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Journaliste saoudien : « la reconnaissance d’un État palestinien pourrait avoir des conséquences positives »

L'ex-directeur général de la chaîne Al-Arabiya se félicite du plan diplomatique franco-saoudien, fustige le Hamas et salue une dynamique historique qui pourrait aboutir à la reconnaissance d’Israël et à la fin de quatre-vingts ans de conflit, de chaos et de haine

3 minutes
24 septembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Journaliste saoudien : « la reconnaissance d’un État palestinien pourrait avoir des conséquences positives »
Abd al-Rahman al-Rashad, réseaux sociaux, sans crédit

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Abd al-Rahman al-Rashad, journaliste saoudien et ancien rédacteur en chef du quotidien Asharq Al-Awsat ainsi que du magazine Al-Majalla, et ancien directeur général de la chaîne Al-Arabiya, a publié un article dans lequel il exprime son analyse sur la reconnaissance d’un État palestinien, la conduite du Hamas et d’Israël, ainsi que sur l’avenir du conflit.

Dans son article, al-Rashad évoque un « tsunami historique de reconnaissances » de l’État palestinien et critique l’idée selon laquelle cette vague serait une conséquence directe de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qu’il qualifie de « distorsion de la réalité ».

Il explique : « Benyamin Nétanyahu présente la reconnaissance et la solution à deux États comme un “cadeau au Hamas” pour influencer l’opinion publique israélienne et embarrasser l’administration américaine. Les extrémistes du Hamas, eux, prétendent que cela découle du 7 octobre. En réalité, c’est exactement l’inverse. Le Hamas a lancé son attaque massive pour saboter le projet de “solution à deux États”, négocié par l’Arabie saoudite avec l’administration du président américain Joe Biden. »

Al-Rashad souligne que l’attaque du 7 octobre visait, entre autres, à perturber un accord entre Washington et Riyad : « À cette époque, les États-Unis conditionnaient la signature d’un accord de sécurité avec l’Arabie saoudite à la reconnaissance d’Israël, et Riyad proposait en échange l’établissement d’un État palestinien. Quelques mois plus tard, le Hamas a lancé son attaque massive, sachant qu’elle déclencherait une réaction militaire israélienne et saboterait les négociations. »

Il ajoute que la décision du Hamas, à l’instar des Houthis et du Hezbollah, trouve son origine à Téhéran, déterminé à empêcher toute avancée politique qui pourrait nuire à son influence régionale : « Le Hamas, avec l’axe iranien, a un long historique de sabotage de tout processus de paix qui contredit les ambitions des extrémistes israéliens. Ils s’opposent également à tout projet politique susceptible de conduire à la création d’un État palestinien. »

Al-Rashad critique également la conduite du Hamas au fil des années : « Le Hamas a saboté la “feuille de route” en 2003 avec deux attentats contre des autobus qui ont fait quarante morts israéliens. Il a de nouveau perturbé la conférence d’Annapolis en 2007, puis le plan de paix de Trump en 2020 avec trois attaques séparées. »

Concernant la récente vague de reconnaissances de l’État palestinien par des pays européens, il écrit : « Un duel diplomatique s’est installé entre deux projets : celui de Nétanyahu visant à éliminer la question palestinienne par le biais d’un annexion de la Cisjordanie et le soutien des États-Unis, et le projet saoudien, soutenu par la France, qui cherche à mobiliser un appui international pour la création d’un État palestinien. Résultat : 151 pays ont reconnu la Palestine comme un État. »

Il se réjouit du succès diplomatique saoudien et français, notamment avec la reconnaissance de la Palestine par la Grande-Bretagne, la France, le Canada et l’Australie : « C’est une réussite spectaculaire. Mais il faut rester prudent : ces succès historiques ne sont que le début. Ils provoqueront la colère d’extrémistes arabes et israéliens, qui chercheront à créer le chaos et à faire échouer la route vers un État palestinien. »

Enfin, al-Rashad conclut : « Nous vivons une nouvelle étape. La majorité des Palestiniens et des Arabes croient désormais en la solution à deux États, ce qui implique explicitement la reconnaissance d’Israël et la fin de quatre-vingts ans de conflit, de chaos et de haine. C’est une avancée majeure, mais elle ne sera pas facile à atteindre. Le projet saoudien nécessitera probablement le soutien des États-Unis et l’adoption de l’idée par Washington, auquel cas le président Trump pourrait légitimement prétendre à un prix Nobel de la paix. »