D’avant-premières en avant-premières, le film « le choix du pianiste » reçoit un accueil très favorable d’un large public, encore récemment dans le cadre de la manifestation "Cinéma en fête" à Elbeuf. Nous avons découvert cet excellent drame historique, réalisé par Jacques Otmezguine, lors du Festival du Film Francophone à Angoulême. Les délégués généraux du festival, Marie-France Brière et Dominique Besnehard, en véritables orpailleurs, nous ont habitués aux pépites du 7e art. Le drame historique présenté par Mazel productions est une de ces belles rencontres cinématographiques.
« Le choix du pianiste » nous raconte en trois périodes, le parcours de François Touraine, un virtuose du piano : avant, durant et après la Seconde Guerre Mondiale.
En réalité ce que nous voyons pendant 1 heure 46 pourrait se résumer par la formule « comment la vie va reprendre ses droits ». Bien entendu, il sera question de la Shoah et du sort des juifs pendant cette funeste époque, bien entendu, nous y voyons la même lutte pour la vie qui se répète encore et encore, depuis les pharaons, en passant par l’Inquisition jusqu’au 7 octobre, bien entendu le triple miracle se produit : la résilience, la résistance, la résurgence.
L’intelligence du réalisateur est d’avoir confié le rôle du témoin de la persécution à un non-juif, François Touraine. Le bellâtre candide nous offre un miroir presque neutre. Il sait que Rachel, sa professeure de piano, la femme qu’il aime, est juive. « Et alors ? » se dit-il.
L’Allemagne hitlérienne et la France collaborationniste vont se charger de ramener le naïf à la réalité. La grande Histoire ne fait pas de concession à l’amour. Rachel n’est qu’une juive, … « une parmi d’autres » dira Thérèse, la sœur collabo de François, l’excellente Marie Torreton. Mais il s’en fiche François, il va aller au bout de son combat.
L’histoire pêche parfois sur les changements d’époques, ce n’est pas toujours clair. Il y a aussi des personnages qui grandissent alors que d’autres ne prennent pas une ride, disons que nous ne sommes pas tous égaux devant la nature.
L’intrigue est impeccable, le casting également. Il est vrai que Jacques Otmezguine a un excellent instinct. Dans ses précédents films, il a su miser sur des artistes peu connus comme Vincent Lindon, à qui il a offert son premier rôle principal, Gaspard Ulliel qu’il a pour ainsi dire découvert ou encore Lisa Martino.

« Le choix du pianiste » mise sur la jeune génération : Oscar Lesage, Zoé Adjani et Pia Lagrange. Le trio tient la distance et la cadence. Chacun dans son registre accompagne le spectateur dans les méandres de l’âme humaine. L’œuvre qui est filmé près des personnages, leur offre de subtiles nuances.
Jacques Otmezguine a aussi convoqué des valeurs sûres de la profession. Philippe Torreton toujours impeccable, qui sert son rôle avec une extrême justesse, André Manoukian méconnaissable, interprétant Paul Paray ou encore l’incroyable Andréa Ferréol qui nous gratifie de quelques mots en yiddish.
La dernière héroïne du film est la musique. Omniprésente, elle est le ciment de la vie de François, de Rachel et d’Annette. La bande originale composée par le pianiste franco-ukrainien Dimitri Naïditch est à la hauteur de ce grand film.
Lancé dans 5 salles, archi-combles, par le Festival du Film Francophone à Angoulême, « le choix du pianiste » nous rappelle ce qu’est le beau cinéma, celui qui prend son temps, pour nous raconter quelque chose.
Date de sortie France : 08/01/2025
Distribution France : Destiny Films