Sécurité

Où en est l’accord de cessez-le-feu ? Un point complet

C'est l’impasse : Washington s’impatiente, Israël refuse d’avancer sans le retour des deux derniers corps d'otages et redoute un "forcing'

5 minutes
26 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Où en est l’accord de cessez-le-feu ? Un point complet
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Le message de Jérusalem est clair : « Tant que tous les corps ne sont pas restitués, aucun autre aspect du plan n’avance. »

On n’a jamais été aussi proche d’entrer dans la phase B de l’accord, sous la pression croissante des États-Unis, mais Israël refuse catégoriquement d’avancer dans le cadre du plan en 20 points du président Donald Trump tant que tous les otages morts n’ont pas été restitués. Or, il en reste deux toujours retenus à Gaza. Sur le terrain, des recherches sont en cours, mais elles restent limitées — « des recherches à feu doux », résume une source israélienne au fait des discussions : « Ils peuvent faire plus d’efforts. Ils peuvent les retrouver. »

Israël maintient son refus d’ouvrir le passage de Rafah, de relever le niveau d’aide humanitaire et de négocier les retraits supplémentaires au-delà de la ligne jaune. La pression porte essentiellement sur le Hamas, car des indications existent quant à l’emplacement des corps des deux otages. Israël envisage même de proposer, via les médiateurs, une coopération directe pour les retrouver.

Des sources israéliennes évoquent une situation totalement bloquée et affirment que, si les dépouilles étaient rendues, Israël serait prête à ouvrir des discussions sur les volets liés à la reconstruction de Gaza, après plus de deux ans de guerre intense.

Autre point de blocage : les terroristes du Hamas retranchés dans les tunnels de Rafah.

Israël avait accepté d’autoriser les derniers terroristes du Hamas à quitter Gaza pour un pays tiers, mais aucun État n’a accepté d’en accueillir. Il en resterait encore quelques dizaines dans la zone. Certains tentent de sortir : quelques-uns ont été abattus, d’autres se sont rendus. Ce mercredi encore, quatre ont été tués en émergeant d’un tunnel.

Le Hamas a reconnu les blocages dans la poursuite de l’accord et, selon son porte-parole Hazem Qassem, « la phase B inclut des questions complexes nécessitant un consensus national avant de l’amorcer ».

Le casse-tête du futur ISF : Washington peine à recruter des soldats

Les États-Unis poursuivent leurs préparatifs pour la phase B, mais ils se heurtent à un obstacle majeur : la constitution de la force internationale de stabilisation. Très peu de pays arabes ou musulmans acceptent d’envoyer des milliers de soldats pour prendre le relais de Tsahal dans Gaza. L’Azerbaïdjan, d’abord favorable, a reculé — vraisemblablement sous la pression turque, Ankara souhaitant occuper elle-même ce rôle. Mais Israël s’oppose totalement à la présence de troupes turques ou qataries, pays qui hébergent les dirigeants du Hamas, mais accepterait en revanche des forces venues d’Azerbaïdjan ou d’Indonésie.

Depuis que le Hamas a annoncé qu’il ne coopérerait pas avec l’ISF, chaque pays comprend qu’un déploiement dans la bande de Gaza signifie des échanges de tirs avec le Hamas — et des pertes potentielles.

Selon une source israélienne, aucune avancée à ce sujet pour l’instant. Impossible de dire quand le premier soldat arrivera, et il lui faudra de toute façon une formation préalable.

Pressions américaines, frustrations israéliennes

Selon cette même source, si l’ISF ne parvient pas à désarmer le Hamas, Israël devra le faire elle-même. Or, le Hamas n’accepterait pour l’instant que de remettre ses armes lourdes, pas ses armes légères. Pour Israël, un désarmement partiel est exclu. Dans les coulisses, plusieurs idées circulent, comme intégrer certains membres du Hamas dans les futurs services de sécurité palestiniens à Gaza — hypothèse qui divise fortement.

Une question sensible surgit : que faire si Israël conclut qu’il n’a plus aucun moyen de localiser les deux derniers otages morts ? Un débat traverse l’establishment israélien, et la question a été évoquée en cabinet de sécurité. Les responsables admettent : « Le moment arrive où Israël ne pourra plus bloquer indéfiniment l’avancée du plan américain. »

Washington perd patience, Israël redoute un forcing

Les États-Unis empêchent Israël de prendre des sanctions directes contre le Hamas pour obtenir des informations sur les deux otages. Résultat : le Hamas gagne du temps, Israël ne peut pas agir, et la frustration grandit à Jérusalem. Le Hamas accuse Israël de violer l’accord, soutenu par la Turquie et le Qatar.

Des responsables israéliens estiment que Washington « perd lentement patience » et pourrait bientôt exercer une pression directe. Israël craint que, faute de progrès, les Américains exigent l’entrée de troupes turques dans Gaza — scénario jugé extrêmement préoccupant par Jérusalem, surtout alors que le Hamas regagne du terrain dans les zones qu’il contrôle encore.

L’aide humanitaire continue à affluer

Selon le coordinateur israélien -COGAT- et la cellule américaine à Kiryat Gat -CCMC-, depuis le début du cessez-le-feu plus de 16 600 camions d’aide sont entrés à Gaza et 199 cuisines communautaires fonctionnent, préparant environ 1,5 million de repas par jour. Israël gère les inspections et autorisations, tandis que la coordination humanitaire avec les Américains se poursuit.

La diplomatie régionale s’active : Le Caire, Ankara, Doha

Une réunion a eu lieu mardi au Caire entre le chef du renseignement égyptien Hassan Rachad, le chef du MIT turc Ibrahim Kalin et le Premier ministre du Qatar Mohammed al-Thani. Objectif : accélérer le passage à la phase B et renforcer la coordination avec les États-Unis. Ils ont également évoqué « la réponse aux violations commises par Israël ».

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