International

Contrer les Houthis

Idriss al-Zoubaïdi, leader du Sud yéménite, propose la création d’un État indépendant capable d’établir des relations officielles avec Israël et de rejoindre les accords d’Abraham

3 minutes
25 septembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Contrer les Houthis
Sans crédit

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Tsahal a frappé à plusieurs reprises des cibles houthis au Yémen, principalement à Sanaa et au port de Hodeïda, contrôlés par les rebelles. Les Houthis, de leur côté, poursuivent leurs tirs de missiles et de drones vers Israël, le dernier ayant frappé hier la ville d’Eilat et fait 22 blessés.

Dans ce contexte, Idriss al-Zoubaïdi, président du Conseil du Sud yéménite, place Israël au cœur de sa vision pour l’indépendance du Sud. Dans un entretien avec The National, il affirme que la proclamation d’un État indépendant permettra l’établissement de relations officielles avec Jérusalem et que l’adhésion aux accords d’Abraham deviendra un pilier pour la stabilité régionale après la guerre à Gaza.

Al-Zoubaïdi, également vice-président du Conseil présidentiel yéménite, explique que toutes les conditions pour la création d’un État du Sud sont réunies et qu’une séparation d’avec le Nord permettra au Sud de définir sa politique étrangère de manière autonome, y compris la possibilité d’adhérer aux accords d’Abraham : « Avant les événements à Gaza, nous progressions vers ces accords. Si Gaza et la Palestine retrouvent leurs droits, ces accords seront essentiels pour la stabilité régionale. Avec un État du Sud, nous prendrons nos décisions nous-mêmes et je suis convaincu que nous en ferons partie. »

Le Sud yéménite pourrait ainsi devenir un allié stratégique pour Israël : contrôle des ports, des raffineries et des voies maritimes du détroit de Bab el-Mandeb, frein à l’influence iranienne dans la région, renforcement de la sécurité maritime en mer Rouge et tampon face aux groupes terroristes internationaux.

Le Yémen demeure officiellement unifié aux yeux de la communauté internationale, mais le pays est de facto divisé entre Nord et Sud. Entre 1967 et 1990, il existait deux États distincts : la République arabe du Nord et la République démocratique populaire du Sud. En 1990, les deux entités ont été réunies, mais en 2014 les Houthis ont pris le contrôle de Sanaa, entraînant une guerre civile qui a déplacé plus de 4,5 millions de personnes. Un cessez-le-feu a été conclu en 2022, mais les tensions persistent.

Istock

Depuis 2015, une coalition dirigée par l’Arabie saoudite intervient militairement pour freiner l’avancée des Houthis vers le Sud, mais ces derniers poursuivent leurs attaques, notamment contre l’Arabie saoudite et les navires en mer Rouge. Les frappes américaines ont été stoppées en mai dernier, transférant la responsabilité à Israël, qui a de nouveau ciblé plusieurs positions et dirigeants houthites cette année sans que cela ne semble les affaiblir

Le Conseil du Sud, basé à Aden, dispose de trois sièges au sein du Conseil présidentiel yéménite. Al-Zoubaïdi critique la gestion du président Rashad al-Alimi, soutenu par l’Arabie saoudite, et a signé récemment onze décrets nommant de nouveaux gouverneurs dans le Sud, provoquant des tensions avec Riyad et Washington. Le Sud souffre de crises persistantes : coupures d’électricité, salaires impayés et difficultés à exporter le pétrole en raison des attaques houthistes sur les pétroliers. Cette dépendance économique vis-à-vis de l’Arabie saoudite limite l’autonomie régionale.

Selon al-Zoubaïdi, un État du Sud fonctionnel, avec banques, raffineries et ports opérationnels, pourrait devenir un acteur prospère et stabilisateur pour l’Occident, sécuriser les routes maritimes stratégiques du détroit de Bab el-Mandeb, contenir l’expansion houthiste et l’influence iranienne, et constituer un tampon contre Al-Qaïda.

Tags