La Slovénie a annoncé jeudi qu’elle considérait le Premier ministre Benjamin Netanyahou comme « persona non grata » et qu’elle interdisait officiellement son entrée sur son territoire. Cette décision s’ajoute à une série de mesures hostiles prises par Ljubljana depuis le début de la guerre à Gaza. Déjà, les ministres Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich avaient été frappés d’une interdiction similaire.
Le Premier ministre slovène Robert Golob justifie ces décisions comme un signal politique. Dès mai 2024, sa coalition avait reconnu officiellement l’État palestinien, une première étape symbolique qui avait été accompagnée de la levée du drapeau palestinien aux côtés du drapeau national sur les bâtiments officiels de Ljubljana. En août dernier, la Slovénie était allée plus loin en annonçant un embargo total sur les exportations, importations et transferts d’armes à destination ou en provenance d’Israël – devenant ainsi le premier pays de l’Union européenne à franchir ce pas.
Selon le gouvernement slovène, il s’agit d’une mesure « indépendante » destinée à pallier « l’inaction de l’Union européenne ». Ljubljana accuse Israël d’empêcher systématiquement l’acheminement de l’aide humanitaire et affirme qu’il est du devoir de tout État « responsable » de réagir, même en devançant ses partenaires.
À Jérusalem, la réaction avait été cinglante. Israël Katz, alors ministre des Affaires étrangères, avait dénoncé une décision « qui récompense le Hamas pour le massacre et les viols du 7 octobre », accusant la Slovénie de renforcer l’axe iranien et de briser l’amitié traditionnelle entre les deux pays. De son côté, le Hamas avait immédiatement salué la reconnaissance slovène de la Palestine comme un « soutien à la lutte de notre peuple pour la libération et l’indépendance ».
Un responsable israélien avait relativisé l’impact concret de l’embargo slovène, soulignant que l’État hébreu « n’achète rien » à la Slovénie en matière de défense : « C’est une mesure pour la galerie médiatique, sans portée réelle », avait-il affirmé.
La décision d’interdire désormais l’entrée à Netanyahou marque cependant une escalade symbolique majeure, plaçant Ljubljana à l’avant-garde de l’opposition européenne à Israël en pleine guerre contre le Hamas.