Sécurité

Nouvelles révélations sur les estimations des services de sécurité dans les semaines qui ont précédé le 7 octobre

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9 octobre 2024

ParIsraJ

Nouvelles révélations sur les estimations des services de sécurité dans les semaines qui ont précédé le 7 octobre
Le chef d'Etat-major Hertzi Halevy et le chef du Shabak Ronen Bar. Photo: Porte-parole Tsahal

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De nouvelles révélations sur les estimations des services de sécurité concernant le Hamas dans les semaines qui ont précédé le 7 octobre ont été publiées.

 

  • La mauvaise interprétation de Tsahal


D'après des informations publiées sur la chaine israélienne N12, dix jours avant l'attaque du Hamas, une réunion a eu lieu entre le Premier ministre et le sommet de l'armée sur les manifestations de plus en plus nombreuses à la frontière avec Gaza.

Lors de cette réunion, les services de sécurité ont fait de ces incidents une interprétation qui s'est avérée très loin de la réalité. Ils ont indiqué au Premier ministre que, d'après eux, le Hamas craignait qu'Israël ne lance une offensive et ces manifestations seraient une manière de prévenir cette attaque d'Israël.

Suite à cette réunion et afin d'envoyer des signaux au mouvement terroriste dans la Bande de Gaza, il a été décidé de ne pas renforcer les troupes à la frontière. Sur les 59 kilomètres de frontière, en temps normal 1500 combattants sont positionnés. Le réglement prévoit que pour Shabbat ou un jour de fête, le tiers peut obtenir une permission. Mais la direction du bataillon de Gaza, à la lumière des estimations et de la volonté d'afficher des signes d'apaisement, a décidé de libérer plus de la moitié des forces en présence pour Simhat Torah.

Le 6 octobre, à la frontière avec Gaza se trouvaient seulement 600 à 650 combattants au lieu de 1500.


Par ailleurs, la chaine N12 rapporte qu'à 2h30 du matin dans la nuit du 6 au 7 octobre, le chef du bataillon des opérations, le général Shlomi Binder, a reçu un appel alors qu'il se trouvait chez lui dans le nord du pays. A partir de cette heure et jusqu'à l'invasion par les terroristes du Hamas, le général Binder a passé pas moins de 50 coups de téléphone. Malgré cela, il ne prend pas la décision de quitter son domicile et n'arrivera à la kirya, au QG de l'armée qu'à 8h45 le samedi matin soit plus de deux heures après le déclenchement de l'attaque par le Hamas.

Rappelons que ce même général Shlomi Binder a été nommé à la tête du renseignement militaire en remplacement du général Aaron Halioua et qu'il a pris ses fonctions il y a quelques semaines.

D'autres officiers vont recevoir des appels cette nuit-là mais l'estimation d'origine ne change pas: le Hamas effectue une ''erreur de calcul'' et pense qu'Israël va attaquer, il se prépare à contrer cette attaque.

Dans un premier temps, le chef du renseignement militaire, le commandant de l'armée de l'air ainsi que les secrétaires militaires du Premier ministre et du ministre de la Défense ne sont pas informés des développements.

L'autre préoccupation des officiers du département opérationnel à cet instant était de ''préserver les sources''. C'est pourquoi, aucune décision dramatique n'est prise afin de ne pas éveiller des soupçons au sein du Hamas qui aurait pu mettre à jour des ''sources sensibles'' de l'armée israélienne.

A 6h29 le 7 octobre, l'attaque commence, le général Shlomi Binder est toujours chez lui dans le nord. Ce n'est qu'à 6h50 qu'il déclenche l'état d'urgence au sein de Tsahal. Des forces sont mobilisées depuis la Judée-Samarie et envoyées dans le sud, des soldats en service régulier sont rappelés de chez eux.

L'état de ''guerre'' à proprement parler est décrété à 7h58 et à ce moment-là commence la mobilisation de 300000 réservistes.

Les forces mobilisées ont eu beaucoup de mal à arriver jusqu'au sud en raison du chaos et du manque de clarté dans les informations. Pendant des heures, le haut commandement de l'armée n'a pas réussi à établir une image globale de la situation. C'est pourquoi, dans le kibboutz Nir Oz, par exemple, les premières forces militaires ne sont arrivées qu'à 13h. A Beeri, une force composée de quelques hommes de l'unité Maglan a été envoyée, ce qui n'a pas suffi à repousser les terroristes. Des forces en quantité suffisante ne sont arrivées que dans l'après-midi du 7 octobre.


 

  • Les évaluations erronées du Shabak




Hier soir (mardi), le journaliste Amit Segal a révélé les estimations du Shabak à quelques semaines et à quelques jours du 7 octobre:

  • le 21/08/2023: le Shabak explique au Premier ministre que le Hamas n'est pas intéressé par un conflit depuis Gaza mais qu'il essaie de transférer ses actions violentes en Judée-Samarie. Il propose deux axes d'action: menacer le Hamas de sanctions économiques et/ou éliminer les responsables du Hamas concernant la Judée-Samarie. Netanyahou ordonne de préparer ces éliminations. Les cadres sécuritaires font part de leurs réticences craignant que cela n'entraine un conflit avec Gaza.

  • le 20/09/2023: le Shabak met en garde contre des actions israéliennes qui pourraient entrainer un conflit avec Gaza

  • le 04/10/2023, trois jours avant l'attaque du Hamas: le Shabak transmet au Premier ministre un rapport dans lequel il explique que les fêtes de Souccot se passent relativement bien, mises à part des ''provocations juives'' et les tentatives d'incitation à la haine et à la violence du côté arabe