Moyen-Orient

Comment le Hamas a utilisé les réseaux sociaux pour préparer le massacre du 7 octobre

Une enquête de Galei Tsahal révèle que plus de 2 500 agents du Hamas ont espionné près de 100 000 soldats israéliens sur les réseaux sociaux, reconstituant bases, procédures et failles opérationnelles. Une ingénierie du renseignement numérique qui a permis de préparer l’attaque du 7 octobre avec une précision glaçante.

3 minutes
23 novembre 2025

ParDelphine Miller

Comment le Hamas a utilisé les réseaux sociaux pour préparer le massacre du 7 octobre
Photo: Abed Rahim Khaatib/Flash90

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C’est un véritable séisme dans la compréhension du 7 octobre. Selon une enquête de Doron Kadosh (Galei Tsahal), le Hamas a construit, durant des années, une gigantesque machine de renseignement basée sur les réseaux sociaux des soldats de Tsahal. Son objectif : collecter des photos, des vidéos, des indications sur les bases, les véhicules blindés et les routines opérationnelles — et transformer ce flot d’informations en outils d’entraînement pour ses unités d’élite, les Nukhba.

Dès 2018, quelque 2 500 agents du Hamas suivaient méthodiquement près de 100 000 soldats israéliens. Beaucoup ne respectaient pas les règles de sécurité opérationnelle, publiant sans y penser TikToks depuis des bases, photos de cérémonies, vidéos d’entraînement ou extraits de procédures techniques. En recoupant ces contenus, même anodins, l’organisation terroriste a pu « reconstituer le puzzle » : positions des caméras, emplacement des issues, zones sensibles, fonctionnements internes des avant-postes et même les gestes des tankistes israéliens.

Cette collecte n’était pas limitée aux comptes publics. Le Hamas a créé de faux profils, de faux groupes WhatsApp et même de prétendus groupes de recrutement pour des unités combattantes israéliennes, afin de piéger des soldats et accéder à leurs contenus privés.

Les conséquences ont été dramatiques. Le Hamas a appris l’existence d’un bouton interne permettant de neutraliser temporairement un char Merkava — un élément normalement inconnu du public. À partir de là, l’organisation a conçu des répliques grandeur nature de chars israéliens, mis en place des simulateurs sophistiqués et entraîné ses hommes à en prendre le contrôle ou les immobiliser. Les Nukhba ont également utilisé des casques de réalité virtuelle pour s’exercer à pénétrer chaque avant-poste de la frontière de Gaza, grâce à des plans, cartes et modélisations en 3D achetées spécialement pour l’opération.

Au-delà du virtuel, le Hamas a construit de véritables maquettes physiques de bases israéliennes, dans lesquelles ses hommes s’entraînaient à répéter les scénarios d’infiltration — jusqu’à connaître certaines installations mieux que les soldats qui y servaient. Un officier de l’armée de l’air, interrogé par Kadosh après avoir vu les plans ennemis visant sa propre base, a confié : « Le Hamas connaissait cet endroit mieux que moi, alors que j’y ai servi des années. »

Les services de renseignement israéliens n’étaient pas complètement dans le noir. Ils savaient que le Hamas collectait des données sur les réseaux sociaux. Mais, selon un haut responsable cité par la radio militaire, « jamais nous n’avons imaginé que leur précision était si extrême ».

Cette enquête soulève des questions brûlantes sur la discipline sécuritaire à l’ère numérique et sur la guerre du renseignement social, devenue un champ de bataille moderne à part entière — dont le Hamas a su exploiter chaque faille pour préparer le massacre du 7 octobre.