Culture

Rare découverte archéologique à Jérusalem

Une première à Jérusalem : découverte d'une inscription assyrienne de l'époque du Premier Temple.

7 minutes
22 octobre 2025

ParGuitel Benishay

Rare découverte archéologique à Jérusalem
Photo: Eliyahu Yannai, City of David Foundation

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Un minuscule tesson de poterie extrêmement rare portant une inscription cunéiforme en langue akkadienne datant d'environ 2700 ans a été découvert lors de fouilles archéologiques près du Kotel, au nord de la Cité de David. Il s'agit d'une découverte extraordinaire et unique en son genre : la seule inscription assyrienne de l'époque du Premier Temple (VIIIe-VIIe siècles avant notre ère) jamais trouvée dans la ville.

L'inscription sera présentée au public pour la première fois ce jeudi 23 octobre, lors de la Conférence sur les nouvelles découvertes à Jérusalem et ses environs, organisée par l'Autorité israélienne des antiquités, l'Université hébraïque de Jérusalem et l'Université de Tel-Aviv, au Campus national Jay et Jeanie Schottenstein pour l'archéologie de la Terre d'Israël.

Cette rare découverte a été faite dans le cadre d'une fouille archéologique de l'Autorité israélienne des antiquités, en collaboration avec la Fondation de la Cité de David et dirigée par le Dr Ayala Zilberstein de l'Autorité israélienne des antiquités. Les fouilles se déroulent dans le parc archéologique Davidson de Jérusalem, géré par la Société pour la reconstruction et le développement du Quartier juif. L'inscription rare a été déchiffrée en collaboration avec le Dr Filip Vukosavović et le Dr Anat Cohen-Weinberger de l'Autorité israélienne des antiquités, ainsi qu'avec le Dr Peter Zilberg de l'Université Bar-Ilan.

Le minuscule fragment, d'environ 2,5 cm, a été découvert grâce au processus de tamisage humide effectué par « l'Expérience archéologique » dans le parc national d'Emek Tzurim – un projet conjoint de l'Autorité israélienne de la nature et des parcs et de la Fondation de la Cité de David. La découverte de cette trouvaille unique d'une telle importance historique lors d'une fouille archéologique scientifique organisée – garantissant ainsi son authenticité sans risque de contrefaçon, comme c'est toujours le cas pour les objets apparaissant sur le marché des antiquités – a suscité une grande émotion.

Moriah Cohen a décrit les moments de la découverte. « Je tamisais la terre et j'ai soudain remarqué un tesson avec une décoration étrange. En l'examinant de près, cela m'a semblé être du cunéiforme, mais cela paraissait totalement invraisemblable. Même si tant de découvertes fascinantes ont été faites ici au fil des ans, nous n'avions jamais, au grand jamais, trouvé quelque chose comme ça. Je l'ai examiné encore une fois. Après avoir déterminé avec certitude qu'il ne s'agissait pas d'une décoration, mais vraiment de cunéiforme, j'ai crié d'excitation. Tout le monde s'est précipité autour de moi et j'ai téléphoné à Ayala, la directrice des fouilles, qui était ravie. Pour moi personnellement, l'idée qu'après 2700 ans, je suis la première personne à toucher réellement cette poterie de mes mains est très excitante. C'est une découverte unique dans une vie. »

La pièce unique a été découverte dans de la terre qui avait été balayée au bord du canal de drainage central de la ville datant de la période du Second Temple, il y a environ 2000 ans. Vraisemblablement, cette accumulation appartenait à l'effondrement d'une structure antérieure de la période du Premier Temple, découverte dans une zone où le canal de drainage ultérieur n'était pas conservé, permettant ainsi l'accès à la couche antérieure.

Situé sur le versant oriental de la colline occidentale de Jérusalem, ce site fait partie des endroits les plus proches à l'ouest du complexe du Temple où des vestiges de la période du Premier Temple ont été trouvés dans leur contexte d'origine, un fait qui confère à cette découverte une grande importance pour comprendre le développement urbain et politique de la période.

