s'ouvrir dès la semaine prochaine.

Des quotas de recrutement progressifs

Le texte fixe des objectifs de conscription échelonnés sur cinq ans pour les étudiants de yeshiva : 8 160 recrues la première année, 6 840 la deuxième, 7 920 la troisième, puis 8 500 la quatrième année. À l'horizon de la cinquième année, au moins 50 % des diplômés des établissements d'enseignement Haredi devront effectuer leur service militaire.

L'âge d'exemption permettant d'échapper au service sans obligation de rester en yeshiva est fixé à 26 ans. La loi définit comme Haredi toute personne ayant étudié au moins deux ans dans un établissement religieux entre 14 et 18 ans.

Un arsenal de sanctions

Les étudiants de yeshiva refusant de se présenter au service ou n'obtenant pas d'exemption se verront privés de plusieurs droits jusqu'à 23 ans : permis de conduire, possibilité de quitter le territoire et bourses d'études. En cas de non-respect des quotas minimaux, d'autres avantages sociaux seront également supprimés, notamment l'accès aux programmes de logement subventionné, la prise en charge des frais de garde pour les tout-petits et les réductions sur les transports publics.

« Il s'agit d'une loi équilibrée, responsable et juste », a défendu le député Bismuth. « Cette loi n'a pas pour but de stabiliser une coalition, mais de stabiliser l'État. »

Le Parti sioniste religieux dans l'expectative

Jusqu'à la publication du texte, le Parti sioniste religieux avait maintenu le flou sur sa position, refusant de se prononcer tant que les détails n'étaient pas connus. Le parti exige une loi « effective » qui enclenche véritablement la conscription des orthodoxes. Selon des sources internes, il ne devrait pas accepter moins de 4 800 recrues la première année, sans pour autant fixer d'autres lignes rouges.

De son côté, le rabbin Dov Landau, figure de proue de la communauté lituanienne, a appelé les membres du groupe Degel Hatorah à soutenir l'examen du projet en commission. Leur vote définitif ne sera toutefois arrêté qu'après le dépôt complet du texte.

Yuli Edelstein (Likoud) qui a précédé Boaz Bismuth à la tête de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, a vivement critiqué le projet de loi : « En tant que responsable des efforts déployés ces deux dernières années pour élargir le vivier de recrues de Tsahal, je déclare avec un profond regret que ce projet de loi n’est pas une loi de recrutement. Après le terrible échec des opérations du 7 octobre, nous avons assuré au public que la situation avait évolué. Contrairement à la formulation que j’avais proposée, le projet de loi ne répond en rien aux besoins de Tsahal. Il s’agit d’une nouvelle mesure politique superficielle, et non d’une loi historique. Nous ne renoncerons pas. Nous nous battrons jusqu’au bout pour une véritable loi de recrutement. »

L'ancien Premier ministre Naftali Bennett s'est joint aux critiques, qualifiant le texte d'"antisioniste". « Il s'agit de la loi la plus antisioniste jamais promulguée dans l'histoire de l'État. C'est une déclaration de guerre du gouvernement contre chaque réserviste, chaque soldat de Tsahal et l'ensemble des citoyens en service. Concrètement, cette loi obligera tous les réservistes à effectuer désormais entre 100 et 120 jours de service de réserve par an. Nous ne laisserons pas passer cela. »

Même son de cloche du côté de l'ancien chef d'état-major et ancien député Gadi Eisenkot ainsi que celui d'Avigdor Liberman, chef du parti Israel Beitenou.