- Les posts sur une chaine Telegram proche du Hamas qui n'ont pas été interprétés dans le bon sens
Le lieutenant-colonel (rés) Yehonatan Dahua'h Halévy du centre de Jérusalem pour les sujets d'Affaires étrangères et de sécurité, a publié une série de posts qui ont été écrits sur une chaine Telegram proche du Hamas dans la nuit qui a précédé le massacre du 7 octobre. Le propriétaire de cette chaine Telegram est un terroriste qui a lui-même participé à l'attaque le 7 octobre.
Pour Dahua'h Halévy, ''si ces informations avaient été interprétées dans le bon sens en temps réel, Israël aurait été préparé différemment pour faire face à l'attaque''.
Sur cette chaine, figuraient des menaces claires faisant état de l'intention du Hamas d'envahir le territoire israélien. En outre, on pouvait y trouver des éléments de formation militaire détaillés, comprenant des techniques de combat, de camouflage et d'utilisation de produits explosifs.
Selon Dahua'h Halévy, depuis le mois de septembre 2023, des messages explicites sur la volonté du Hamas de s'attaquer aux localités de la bordure de Gaza étaient postés.
Dans la nuit du 6 au 7 octobre, entre 00h20 et 00h26, plusieurs indices et menaces concernant une attaque ont été publiés sur la chaine Telegram
00h22: ''Nous disons à l'ennemi sioniste, (l'action) qui arrive personne ne l'aura prédite''
00h22: ''Il y aura des très très très très nombreuses surprises''
00h23: ''Nous jurons au nom d'Allah, nous allons vous humilier et vous exterminer totalement, la prochaine étape sera très difficile pour vous et pour tous les colons''
00h23: ''Les saints fusils sont chargés, vos têtes sont la cible''
00h25: ''Nous allons vous combattre sur tous les fronts, les brigades Al Qassam, les brigades Al Qods font faire rugir le tonnerre, des tirs et des explosions sur tous les fronts, jusqu'à ce que les moyens de communication soient saturés d'appels d'urgence sur des morts, des blessés graves au sein des forces ennemies''
00h25: ''Votre attaque contre Al Aqsa ces derniers temps va vous revenir en pleine figure par le feu et les flammes''
00h26: ''Vous aurez été prévenus. Ce qui arrive va être un grand événement". (A ce message sont joints trois émojis: un signe d'attente, des flammes et un coeur vert, le vert étant la couleur du Hamas).
- Le commandant N. a alerté. On lui a répondu: ''C'est un scénario pompeux et irréaliste''
Le commandant N., chef de la section du raid, est celui qui a inventé le nom ''Muraille de Jéricho'' pour définir le document que possédaient les renseignements israéliens depuis mai 2022 sur une invasion d'Israël par le Hamas.
En août 2023, alors que deux officiers de l'unité des renseignements 8200 alertent sur des entrainements suspects du Hamas, le commandant N. fait le lien entre ces entrainements et le plan ''Muraille de Jéricho''.
Le commandant N. demande alors à la hiérarchie de Tsahal de remettre en question sa conception, ses postulats de travail et de considérer la possibilité d'une attaque de grande envergure de la part du Hamas. Il propose de reprendre les écoutes des bataillons de la No'hba, outil abandonné un an plus tôt par l'unité 8200.
En septembre 2023, alors que le commandant N. a quitté ses fonctions, le lieutenant-colonel A., officier des renseignements du bataillon de Gaza, tient une réunion sur le document écrit par N. Lors de cette réunion, le lieutenant-colonel A. déconsidère le travail du commandant N.: ''C'est un scénario pompeux et irréaliste'', lance-t-il. Il ordonne alors à la remplaçante du commandant N. de préparer un nouveau document sur la base du suivi des entrainements du Hamas, le nom ''Muraille de Jéricho'' disparait depuis des éléments de travail de Tsahal.
- Le commandant du secteur Sud a refusé d'appeler des renforts dans la nuit du 6 au 7 octobre
Alors que des signes d'une activité anormale du Hamas dans la Bande de Gaza commence à arriver dans la nuit du 6 au 7 octobre, un officier responsable du secteur sud suggère au commandant de secteur, le général Yaron Finkelman de rappeler les commandants de bataillon en charge de la zone. Finkelman refuse.
A 3h du matin, les informations continuent à affluer et à soulever des soupçons mais le général Finkelman maintient son refus d'appeler ces officiers. A 4h, les signaux inquiétants augmentent mais le commandant du secteur sud refuse toujours de mobiliser les commandants de bataillon.
La présence de ces officiers aurait pu être déterminante puisqu'ils sont des hommes de terrain et connaissent parfaitement la zone et sont au fait de tous les renseignements.
- Dans la nuit du 6 au 7 octobre, les soldats ont reçu l'ordre de ne pas s'approcher de la frontière jusqu'à 9h du matin
La chaine N12 a diffusé l'enregistrement d'une conversation entre un représentant de Tsahal et des parents de soldats. Il leur explique l'erreur fatale d'évaluation de l'armée.
Le représentant de Tsahal raconte que dans la nuit, la hiérarchie de l'armée, au vu des éléments qui lui parvenaient, a conclu que le Hamas s'apprêtait à tirer des missiles anti-chars voire de tenter de procéder à un enlèvement de soldat. Les soldats ont donc reçu l'ordre de ne pas s'approcher de la frontière jusqu'à 9h du matin. A 5h50 du matin, soit 40 minutes avant le début de l'attaque du Hamas, cet ordre est modifié et l'interdiction court jusqu'à 7h30.
Ainsi, au lieu de mettre les bases en état d'alerte et de mobiliser le plus de forces possible à la frontière, la lecture erronée des renseignements qui ont afflué tout au long de la nuit, a conduit Tsahal à agir à l'inverse.