Le Président américain a reçu cette nuit (lundi à mardi), heure israélienne, le Premier ministre israélien et son épouse pour un dîner à la Maison Blanche. Ils ont évoqué plusieurs sujets centraux pour Israël et le Moyen-Orient en général. De hauts responsables de l’administration Trump, dont le secrétaire d’État Marco Rubio, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth ou encore l'émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, étaient présents.
Des relations bilatérales au beau fixe
Les deux leaders ont ouvert leur rencontre par une petite conférence de presse autour de la table du dîner. Ils ont témoigné de la solidité des relations entre leurs deux pays mais aussi sur le plan personnel.
« C’est un grand honneur d’accueillir Bibi et Sara, mes amis de longue date », a déclaré Trump. « Nous avons déjà accompli beaucoup ensemble, et je pense que ce n’est qu’un début. Il est vraiment agréable de vous avoir ici à la Maison-Blanche, avec votre formidable délégation. Nous avons travaillé ensemble pendant des années et obtenu d’excellents résultats — nous allons encore en voir bien d’autres. »
De son côté, le Premier ministre israélien a indiqué avoir officiellement recommandé Donald Trump pour le prix Nobel de la paix, lui remettant une lettre adressée au comité du prix. « Je veux exprimer l’estime et l’admiration, non seulement du peuple israélien, mais aussi du peuple juif et de nombreux admirateurs à travers le monde, pour votre leadership », a affirmé Netanyahou. « Votre rôle à la tête du monde libre, votre combat pour des causes justes et votre engagement en faveur de la paix et de la sécurité dans de nombreux pays, notamment au Moyen-Orient, sont exemplaires. »
Il a poursuivi : « Nous faisons face à de grandes opportunités. Le président Trump dispose d’une équipe remarquable, et je crois que la collaboration entre nos équipes respectives crée une synergie exceptionnelle pour relever les défis et saisir les occasions. Le président a déjà accompli de grandes choses — il a initié les accords d’Abraham, il œuvre activement à établir la paix, pays après pays. »
En remettant officiellement sa lettre de recommandation pour le prix Nobel, Netanyahou a conclu : « Monsieur le Président, je vous remets ce document que j’ai adressé au comité Nobel. Vous méritez ce prix, et vous devriez le recevoir. » Trump a remercié chaleureusement son hôte : « Quand cela vient de vous, cela a une signification particulière. »

Lettre de recommandation pour le Prix Nobel de la Paix pour Donald Trump envoyé par Binyamin Netanyahou au Comité Nobel
Accord dans la Bande de Gaza
Le sujet principal était, bien entendu, l'accord en cours de négociations dans la Bande de Gaza. Le Présidnt américain s'est, une fois de plus, montré optimiste. Il a affirmé que le Hamas voulait une trêve. Son émissaire Steve Witkoff a confirmé que les négociations pourraient aboutir rapidement.
Ils n'ont pas livré plus de détails. Le Premier ministre israélien avait rencontré avant le dîner Witkoff mais aussi le Secrétaire d'Etat Marco Rubio à ce sujet aussi.

Netanyahou et Rubio. Photo: Avi Ohayon (GPO)

