Des dizaines de milliers de personnes ont convergé samedi soir vers la place Habima à Tel-Aviv pour exiger la création d'une commission d'enquête d'État sur les événements du 7 octobre. L'ensemble des chefs de l'opposition était présent : l'ancien Premier ministre Naftali Bennett, le président de l'opposition Yair Lapid, Avigdor Lieberman, Benny Gantz, Gadi Eisenkot et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. Familles endeuillées, réservistes et survivants du massacre ont également pris la parole.
Rafi Ben-Shitrit, père du sergent Roi Ben-Shitrit tombé au combat à Nahal Oz, a déclaré à la tribune : "Le 7 octobre, l'État a abandonné ses citoyens. Tant que la vérité restera cachée, les meurtres continueront et la souffrance persistera." Il a fermement rejeté la commission d'enquête mise en place par le gouvernement : "Nous ne consentirons pas et ne coopérerons pas avec cette ridicule, misérable et illégitime commission d'enquête politique. Une commission fabriquée de toutes pièces, sans aucune légitimité."
Noga et Yael Baram, dont le frère Neta est tombé à Nahal Oz le 7 octobre, ont exprimé les attentes de leur génération : "Nous sommes la génération future qui héritera de l'État. Nous voulons un État qui ait tiré les leçons de ses erreurs et les ait corrigées. Un État où règne la paix et la sérénité entre ses citoyens."
Le député et ancien ministre Yizhar Shai, qui a également perdu son fils ce jour-là, s'est montré particulièrement virulent : "Neuf ministres et fonctionnaires de ce gouvernement défaillant et en proie au désastre ont été chargés cette semaine de former le comité. Une bande de crétins qu'on appelle le 'Comité spécial d'enquête'."
Il a appelé tous les témoins potentiels à boycotter cette instance : "J'appelle tous ceux qui sont convoqués à témoigner devant ce Comité de la honte et de la dissimulation à refuser de comparaître. Nous ne cherchons pas la vengeance, mais la justice."
Le général de division (réserviste) Yonatan Shalev, fondateur de l'organisation "Katef al katef", a lancé un appel à la mobilisation : "Le destin a appelé ma génération à sauver le pays. Nous n'avons pas choisi de combattre. Mes frères n'ont pas choisi de perdre la vie. La jeune génération qui a sauvé le pays doit se lever. Si nous nous levons tous, ils seront obligés de nous écouter."
Tali Biner, rescapée du festival Nova, a résumé le sentiment de nombreux manifestants : "Je suis prisonnière de mensonges depuis deux ans. Nous sommes tous prisonniers. Y a-t-il un seul Israélien qui ne se soit pas demandé ce matin-là : 'Comment une chose pareille a-t-elle pu arriver ?'"
Elle a insisté sur la nature non partisane de la revendication : "Nous ne sommes pas l'ennemi du gouvernement, il ne s'agit pas de politique. Ne dites pas que c'est une guerre civile. Nous ne demandons pas une faveur. Nous exigeons que l'État assume son devoir de se regarder en face et de dire : 'Nous avons eu tort, nous avons échoué.'"