Tribune

Yaïr Lapid contre la démarche de la France

Dans une tribune, le chef de l'opposition explique pourquoi la démarche de reconnaissance d'un Etat palestinien est dangereuse.

3 minutes
30 juillet 2025

ParGuitel Benishay

Yaïr Lapid contre la démarche de la France
Photo by Avshalom Sassoni/Flash90

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Le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid, explique dans une tribune pourquoi la démarche de la France suivie par d'autres pays européens de reconnaitre un Etat palestinien est dangereuse.

(Traduction libre)

''Deux types de reconnaissance

Il y a deux types de pays qui annoncent actuellement leur intention de reconnaître un État palestinien : ceux qui le font contre nous, comme l’Irlande et l’Espagne, et ceux qui le font parce qu’ils pensent le faire en notre faveur, comme la France et le Royaume-Uni, et bien sûr l’Allemagne.

Je ne sais pas ce qui est le plus irritant : ceux qui nous infligent cela délibérément, pour des raisons dans lesquelles on peut discerner plus qu’une pointe d’antisémitisme, ou ceux qui croient — avec une certaine condescendance — qu’ils savent mieux que nous ce qui est bon pour nous.

Le problème, bien sûr, n’est pas que la France reconnaisse un État palestinien. Cela ne va pas le faire surgir pour autant. Le problème, c’est qu’ils ne se posent pas les questions fondamentales : quelles frontières ? Quelle est sa capitale ? Quelle direction politique a-t-il ? Quel régime ? Est-ce une démocratie ? Soutient-il le droit au retour ? A-t-il les moyens de faire face à une tentative de prise de pouvoir du Hamas juste après sa création ?

Cette dernière question, je la pose ces jours-ci à bon nombre de mes amis et connaissances dans une Europe moralisatrice. Bien entendu, ils n’ont pas de réponse. Ils n’y ont pas vraiment réfléchi jusqu’au bout. Si l’État palestinien qu’ils soutiennent est destiné à devenir un autre État terroriste, défaillant et meurtrier — envers ses propres citoyens et envers les Juifs — le soutiendront-ils toujours ?

C’est bien joli de vouloir un État palestinien éclairé, prospère, démocratique, où dans les cafés de Ramallah on débat de Sartre et de Camus, mais nous savons tous que ce n’est pas vraiment ce qui va se passer. Si le monde reconnaît un État palestinien sans rien exiger des Palestiniens, ceux-ci en tireront une seule conclusion : qu’ils n’ont pas besoin de faire d’efforts.

Pourquoi le feraient-ils ? Si, après trente années de corruption et de violence de l’Autorité palestinienne, après qu’Abou Mazen a annulé les élections et privé les Palestiniens de démocratie, après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas et l’horreur du 7 octobre, la réaction du monde est la reconnaissance d’un État palestinien — alors à leurs yeux, ils doivent probablement faire quelque chose de bien.

Si l’Europe souhaite vraiment qu’un État palestinien voie le jour un jour, elle doit faire exactement l’inverse : exiger des Palestiniens qu’ils changent. Qu’ils prouvent qu’ils savent être démocrates, qu’ils savent lutter contre le terrorisme, qu’ils savent se purifier de la corruption. Déclarer son soutien à ceux qui distribuaient des bonbons à Naplouse et Hébron le matin du 7 octobre ne rapproche pas la solution à deux États — au contraire, cela l’éloigne''.