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Tribune - Le paradoxe d'Israël

Une incohérence profonde et déconcertante dès lors qu'il s'agit d'Israël et qui conduit souvent à de véritables absurdités où l'aberration rivalise avec l'obscénité.

4 minutes
21 octobre 2025

ParDaniel Saada

Tribune - Le paradoxe d'Israël
Photo by Tsafrir Abayov/Flash90

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Le rapport du monde à Israël est caractérisé par un véritable paradoxe. Une incohérence profonde et déconcertante dès lors qu'il s'agit d'Israël et qui conduit souvent à de véritables absurdités où l'aberration rivalise avec l'obscénité. Pour exemple, cette tendance actuelle en vogue en particulier chez les responsables de LFI de se réjouir de la libération des "otages" palestiniens quand ils évoquent les milliers de terroristes sanguinaires libérés par Israël en échange des otages capturés et kidnappés par le Hamas ayant subis les pires sévices et tortures tout au long de leur captivité dans les tunnels de la terreur.

Mais revenons au paradoxe que j'évoquais qui aveugle le discernement des médias, des chancelleries diplomatiques, de l'ONU et de toutes les ONG dès qu'il s'agit d'Israël.

Vous connaissez bien évidemment l'adage populaire selon lequel "les ennemis de mes ennemis sont mes amis" mais quand il s'agit d'Israël, il ne s'applique pas. Cela devient également des ennemis.

En voici la démonstration :

En livrant la guerre au Hamas, au Djihad islamique et leurs acolytes, Israël se pose en défenseur de tous ceux qui sont la cible de l'islamisme radical, qui a frappé aveuglément de la même manière à New York, à Londres, au Bataclan et partout ailleurs dans le monde.

Israël est l'avant-garde de cette lutte acharnée des Lumières contre l'obscurantisme. En éliminant le Hamas, Israël offre pour la première fois une véritable chance de paix à Gaza mais surtout désamorce une bande de terre qui était devenue l'antichambre de la terreur au Moyen-Orient.

Mais c'est Israël qu'on condamne et qu'on accuse de commettre un génocide à Gaza….

Israël a décapité le Hezbollah, lui a porté un coup sévère et détruit une part substantielle de son infrastructure terroriste qui menaçait bien évidemment Israël mais également minait depuis de très longues années la capacité du Liban à se construire et se développer en tant qu'Etat indépendant. Les explosions du port de Beyrouth à l'été 2020 n'en sont qu'un tout petit exemple.

Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile au début des années 90, les responsables libanais évoquent enfin la perspective d'un Liban libre et véritablement indépendant…

Mais c'est Israël que l'on accuse régulièrement d'agresser le Liban et de violer sa souveraineté.

Et du Liban à la Syrie, car qui a remercié Israël pour avoir, comme au billard à trois bandes, en percutant le Hezbollah et ses commanditaires iraniens  permis la chute du pire régime qui soit, celui de Bachar El Assad? Un régime qui a assassiné et massacré des centaines de milliers de ses concitoyens y compris en ne répugnant pas à faire l'usage d'armes de destruction massives. Plus de 300 attaques à l'arme chimique contre des civils ont été comptabilisées au cours de la guerre civile syrienne.

Mais c'est Israël que l'on accuse d'avoir déstabilisé la Syrie….

"Un peuple dressé comme un félin" – Am Kélavi, c'était le nom de code des opérations menées en juin dernier par Israël pour empêcher l'Iran d'atteindre le seuil irréversible de puissance nucléaire. Une menace qui pèse bien évidemment sur Israël mais sur l'ensemble du monde libre, la preuve étant la mobilisation diplomatique de toute la communauté internationale, de l'ONU, de l'Europe, de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique et autres acteurs pour essayer, en vain, de trouver une solution négociée avec les Mollah de Téhéran. Ils ne l'ont pas fait par égard pour Israël mais bien parce qu'ils savent que la menace d'un Iran nucléarisé pèsera également sur eux.

Même si le programme nucléaire iranien n'a pas été entièrement détruit, une immense partie de ses infrastructures a été gravement endommagée en même temps que ses capacités balistiques. Mais surtout, l'Iran a reçu et compris le message essentiel que nous lui avons transmis par la force : nous n'accepterons jamais de leur permettre d'accéder à l'arme nucléaire et faire peser sur nous une menace existentielle.

Ce sont toutes les démocraties qui doivent nous rendre hommage.

Combien d'entre elles l'ont fait ? Je vous laisse deviner la réponse.

Nous luttons contre les Houthis, cette milice pro-iranienne du Yémen qui nous a déclaré la guerre, nous agresse sans raison et sans cesse en tirant des missiles balistiques sur nos villes et nos civils mais qui sont également responsables de la guerre civile du Yémen qui a provoqué, selon l'ONU, près de 400,000 morts et installé dans le pays une famine sans précédent touchant des centaines de milliers de personnes.

Ils agressent et bombardent régulièrement les navires marchands en mer Rouge et dans le Golfe d'Eden où près de 30% du commerce de conteneurs mondial évolue.

C'est Israël qui est à la pointe du combat contre ces terroristes. C'est Israël que l'on devrait féliciter et remercier. Qui le fait ?

Là aussi, je vous laisse deviner la réponse.

Daniel Saada était ambassadeur d'Israël en France