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Selon le ministère turc de la Défense, « Israël possède l’armée la plus avancée du Moyen-Orient », Ankara ouvre son portefeuille

Face à la montée en puissance militaire israélienne, au retard pris dans la mise au point de son propre avion de chasse et au blocage américain sur la vente de F-35, la Turquie cherche à acquérir rapidement des systèmes de défense et des avions de combat auprès de ses alliés de l’OTAN

3 minutes
23 octobre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Selon le ministère turc de la Défense, « Israël possède l’armée la plus avancée du Moyen-Orient », Ankara ouvre son portefeuille
Istock

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Selon un haut responsable, Ankara cherche à acquérir rapidement des systèmes de défense et des avions de combat auprès de ses alliés de l’OTAN et d’autres pays partenaires, en attendant que son appareil national, le KAAN, soit opérationnel.

Objectif : combler le retard face à ses rivaux régionaux - Israël et la Grèce - dont les flottes aériennes se renforcent. Des frappes israéliennes récentes en Syrie, en Iran et au Liban auraient particulièrement inquiété Ankara, révélant, selon des sources militaires turques, « plusieurs vulnérabilités critiques » dans son dispositif aérien.

La Turquie, deuxième armée en effectifs de l’OTAN, souhaite éviter d’être distancée par Israël, décrit comme la puissance militaire la plus sophistiquée de la région, avec plusieurs centaines de chasseurs américains en service. La Grèce, quant à elle, doit recevoir ses premiers F-35 dans les trois prochaines années.

Pour y remédier, Ankara négocie un accord avec le Royaume-Uni et plusieurs partenaires européens pour l’achat de 40 avions Eurofighter Typhoon. Douze appareils d’occasion provenant du Qatar et d’Oman seraient livrés immédiatement, tandis que 28 avions neufs suivraient dans les années à venir. Le président Recep Tayyip Erdoğan doit aborder cette proposition lors de ses visites à Doha et Mascate, avant de recevoir à Ankara le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz.

Concernant les F-35, le dossier reste bloqué : Washington refuse toujours de livrer ces appareils à la Turquie en raison de l’achat par Ankara de systèmes russes S-400. Malgré l’absence de progrès lors de la rencontre entre Erdoğan et Donald Trump le mois dernier, Ankara espère que les bonnes relations personnelles entre les deux dirigeants — et le rôle de médiateur de la Turquie dans la trêve à Gaza — permettront de rouvrir la voie à une transaction.

Des sources proches du dossier évoquent même une « initiative présidentielle exceptionnelle » pour contourner les sanctions et relancer la coopération militaire avec les États-Unis. Le département d’État a d’ailleurs reconnu que le président Trump “connaît l’importance stratégique de la Turquie” et qu’il « cherche des solutions créatives » pour surmonter les différends en cours.

En attendant, Ankara admet que le développement du KAAN, son futur chasseur furtif national, prendra encore plusieurs années avant de pouvoir remplacer les F-16 vieillissants, qui forment aujourd’hui l’épine dorsale de son armée de l’air. Une situation jugée préoccupante : « Notre défense aérienne n’est pas encore au niveau souhaité », a reconnu un ancien officier turc, aujourd’hui député d’opposition.