La projection du documentaire « The Road Between Us », consacré au 7 octobre, s’est déroulée mercredi soir au Festival international du film de Toronto -TIFF- sous haute sécurité. La police locale a confirmé un dispositif renforcé autour des lieux du festival, tandis que le réalisateur Barry Avrich a même engagé sa propre équipe de protection pour compléter celle de l’organisation.
Le film raconte l’histoire du général de réserve Noam Tibon, qui s’était précipité vers le sud d’Israël après avoir appris l’attaque du Hamas par son fils, le journaliste Amir Tibon, réfugié avec sa femme et ses deux filles dans leur maison du kibboutz Nahal Oz. L’officier a contribué à neutraliser les terroristes sur place, permettant à sa famille de survivre.
La direction du TIFF avait d’abord annulé la projection, invoquant des problèmes de droits liés à certaines images, notamment des vidéos du massacre filmées et diffusées par le Hamas. Cette décision avait provoqué une levée de boucliers, aussi bien de la part de groupes juifs que de cinéastes internationaux. Après négociations, le festival a finalement réintégré le film à sa programmation.
« Je sais que cette annulation a causé beaucoup de peine dans la communauté juive en particulier, et je m’en excuse », a reconnu Cameron Bailey, directeur du TIFF, « Nous avons travaillé rapidement pour trouver un accord avec Barry Avrich et son équipe, mais le mal était déjà fait et beaucoup de désinformation circulait. »
Avrich a confié avoir vécu « un stress émotionnel » face à cette saga. « Je m’attendais à des controverses et à des débats parce que nous avons filmé en Israël. Mais ceux qui critiquent le film ne l’ont pas vu. Mon espoir a toujours été que le public retienne avant tout l’histoire d’une famille et non la politique. »
« Si vous voulez protester, protestez, j’y crois. Mais protester contre une œuvre d’art ? À quoi bon ? N’achetez pas de billet, ne venez pas voir ce film si vous n’aimez pas le sujet », a-t-il ajouté.
Samedi, un petit groupe a manifesté contre la projection, tandis qu’un rassemblement pro-palestinien plus large s’est tenu dimanche soir devant une séance d’un autre film. À l’affiche du festival figurent aussi des œuvres traitant du conflit du point de vue palestinien, telles que le drame historique Palestine 36 et The Voice of Hind Rajab, sans avoir suscité la même opposition.
Cameron Bailey a insisté sur la volonté du festival de donner une tribune à toutes les voix : « Nous sommes très conscients de la crise humanitaire dramatique qui se déroule actuellement à Gaza. Nous présentons également des films qui traitent de cette réalité. Notre rôle est de refléter, de façon responsable, l’une des pires crises de notre époque. »