Sécurité

La balle est dans le camp du Hamas, Ankara entre dans la boucle

Une réunion décisive se tient en ce moment à Doha avec des représentants du mouvement terroriste, moins de 24 heures après que Benyamin Netanyahu a donné son feu vert au plan présenté par Washington.

3 minutes
30 septembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

La balle est dans le camp du Hamas, Ankara entre dans la boucle
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Une rencontre décisive se tient aujourd’hui à Doha avec des représentants du mouvement palestinien. Le Qatar, qui a repris son rôle de médiateur, accueille cette réunion au lendemain des excuses présentées par Benyamin Netanyahu pour les frappes de Tsahal à Doha. L’enjeu est de taille : parvenir à un accord qui mette fin aux hostilités et permette la libération des otages, tout en limitant les risques d’une reprise des combats et en définissant la composition d’un pouvoir transitoire à Gaza.

Une source informée a déclaré que le Hamas et d’autres factions palestiniennes « tendent à accepter le plan Trump » et qu’ils transmettront leur réponse aux médiateurs dès demain.
En parallèle, un responsable palestinien interrogé par Sky News Arabia a indiqué que si le Hamas examine sérieusement le texte, il a exprimé de fortes réserves : certains dirigeants ont qualifié la proposition de « déclaration de défaite ». Le Hamas aurait demandé au Qatar des clarifications, notamment des garanties contre une reprise des hostilités et des assurances de sécurité pour ses dirigeants à l’étranger. Le Qatar exercerait des pressions pour amener le mouvement à accepter l’accord.

Les points du plan difficiles à accepter pour le Hamas :

  • Désarmement complet et démantèlement des infrastructures militaires : destruction définitive des tunnels, des ateliers et des capacités de production d’armement, sans possibilité de reconstruction, et sous supervision extérieure indépendante. C’est, selon les observateurs, la « grenouille » la plus dure à avaler.

  • Exclusion du Hamas du gouvernement intérimaire : le mouvement et ses branches seraient exclus de la direction transitoire. Même si le Hamas s’est dit ouvert à la création d’un gouvernement technocratique proposé par l’Égypte, ce point reste explosif.

  • Déploiement immédiat d’une force internationale de stabilisation : présence étrangère sur le terrain pour remplacer les structures sécuritaires du Hamas, ce qui menacerait directement son autorité.

  • Libération de tous les otages dans les 72 heures suivant l’application du plan : une exigence jugée intenable par le Hamas, qui préfère un processus graduel afin de conserver des leviers de négociation.

Un haut responsable du Hamas, Taher al-Nunu, a réaffirmé la ligne du mouvement : « Tant qu’il y a occupation, il y a droit à la résistance armée. Le recours aux armes n’est pas un luxe, il est destiné à protéger le peuple palestinien et à restaurer ses droits. » Il a ajouté que si l’occupation prenait fin et qu’un État palestinien voyait le jour, le recours aux armes deviendrait obsolète.

Une source proche du Hamas a qualifié le plan de Trump d’« accord unilatéral », estimant qu’il impose des sacrifices au peuple palestinien sans contrepartie réelle ni garantie d’une fin durable de l’occupation. Dans la bande de Gaza, d’autres voix appellent à la prudence, rappelant que les annonces médiatiques peuvent servir à déstabiliser l’opinion et semer la division.

Après la déclaration conjointe de Donald Trump et de Benyamin Netanyahou à la Maison-Blanche, le ministère des Affaires étrangères qatari a confirmé que la Turquie se joignait aux efforts de médiation entre Israël et le Hamas. Cette initiative qataro-turque survient alors que plusieurs capitales restent attentistes.