Netanyahou, Dermer et Witkoff. Photo: Avi Ohayon (GPO)
''Laisser le choix aux Palestiniens'': le plan d'émigration pour les Gazaouis toujours à l'ordre du jour
Concernant le plan de réinstallation des Palestiniens de Gaza, annoncé lors de la première rencontre de l’année entre les deux dirigeants en février, Trump a renvoyé la question à Netanyahou. Ce dernier a répondu : « Le président Trump a eu une vision brillante, qu’il a appelée “libre choix”. Si les gens veulent rester, ils peuvent. Mais s’ils veulent partir, il faut leur en donner la possibilité. Gaza ne doit pas être une prison, mais un lieu ouvert. »
Netanyahou a précisé que des discussions étaient en cours avec plusieurs pays susceptibles d’accueillir des Palestiniens souhaitant quitter la bande de Gaza : « Nous collaborons étroitement avec les États-Unis pour identifier des nations prêtes à traduire en actes leur volonté déclarée d’offrir un avenir meilleur aux Palestiniens. »
Rejet d'un Etat palestinien
Concernant la solution à deux États, Trump n'a pas souhaité s'exprimer et a de nouveau transféré la question à Netanyahou, qui a déclaré : « Les Palestiniens doivent pouvoir se gouverner, mais sans pouvoir constituer une menace pour Israël. Certaines compétences, notamment en matière de sécurité, devront toujours rester sous notre contrôle. C’est une réalité que personne en Israël ne contestera. Nous recherchons la paix, pas notre destruction. »
L'Iran: des discussions devraient reprendre
Évoquant l’Iran, Trump a révélé que des discussions étaient planifiées : « Nous avons convenu de rencontres avec Téhéran — ils veulent parler. Ils ont subi un choc majeur avec la destruction de leurs trois sites nucléaires. L’opération a été une réussite totale. Ils sont désormais différents de ce qu’ils étaient il y a deux semaines. Ils nous respectent, ils respectent aussi Israël. »
Le président a ensuite raconté une anecdote révélatrice selon lui du changement d’attitude iranien : avant de lancer une attaque contre la base américaine d’Al-Udeid au Qatar, l’Iran aurait prévenu Washington à l’avance. « Ils nous ont même demandé si nous voulions décaler l’heure de l’attaque. Cela témoigne d’un certain respect. »
De son côté, Netanyahou a salué « une victoire historique » face à l’Iran : « Cette victoire est le fruit de la coopération entre les capacités exceptionnelles des États-Unis et celles d’Israël, notamment de Tsahal, de ses pilotes, ses soldats et du Mossad. Ensemble, nous avons neutralisé deux menaces existentielles : le programme nucléaire iranien et les missiles balistiques. »
Il a, néanmoins, souligner qu’« éliminer une menace ne signifie pas qu’elle ne reviendra pas ». Trump a lui aussi déclaré qu'il espérait que les Etats-Unis n'auraient pas besoin d'intervenir à nouveau en Iran, ne fermant pas la porte à une action si nécessaire. Il a, parallèlement, estimé que les sanctions contre l'Iran pourraient être levées ''au moment opportun''.
''C'est Bibi qui m'a demandé de lever les sanctions contre la Syrie''
Concernant la Syrie, alors que circulent des rumeurs sur un éventuel accord sécuritaire entre Jérusalem et Damas, Netanyahou a déclaré : « Tout le monde comprend que la situation a changé. L’Iran, qui contrôlait la Syrie par l’intermédiaire du Hezbollah, en est désormais exclu. Cela ouvre des perspectives de stabilité, de sécurité, voire de paix. »
Il a laissé la question des contacts directs entre Israël et le nouveau régime syrien sans réponse, mais Trump a dévoilé que Netanyahou lui avait demandé de lever les sanctions contre Damas : « À la demande de plusieurs pays du Moyen-Orient, y compris Bibi, nous avons levé les sanctions. J’ai rencontré le nouveau dirigeant syrien, Al-Joulani, et il m’a fait bonne impression. »
Aucune grande déclaration
Pour cette troisième rencontre entre Netanyahou et Trump à Washington, aucune déclaration fracassante n'a été faite. La porte-parole de la Maison-Blanche, Caroline Leavitt, a qualifié cette rencontre de ''dîner privé''. Il n'y aura pas eu de conférence de presse dans le Bureau Ovale, comme c'est le cas lors des rencontres officielles.
Steve Witkoff doit se rendre à Doha pour les discussions sur l'accord dans la Bande de Gaza. « La priorité du président au Moyen-Orient est de mettre fin à la guerre à Gaza et de ramener tous les otages », a déclaré la porte-parole.
Avant son départ de New Jersey pour Washington à bord d’Air Force One, Trump a confié à des journalistes : « Je pense qu’il y a de bonnes chances de conclure un accord avec le Hamas dans les jours à venir. Nous négocions aussi un accord de long terme avec l’Iran. Sinon, ils devront tout abandonner. »
La suite du programme de Netanyahou aux Etats-Unis
Le Premier ministre israélien doit rester aux Etats-Unis jusqu'à jeudi. Aujourd'hui (mardi), il rencontrera le vice-président J.D. Vance. Demain, il s'entretiendra avec le Secrétaire à la Défense, Pete Hegseth et se reçu par le président de la communauté juive de Washington.