Le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahman Al Thani a violemment réagi à la frappe israélienne menée à Doha le 9 septembre, visant un complexe résidentiel où se trouvaient des dirigeants du Hamas. Dans un entretien à CNN, il a accusé Benjamin Netanyahu de « conduire le Moyen-Orient vers le chaos » et d’avoir « tué tout espoir pour les otages ».
Selon Al Thani, Doha réexamine désormais son rôle de médiateur dans les négociations de libération des captifs israéliens ainsi que l’accueil du Hamas sur son territoire. « Netanyahu a fait perdre son temps au Qatar en s’engageant dans une médiation », a-t-il affirmé, précisant avoir rencontré le matin même de l’attaque des familles d’otages « qui n’ont plus aucun autre espoir ».
Ces propos traduisent un durcissement du ton qatari. Depuis le 7 octobre, l’émirat joue un rôle central dans les tractations indirectes entre Israël et le Hamas, notamment en facilitant les contacts avec les États-Unis et l’Égypte. Mais la frappe israélienne survenue en plein cœur de Doha, dénoncée par les autorités comme une « violation grave du droit international », met en péril ce canal diplomatique déjà fragile.
L’attaque, attribuée à Israël, s’inscrit dans la stratégie de Netanyahu visant à frapper les responsables du Hamas au-delà de Gaza. Elle a cependant provoqué une onde de choc sur la scène internationale. Le Qatar, qui accueille depuis des années la direction politique du mouvement islamiste, se retrouve désormais sous pression entre son rôle de médiateur revendiqué et la colère de son opinion publique face à une frappe étrangère sur son sol.
La réaction d’Al Thani souligne aussi les tensions croissantes avec Jérusalem : alors que Doha se présentait jusqu’ici comme un acteur incontournable dans la recherche d’un compromis, ses déclarations laissent entrevoir une remise en question de ce statut. Si le Qatar venait à se retirer des négociations, le processus de libération des otages entrerait dans une zone d’incertitude encore plus grande, privant Israël et ses alliés d’un interlocuteur clé.