Sécurité

Tsahal publie les conclusions de l’enquête sur les combats à Beeri le 7 octobre: ”Tsahal n’était pas là pour protéger les habitants”

6 minutes
11 juillet 2024

ParIsraJ

Tsahal publie les conclusions de l’enquête sur les combats à Beeri le 7 octobre: ”Tsahal n’était pas là pour protéger les habitants”
Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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Tsahal a publié ce soir les conclusions de l'enquête qu'elle a menée sur les combats dans le kibboutz Beeri le 7 octobre. Plus tôt dans la journée, ce rapport a d'abord été présenté aux habitants du kibboutz qui ont salué un travail professionnel mais qui ont estimé ne pas avoir obtenu toutes les réponses à des questions critiques. Ils exigent en supplément une commission d'enquête étatique.

Les conclusions de cette enquête sont sévères pour Tsahal et pointent les graves défaillances dans la gestion de ce qui est explicitement nommé une ''conquête du kibboutz Beeri'' par les terroristes. Par ailleurs, est aussi souligné l'héroïsme des membres du groupe de sécurité du kibboutz et des habitants.

Au plus fort des combats, à 13h30, il y avait 340 terroristes dans le kibboutz qui compte un peu plus de 1000 habitants et seulement 26 combattants israéliens en face, alors que l'attaque a commencé à 6h50 ce samedi matin. Une image qui donne le ton de ce qu'il s'est passé dans le kibboutz.

Parmi les 340 terroristes, 120 appartenaient au commando du Hamas de la No'hba, 70 étaient des terroristes du Hamas, 150 du Jihad islamique mais aussi d'autres factions terroristes ou des habitants de Gaza venus piller et agresser les civils israéliens.

Sur les 1071 membres du kibboutz: 101 civils ont été assassinés, 35 ont été enlevés à Gaza (11 s'y trouvent toujours), 23 soldats de Tsahal et membres du groupe de sécurité du kibboutz sont tombés au combat ainsi que 8 policiers.

 

Tsahal n'était pas prêt


Le rapport conclu que Tsahal n'était absolument pas préparé à un tel scénario. Les bases autour du kibboutz Beeri, censées le protéger, ont été incapables de remplir ce rôle car les soldats étaient occupés à se défendre eux-mêmes puisque les bases militaires ont aussi été envahies par des  centaines de terroristes.

Par ailleurs, les forces appelées en renfort, ont mis du temps à arriver. En route, elles ont dû affronter des terroristes qui se trouvaient partout sur leur chemin, les retardant pour aller porter secours aux habitants de Beeri. Mais ce n'est pas tout. Une fois sur place, de nombreux soldats sont restés hors du kibboutz et attendaient les instructions de leur hiérarchie pour entrer. Cet ordre n'arrivait pas parce que Tsahal ne parvenait pas à établir un état des lieux de ce qu'il se passait à l'intérieur.

A 8h30 pourtant un petit groupe de soldats du commando Shaldag est arrivé dans le kibboutz. A 9h déjà, le commandant de ce groupe décide de se retirer à l'extérieur du kibboutz après que plusieurs de ses hommes ont été blessés et qu'il était en manque de munitions, afin de se réarmer et de fournir des soins aux blessés.

Ainsi jusqu'à 13h30, les membres du groupe de sécurité du kibboutz et les habitants se sont battus seuls contre des centaines de terroristes. Les combats ont encore duré de nombreuses heures à partir du moment où Tsahal est entré. Ce n'est que vers 16h que le nombre soldats dans Beeri a dépassé celui des terroristes. A 22h, l'armée israélienne avait repris le dessus et commençait la libération du kibboutz.

 

La maison de Passi


Près du kibboutz Beeri, se trouve la base ''Maguen Beeri''. Aucun des soldats de cette base n'a pu porter secours aux habitants du kibboutz en raison des combats intenses qui se déroulaient à l'intérieur même de la base. Sur place, se trouvaient 33 combattants, un blindé et deux tanks. Un des tanks a rapidement été neutralisé par les terroristes. Le second s'est battu pendant plusieurs heures et plusieurs combattants ont été blessés. Le sous-général Nissim Hazan, qui est arrivé depuis sa maison, a réussi à prendre le contrôle du tank, à le nettoyer du sang et des grenades à l'intérieur et à l'utiliser pour aller prendre la défense de Beeri. Ce tank est entré dans Beeri à 16h.

C'est ce tank qui servira à tirer sur ''la maison de Passi'' où les terroristes détenaient 15 otages. C'est le général Barak Hirem qui a donné l'ordre de tirer, après des heures de négociations et craignant pour la vie des otages. Finalement, 13 des otages sont morts. Pendant un temps, le général Hirem a été accusé d'être responsable de leur mort et d'avoir agi sans prendre en compte ces otages. L'enquête montre qu'il a agi avec réflexion, comme attendu d'un officier de son rang et qu'a priori les otages avaient déjà été assassinés par les terroristes au moment où les obus ont été tirés.

 

Les soldats sont parfois passés avant les civils


Le rapport pointe, par ailleurs, une défaillance morale de Tsahal. Il montre qu'à certains moments, les soldats ont été pris en charge avant les civils. En outre, au moment où Tsahal a commencé à reprendre la main sur la situation, tard dans la soirée du 7 octobre, les habitants ont pu sortir de chez eux pour monter dans les autobus mis à leur disposition pour les évacuer. Il est alors reproché aux soldats présents de ne pas les avoir aidés à monter dans les autobus, de ne pas leur avoir donné leurs casques et leurs gilets pare-balles comme le veut le réglement et de les avoir contraints à passer par-dessus les corps de leurs amis, de leurs proches et des terroristes.

L'héroïsme des combattants et des habitants 



Selon le rapport, les membres du groupe de sécurité du kibboutz ont dû se battre à mains nues pendant une partie du temps, faute de munitions et d'armes disponibles.

Une partie des habitants du kibboutz dont un ancien militaire, le général Yossi Bahar se sont battus à l'aide de simples pistolets alors que les terroristes possédaient de véritables armes de guerre. L'ancien général Bahar a pris des décisions qui ont sauvé de nombreuses vies: il a rassemblé les blessés dans le cabinet dentaire du kibboutz et a organisé la ''prise'' des carrefours centraux de Beeri afin d'empêcher les terroristes de pénétrer dans les autres quartiers.

D'autres habitants du kibboutz se sont joints à lui dont Nadav, son fils, qui était au festival Nova et a réussi à s'enfuir. Ce dernier a décidé d'aller à Beeri prêter main forte plutôt que de se mettre à l'abri.

A ce moment, l'horreur est à son comble dans le kibboutz et les forces de Tsahal ne sont toujours pas là, il est 11h. L'enquête précise que des civils gazaouis sont entrés dans Beeri pour participer aux massacres. Deux d'entre eux, âgés de plus de 60 ans, ont commencé à charger des corps dans des voitures qu'ils ont volées. Après avoir été arrêtés par les forces israéliennes, ils reconnaitront l'avoir fait pour réclamer de l'argent au Hamas en échange des corps israéliens.



''Tsahal n'était pas là pour protéger les habitants''



Le Chef d'Etat-major, Herzi Halévy, a réagi à la publication de ces conclusions: ''Il s'agit d'un premier rapport, issu d'une large enquête interne de Tsahal. Ce premier rapport ne reflète l'image dans son ensemble mais illustre de manière très claire l'ampleur de l'échec et les dimensions de la catastrophe qui s'est abattue sur les habitants du sud. Tsahal n'était pas là pour les protéger''.