Le président libanais Joseph Aoun et son homologue chypriote Nikos Christodoulides ont signé à Beyrouth un accord historique de délimitation de la frontière maritime et de la zone économique exclusive -EEZ). Le texte, fondé sur la ligne médiane, officialise un arrangement conclu dès 2007 mais resté gelé pendant des années en raison des tensions internes au Liban et des pressions régionales, notamment turques.
La signature intervient dans un contexte régional transformé : Israël et Chypre ont déjà un accord maritime depuis 2010, Israël et le Liban ont conclu en 2022 leur propre délimitation, sous médiation américaine.
L’accord signé aujourd’hui complète donc le “triangle maritime” et offre une architecture juridique plus stable à l’Est méditerranéen, où les enjeux gaziers et énergétiques restent centraux.
Lors du cérémonial, les deux présidents ont insisté sur le potentiel d’un nouvel espace de coopération régionale, notamment dans l’énergie, évoquant même un projet de connexion électrique entre les deux pays avec l’appui de la Banque mondiale. Aoun a assuré que l’accord « n’est dirigé contre personne », tandis que Christodoulides l’a qualifié « d’étape stratégique » susceptible de renforcer la stabilité face aux tensions régionales persistantes.
Si Ankara fustige déjà un texte qui, selon elle, renforce la marge de manœuvre maritime de Chypre, certaines voix libanaises critiquent aussi la signature avant la délimitation avec la Syrie.
En pratique, cette clarification pourrait accélérer l’arrivée de compagnies énergétiques, notamment autour du Bloc 8 libanais, situé au carrefour des zones économiques libanaise, chypriote et israélienne.