Culture

Mais qui était Salomé ?

La « grotte de Salomé » dans le désert de Judée, serait la sépulture d’une reine juive, et non d’une disciple de Jésus

2 minutes
11 juillet 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Mais qui était Salomé ?
Autorités des antiquités d'Israël

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Pendant des siècles, la grotte de Salomé, située au pied des collines de Judée, en Israël, a été vénérée par la tradition chrétienne comme le tombeau d’une fidèle de Jésus, présente selon l’Évangile de Marc lors de sa crucifixion. Mais selon des fouilles récentes, cette interprétation pourrait bien être remise en cause.

Cette hypothèse repose sur les découvertes menées entre 2022 et 2023 par les archéologues Nir-Shimshon Paran et Uldik Lipschitz. dont les résultats viennent d’être publiés par l’Autorité des antiquités d’Israël. Selon eux, l’architecture monumentale de la grotte — sans équivalent dans la région — rappelle les tombes des élites de Jérusalem à l’époque du Second Temple. Les chercheurs estiment qu’un tel raffinement architectural indique une sépulture appartenant à une figure de tout premier plan.

Or, Salomé, sœur du roi Hérode, correspond à ce profil. Personnage influent à la cour hasmonéenne sous domination romaine, elle hérita de plusieurs villes après la mort de son frère et joua un rôle clé dans la politique du royaume. Sa puissance et son rang social en faisaient une candidate idéale pour une sépulture d’une telle ampleur. Sa vie et son influence sont d’ailleurs largement documentées par l’historien Flavius Josèphe.

Jusqu’à présent, la tradition chrétienne attribuait ce tombeau à une autre Salomé : celle mentionnée dans le Nouveau Testament, proche du cercle des disciples de Jésus. La grotte, redécouverte il y a plusieurs siècles, avait été transformée en sanctuaire chrétien, comme en témoignent les croix gravées dans la pierre et les inscriptions grecques et syriaques retrouvées sur place.

L'entrée de la grotte

Mais pour les chercheurs israéliens, ces traces ne suffisent pas à prouver que la Salomé chrétienne ait été inhumée ici. Ils estiment plutôt qu’une confusion s’est opérée au fil du temps entre deux femmes portant le même prénom : Salomé, sœur du roi juif, et Salomé, disciple de Jésus.

Cette situation illustre les difficultés auxquelles se heurtent souvent les archéologues en Terre sainte, où traditions religieuses, récits historiques et données scientifiques s’entrecroisent sans toujours se recouper. La grotte de Salomé n’échappe pas à cette complexité, oscillant entre culte chrétien et réalité archéologique.

Si cette nouvelle interprétation venait à s’imposer dans la communauté scientifique, elle réécrirait une partie de l’histoire locale. La « grotte de Salomé » ne serait plus un haut lieu du christianisme ancien, mais le tombeau d’une reine juive puissante, au cœur des intrigues du royaume d’Hérode.