La Dr Ayala Zilberstein, directrice des fouilles pour le compte de l'Autorité israélienne des antiquités, explique: « L'inscription fournit une preuve directe de la correspondance officielle entre l'Empire assyrien et le Royaume de Juda. La découverte renforce notre compréhension de la profondeur de la présence assyrienne à Jérusalem, et de l'étendue de son influence sur les affaires du royaume de Juda et de son implication dans leur conduite. De plus, elle enrichit nos connaissances sur le statut du nouveau quartier qui s'est développé à cette époque sur les pentes de la colline à l'ouest du Temple. Il semble que cette zone ait servi de point focal pour les activités de ministres de haut rang et de personnalités importantes. »

Dr Ayala Zilberstein. Photo: Emil Aladjem, Israel Antiquities Authority

Le Dr Peter Zilberg et le Dr Filip Vukosavović estiment que le fragment de l'inscription faisait partie d'un sceau royal inscrit – une empreinte de sceau destinée à sceller une lettre ou une dépêche officielle au nom de la cour royale assyrienne. « Les bulles ou sceaux de ce type portaient une empreinte parfois accompagnée d'une courte inscription en écriture cunéiforme assyrienne indiquant le contenu de la dépêche ou sa destination. Ceux-ci diffèrent par la taille et la forme des empreintes locales judéennes », expliquent les assyriologues.

L'analyse du fragment d'inscription et de son contenu renforce l'hypothèse selon laquelle le document scellé concerne un retard de paiement d'une taxe ou d'une autre obligation. L'inscription spécifie une date d'échéance – le premier du mois d'Av, dans un calendrier partagé entre la Mésopotamie et Juda. En outre, elle mentionne explicitement un officier de char, « celui qui tient les rênes », en termes assyriens. Ce titre indique une personnalité de haut rang, responsable de transmettre des messages officiels au nom de la maison royale. Une telle figure est effectivement bien connue des archives administratives assyriennes.

Bien que le fragment d'inscription ne mentionne pas explicitement le nom du roi de Juda auquel l'envoi était destiné, son contexte chronologique et le texte partiel permettent de supposer qu'il a été envoyé à la cour du roi Ézéchias, de Manassé ou au début du règne de Josias, période durant laquelle Juda était un royaume vassal de l'Assyrie. Des objets de ce type servaient de moyen de communication entre les émissaires du gouvernement assyrien et les dirigeants de Juda, transmettant des instructions officielles et des demandes fiscales.

« Bien que nous ne puissions pas déterminer le contexte de cette demande, qu'elle découle d'un simple retard technique ou qu'elle ait été considérée comme une démarche délibérée ayant une signification politique, l'existence même d'un tel appel officiel semblerait attester d'un certain point de friction entre Juda et le gouvernement impérial », affirment les chercheurs. L'une des pistes de recherche examinées est que l'empreinte du sceau royal a été envoyée à Juda à l'époque de Sennachérib, roi d'Assyrie. Cette suggestion relève les caractéristiques de l'inscription et sa datation du règne de ce roi ou de l'un de ses descendants, faisant peut-être écho à un récit de révolte fiscale, comme la description biblique de la rébellion d'Ézéchias contre Sennachérib, rapportée dans le Deuxième Livre des Rois (18:7) : « Et il se rebella contre le roi d'Assyrie, et ne le servit point. »

Une analyse pétrographique de la bulle a indiqué qu'elle n'a pas été produite à Jérusalem, mais qu'elle y a été envoyée de loin, très probablement depuis l'un des centres administratifs d'Assyrie tels que Ninive, Assur ou Nimrud/Kalhu.

Pour le ministre du Patrimoine, Amihaï Eliahou : « La découverte de l'inscription assyrienne de l'époque du Premier Temple au cœur même de Jérusalem est une preuve impressionnante du statut de la ville en tant que capitale du Royaume de Juda il y a quelque 2700 ans, et de la profondeur de ses liens avec l'Empire assyrien, exactement comme le décrit la Bible. Cette rare découverte illustre, une fois de plus, nos racines profondes à Jérusalem, qui est le centre spirituel et national du peuple juif. »