« Je ne dors pas, tout est fou, mais le sourire est revenu. J’attends qu’il rentre, que je puisse le serrer, l’embrasser, le sentir. C’est tout ce que je veux », confie Ofir, qui vit depuis deux ans entre espoir et cauchemar : vidéos, rumeurs, faux messages du Hamas — une guerre psychologique interminable.
« On a tout traversé : les sélections, les appels, les images de souffrance. Je l’ai vu à l’agonie. Rien n’est plus dur que de voir son enfant mourir lentement et de ne rien pouvoir faire. Deux ans sans sourire. Deux ans sans respirer. »

« Rien n’est plus dur que de voir son enfant mourir lentement et de ne rien pouvoir faire »
Il dit qu’il n’y croyait plus : « Il y a eu tellement de fausses alertes, de manipulations. Dernièrement, certains médias saoudiens parlaient d’une rupture de contact avec deux otages, dont Rom. C’était insupportable. Mais au fond, j’ai senti qu’il était vivant. »
Quand il rentrera, poursuit Ofir, « Je ne veux pas lui parler. Pas tout de suite. Pas besoin de mots. Un câlin, un baiser, son odeur, et ça suffira. Après, on verra. Peut-être qu’on partira quelque part, je ne sais pas… D’abord qu’il se repose, qu’il retrouve un peu d’air. Moi aussi, je suis vidé. Nous tous. Et surtout, on s’occupera de lui, quoi qu’il en coûte. »
Ce soir, Ofir préparera quelques affaires pour Rom : « On nous a dit de préparer un sac pour eux. Je ne sais pas quoi mettre. Peut-être un t-shirt, une photo, quelque chose de normal. Ce mot-là, “normal”, je ne sais même plus ce qu’il veut dire. »
Dans cette attente suspendue, Ofir refuse de parler politique. Il se contente de remercier ceux qui ont soutenu les familles, ceux qui, dit-il, ont simplement fait leur devoir : « Je ne veux pas de vengeance. Je veux juste mon fils. Qu’il rentre. Et qu’on puisse, enfin, sourire tous les deux. »