International

Royaume-Uni : des députés travaillistes appellent à une reconnaissance immédiate de l’État palestinien

Près de soixante députés du Parti travailliste britannique ont signé une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères David Lammy, dans laquelle ils réclament la reconnaissance immédiate d’un État palestinien par le Royaume-Uni.

3 minutes
13 juillet 2025

ParGuitel Benishay

Royaume-Uni : des députés travaillistes appellent à une reconnaissance immédiate de l’État palestinien
Photo: IStock

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Près de soixante députés du Parti travailliste britannique ont signé une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères David Lammy, dans laquelle ils réclament la reconnaissance immédiate d’un État palestinien par le Royaume-Uni. Cette initiative, révélée samedi par le Guardian, intervient en réaction à des déclarations du ministre israélien de la Défense, Israël Katz, au sujet d’un projet de transfert de population vers un ville humanitaire qui serait établie sur les ruines de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Les signataires — issus à la fois de l’aile centriste et de l’aile gauche du parti — expriment dans leur courrier une ''profonde inquiétude'' face à ce qu’ils qualifient de “nettoyage ethnique à Gaza”. Ils appellent Londres à prendre des mesures immédiates pour empêcher la mise en œuvre de ce qu’ils perçoivent comme une tentative d’expulsion massive de civils palestiniens.

« Nous vous écrivons en urgence à propos de l’annonce du ministre israélien de la Défense concernant son intention de transférer de force l’ensemble de la population civile de Gaza vers un camp dans la ville détruite de Rafah, sans leur laisser la possibilité de fuir », écrivent-ils. Soulignons qu'au contraire, la ville humanitaire que veut créer Israël vise à mettre les Gazaouis en sécurité et à leur permettre de préparer leur exil en dehors de la Bande de Gaza s'ils le souhaitent.

Les parlementaires travaillistes citent également le juriste israélien des droits de l’homme Michael Sfard, qui a qualifié cette initiative de « plan opérationnel de crime contre l’humanité ». Les députés ajoutent : « Malgré la justesse de cette qualification, nous pensons qu’une autre est encore plus précise : il s’agit d’un nettoyage ethnique de Gaza. »

Cette prise de position intervient peu après une déclaration similaire du président français Emmanuel Macron, prononcée lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre britannique Keir Starmer. Macron a appelé à œuvrer à une reconnaissance coordonnée de l’État palestinien, estimant qu’il s’agissait « de la seule voie vers une paix durable ».

La lettre réclame du gouvernement britannique qu’il adopte cinq mesures concrètes, dont certaines sont déjà en vigueur, comme le financement de l’UNRWA (l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens) ou les efforts pour libérer les otages détenus par le Hamas. D’autres propositions sont plus sensibles politiquement, notamment l’instauration d’un embargo commercial sur les produits issus des implantations juives de Judée-Samarie et la reconnaissance immédiate d’un État palestinien.

« Ne pas reconnaître la Palestine comme un État sape notre propre position officielle en faveur d’une solution à deux États », avertissent les signataires. « Cela revient à tolérer le statu quo, qui permet la poursuite des annexions et l’effacement progressif du territoire palestinien. »

Le gouvernement britannique, tout en affirmant son engagement à reconnaître un État palestinien, continue de souligner que cette démarche ne pourra intervenir qu’au moment opportun, en coordination avec les autres pays occidentaux, et « lorsque cela aura le plus grand impact pour soutenir le processus de paix » — sans toutefois préciser ce que recouvre cette « fenêtre d’opportunité ».

C’est la première fois que les signataires d’un tel appel rendent leurs noms publics, bien qu’une lettre similaire ait été envoyée il y a quelques semaines. Parmi les signataires figurent Sarah Owen et Andrew Pakes, présidents du groupe "Amis de la Palestine et du Moyen-Orient au sein du Labour", ainsi que des parlementaires influents comme Liam Byrne (président de la commission des affaires économiques), Tanmanjeet Singh Dhesi, et des personnalités bien connues comme Stella Creasy, Clive Lewis, Diane Abbott ou encore Dawn Butler.