« Benyamin Netanyahu n’en revient pas. Il a l’impression que le monde lui envoie des missiles qu’il ne peut contrer : des frappes qui s’abattent sur sa folie meurtrière, ses rêves irréalistes et ses chimères d’un autre temps. Il n’en croit pas ses oreilles. Même en envoyant ses avions de chasse, il n’arrive pas à faire taire la communauté internationale. Jamais Israël n’avait subi un tel déluge de coups diplomatiques.» se félicite le rédacteur en chef Ghassan Charbel. Une question douloureuse hantera son héritage affirme-t-il : « Est-ce lui, par son aventurisme et ses crimes, qui aura réveillé la conscience mondiale ? Le monde ne pouvait plus fermer les yeux sur Gaza : tours d’habitation dynamitées, maisons qui s’effondrent sur leurs habitants, tentes en flammes, cadavres d’enfants, distributions alimentaires traîtresses, déplacements forcés à répétition.»
« Même en déchaînant la force, poursuit le rédacteur, on ne peut pas anéantir tous les habitants, détruire tous les foyers ou déraciner tous les arbres. Les rêves des opprimés sont plus puissants que les missiles. Ils s’enracinent dans les yeux d’un enfant, y restent cachés, et finissent par rejaillir. Contrairement à l’idée reçue, le monde n’a pas un cœur de pierre et son indifférence n’est pas éternelle. À New York, il s’est réuni pour défendre les principes fondateurs des Nations unies et pour sécher les larmes du secrétaire général António Guterres.»
La question palestinienne dépasse la Palestine soutient le journaliste : « Elle concerne tout le Moyen-Orient, pour qui elle reste une plaie ouverte. Israël a tenté de nier cette blessure et d’effacer le droit du peuple palestinien à disposer de son territoire. Nétanyahu a exploité le “déluge de Sinouar” — le massacre du Hamas le 7 octobre 2023 — pour tenter d’effacer Gaza de la carte et s’attaquer à la "Cisjordanie", mais la conférence internationale sur la solution à deux États, coprésidée par l’Arabie saoudite et la France, a rebattu les cartes. Riyad a mis tout son poids dans la balance, et les reconnaissances de l’État palestinien s’enchaînent, notamment de la part des grandes puissances européennes. C’est une réponse internationale au projet israélien d’ensevelir la cause palestinienne sous les gravats de Gaza.»
Pour des pays longtemps habitués à soutenir Israël ou à détourner le regard devant ses crimes, reconnaître que la seule issue au conflit israélo-palestinien et à l’instabilité régionale passe par la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël n’est pas un mince exploit se réjouit Ghassan Charbel :« L’État palestinien est la clé. Il est la seule voie pour ramener Israël à l’intérieur de ses frontières, réduire ses opérations militaires, désamorcer son hubris régionale et éteindre le feu des guerres incessantes. Qu’importe l’attitude actuelle des États-Unis : ils finiront par comprendre qu’il n’existe pas d’autre solution pour concilier droits des Palestiniens et sécurité d’Israël, grâce au poids du monde arabe et au soutien international à la solution à deux États. Cette bataille diplomatique demandera du temps et de la patience, mais elle est indispensable pour sortir du cycle des guerres et des horreurs. Ce qui se joue à New York n’est que le début. Entre la reconnaissance formelle de l’État palestinien et son existence effective sur le terrain, des batailles déchireront la société israélienne, les rangs palestiniens et les capitales internationales, notamment Washington.»
Et le rédacteur en chef de conclure : « Le monde a envoyé un message clair : l’avenir des peuples ne se construit pas avec des missiles, mais en respectant le droit international. Il faut maintenant contraindre Nétanyahu à accepter un cessez-le-feu, puis à engager des négociations sur les frontières et les garanties de sécurité mutuelle. Israël n’a d’autre choix que de tourner la page de la politique suicidaire de son Premier ministre. Les Palestiniens, eux aussi, doivent s’engager pleinement dans cette bataille pour une solution à deux États, en accord avec le droit international. Pour sortir du tunnel, des décisions difficiles seront nécessaires, mais l’objectif d’un État doit primer sur les querelles entre factions.»