L'Institut Yad Vashem a annoncé avoir recensé plus de 5 millions de noms de victimes de la Shoah dans sa Base de données centrale, franchissant ainsi le seuil de 80% des six millions de victimes. Cette étape marque l'aboutissement de sept décennies de recherches minutieuses visant à préserver la mémoire de chaque personne assassinée.
Accessible au public sur le site internet de Yad Vashem, cette base de données s'est constituée grâce à des témoignages, l'analyse de documents d'époque, et des collaborations avec des archives, lieux de mémoire et communautés juives du monde entier.
Selon les experts de l'institution, environ 250 000 noms supplémentaires devraient encore être recueillis dans les années à venir au prix d'efforts considérables, avant que le rythme ne ralentisse sensiblement. Toutefois, des centaines de milliers de noms ne seront jamais enregistrés, faute de traces de leur assassinat.
Pour accélérer ce travail titanesque, Yad Vashem recourt désormais aux nouvelles technologies, notamment l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique, afin d'analyser des centaines de millions de documents d'archives impossibles à traiter manuellement.
La principale source d'information reste la collection de pages de témoins, qui a permis de recueillir environ 2,8 millions de noms. Reconnue en 2013 comme collection Mémoire du monde par l'UNESCO, elle continue d'être alimentée aujourd'hui. S'y ajoutent des documents historiques variés : lettres personnelles, journaux intimes, archives nazies, listes de déportation, recensements, ainsi que des initiatives originales comme la recherche de noms sur les pierres tombales et les plaques commémoratives.
« Dans bien des cas, la page de témoignage portant le nom de la victime est tout ce qui reste d'une personne », explique le Dr Alexander Avraham, directeur de la base de données pendant plus de 37 ans, qui prend sa retraite cette année. « La plupart des victimes de la Shoah n'ont laissé aucune trace, encore moins une sépulture. Les pages de témoignage constituent donc des pierres tombales symboliques. Les Allemands nazis cherchaient non seulement à les assassiner, mais aussi à effacer jusqu'au souvenir de leur existence, et la base de données des noms ne le permet pas. »