Sécurité

Gaza, le jour d'après : Israël entre deux options imparfaites

À la veille d’un vote crucial à l'ONU, Washington et Moscou avancent deux visions presque opposées : l’une veut remodeler la gouvernance de Gaza à travers un dispositif international inédit, l’autre préfère s’en tenir aux mécanismes existants de l’ONU, un seul point commun : replacer l’Autorité palestinienne au centre du jeu au grand dam d'Israël

2 minutes
16 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Gaza, le jour d'après : Israël entre deux options imparfaites
Sans crédit

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Les États-Unis soumettront demain, lundi, au Conseil de Sécurité de l'ONU, une résolution inspirée du plan en 20 points de Donald Trump, soutenue par plusieurs pays arabes et musulmans. Elle prévoit un cessez-le-feu durable, une force internationale de stabilisation et la création d’un « Conseil de la paix » chargé de superviser la reconstruction, les passages frontaliers, la sécurité et même la future administration civile de Gaza. Mais ce volontarisme américain se heurte à deux obstacles : la Russie, déterminée à s’y opposer, et la Chine, probablement hostile elle aussi. Un veto suffirait à torpiller la proposition.

Moscou défend, en miroir, un texte beaucoup plus prudent : pas de démantèlement du Hamas, pas de refonte institutionnelle, pas de nouvelles structures internationales. La Russie insiste sur l’unité territoriale avec la Judée-Samarie, sur le rôle exclusif de l’Autorité palestinienne et sur l’interdiction de toute modification territoriale ou démographique dans la bande de Gaza. Son projet privilégie le cadre multilatéral classique et fait l’impasse sur les initiatives américaines unilatérales.

Sur le volet sécuritaire, le fossé est encore plus net. Les États-Unis détaillent un mécanisme complet de démilitarisation : élimination des infrastructures du Hamas, destruction des tunnels, supervision internationale des frontières et éventuelle formation d’une police palestinienne. La Russie, elle, se contente de suggérer qu’une force internationale pourrait être envisagée sans rien préciser de ses missions ou de son mandat.

En matière de gouvernance et d’économie, l’écart se répète : Washington veut une administration transitoire internationale structurée et un vaste fonds fiduciaire géré par la Banque mondiale ; Moscou se limite à rappeler le besoin de reconstruire, sans feuille de route ni cadre financier.

Pour Israël, ces deux textes posent un dilemme : si l’initiative américaine s’aligne davantage sur ses objectifs militaires -démilitarisation de Gaza et affaiblissement du Hamas- elle réaffirme aussi la solution à deux États et prévoit le retour d’une Autorité palestinienne « réformée » à Gaza, deux pistes rejetées fermement par Jérusalem. Quant au texte russe, il évite d’évoquer le désarmement du Hamas et ignore les impératifs sécuritaires mis en avant par Israël.

Au final, Washington et Moscou s’accordent sur une idée : la guerre doit laisser place à une solution diplomatique. Mais leurs visions du « jour d’après » diffèrent à tel point que, pour Israël, aucune des deux ne coche vraiment toutes les cases.