Politique

Que contient l’accord de cessez-le-feu au Liban?

4 minutes
26 novembre 2024

ParIsraJ

Que contient l’accord de cessez-le-feu au Liban?
Photo: Tsahal

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La signature d'un accord de cessez-le-feu au Liban est proche. Le Premier ministre Netanyahou va réunir aujourd'hui les chefs des partis de la coalition pour leur présenter le contenu de cet accord puis il sera débattu au sein du cabinet de sécurité aujourd'hui (mardi) à 16h afin d'être entériné.
Les Présidents Biden et Macron devraient annoncer officiellement le cessez-le-feu demain matin.

Pourquoi un accord maintenant?

Il y a trois raisons principales qui poussent Israël à signer maintenant un cessez-le-feu au Liban compte-tenu des succès importants obtenus lors de cette guerre:

  1. Empêcher un veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU. En effet, l'administration américaine sortante a signifié à Israël que si un cessez-le-feu n'était pas signé, elle ne poserait pas son veto contre une décision du Conseil de sécurité de l'ONU qui imposerait un cessez-le-feu y compris dans des conditions défavorables à Israël.

  2. Reconstituer le stock d'armes et rafraichir les troupes. Ces dernières semaines, l'embargo américain sur certaines armes se fait sentir ainsi que la baisse de motivation chez un nombre non négligeable de réservistes.

  3. Déconnecter le Hamas du Hezbollah. Le 8 octobre 2023, le Hezbollah a commencé à ses attaques contre Israël en solidarité avec le Hamas et la Bande de Gaza et a promis de ne pas arrêter tant que la guerre à Gaza se poursuivrait. Avec cet accord, le Hezbollah accepte de renoncer à cette promesse et ainsi le Hamas se retrouve isolé. En Israël, on estime que c'est ce qui permettra d'augmenter la pression sur le Hamas pour un accord de libération des otages.


Que contient cet accord?

L'objectif de l'accord est de neutraliser le pouvoir de nuisance du Hezbollah et de garantir une liberté d'action à Israël en cas de violation de l'accord.

  • Un comité international dirigé par les Etats-Unis et comprenant la France et la Grande-Bretagne sera chargé de faire respecter l'accord. Si une menace directe pèse sur Israël, Tsahal sera autorisée à agir, dans le cas de violations qui ne menacent pas directement Israël, ce comité devra prendre les mesures nécessaires.

  • Dans les 60 prochains jours, l'armée israélienne se retirera progressivement du Sud Liban et l'armée libanaise sera déployée. La France enverra aussi des soldats.

  • L'armée libanaise et la FINUL nettoyeront le terrain des éléments du Hezbollah au sud du Litani, ce qui signifie que le Hezbollah se retirera au nord du fleuve.

  • Israël accepte que l'armée libanaise soit armée par les Etats occidentaux.

  • L'armée libanaise surveillera la fabrication d'armes et la livraison d'armes sur son territoire.

  • Aucun zone tampon ne sera créée: les habitants du Sud Liban pourront rentrer chez eux. Israël et le Liban entameront des négociations sur les zones disputées à la frontière.


Les habitants du nord d'Israël pourront-ils rentrer chez eux?

Les autorités israéliennes n'appelleront pas officiellement les habitants à rentrer chez eux même au terme de la période de 60 jours. Elles comprennent la complexité de la situation pour ces personnes et estiment qu'il faut laisser le temps et la réalité du terrain faire leur travail.

Par ailleurs, des dégâts très importants ont été causés par les bombardements du Hezbollah dans plusieurs localités à la frontière. Il faudra des mois pour tout restaurer.

 

Quelles sont les garanties de liberté d'action d'Israël au Liban après la signature de l'accord?

L'accord sera accompagné d'une annexe apportée par les Etats-Unis afin de garantir à Israël la possibilité d'intervenir dès que cela sera nécessaire. ''Si nous voyons des actions contre nous, des constructions d'installations terroristes, des mouvements de missiles, etc, nous devons avoir le droit d'ouvrir le feu contre le Hezbollah et contre le Liban'', explique un responsable israélien, ''y compris s'ils descendent au sud du Litani, nous ouvrirons le feu. Nous agirons aussi contre des cibles du régime d'Assad en Syrie s'il le faut comme nous l'avons déjà fait à plusieurs reprises''.

De nombreux responsables israéliens insistent sur le fait que l'accord ''ne vaut pas le papier sur lequel il est signé''. Ils martèlent que ce qui compte sera la capacité d'Israël à réagir immédiatement dès le moindre écart du Hezbollah.

Au sein du gouvernement, le ministre Itamar Ben Gvir a déjà prévenu qu'il s'opposerait à cet accord. Les dirigeants des collectivités locales du nord d'Israël sont, quant à eux, déçus, ils estiment que le travail n'est pas terminé pour garantir la sécurité des habitants.