Interrogé sur la situation actuelle, Argaman a expliqué qu'elle était ''la conséquence de l'absence de stratégie et de politique de la part de l'Etat d'Israël''.
Sur ce qui a conduit Israël au 7 octobre, l'ancien chef du Shabak a déclaré: ''La première chose c'est l'approche de l'Etat d'Israël qui a décidé d'acheter la tranquilité au prix fort et qui a choisi pour cela de transférer l'argent qatari. Le problème commence dans l'incompréhension de ce qu'est le Hamas en tant qu'organisation terroriste, quelles sont ses capacités. Il s'agit d'une organisation très sérieuse avec des hommes très sérieux qui ont de grandes capacités et dont l'objectif est, depuis sa création, de prendre le pouvoir de l'Autorité palestinienne et bien entendu de battre l'Etat d'Israël''.
Puis il révèle: ''Je l'ai compris très tôt et dès 2003 nous avons essayer d'éliminer la direction du Hamas. Nous avons placé une bombe trop petite parce que nous étions encore sous le coup de l'opération contre Salah Shehadeh (lors de son élimination, plusieurs civils non impliqués avaient été tués, ndlr)''.
Et il conclut: ''Si nous avions touché la direction de l'organisation pendant toutes ces années, nous aurions pu changer la réalité''. Argaman reconnait: ''Nous ne l'avons pas fait alors que nous aurions pu, à plusieurs reprises, pour un prix beaucoup moins important que celui que nous payons aujourd'hui et avec une réussite plus grande''.
Concernant Sinouar, Argaman explique: ''Yahya Sinouar est encore en vie parce que l'Etat d'Israël a décidé qu'il ne s'aventurait pas dans la Bande de Gaza. J'ai évoqué le sujet plusieurs fois. Finalement, l'Etat d'Israël a décidé de se complaire dans la tranquilité''. Il a pointé un doigt accusateur face au gouvernement pendant les dix dernières années: ''Nous étions constamment dans la réaction. Si nous avions lancé une attaque surprise contre le Hamas, nous n'en serions pas là''.
Sur le plan politique, Argaman défend une position tolérante envers l'Autorité palestinienne et attaque le gouvernement: ''Après le malheur qui s'est abattu sur nous, je suis toujours optimiste, parce que d'une part nous n'avons pas le choix et d'autre part, je pense que le peuple d'Israël mérite mieux. Mais pour que cela se produise, nous devons d'abord changer ce gouvernement de malheur. Nous n'avons pas d'autre choix, nous devons le changer, sinon nous ne pouvons pas être optimistes. Ce gouvernement est le coeur de l'échec et nous empêche d'envisager un avenir après Gaza, il nous empêche de constituer une coalition sous l'égide des Etats-Unis, avec la participation des Etats sunnites, contre l'Iran''.
Sur l'autorité palestinienne, Argaman a déclaré: ''L'Autorité palestinienne n'encourage pas le terrorisme. Elle conçoit de vivre à côté de nous. C'est avec elle que nous devons apprendre à vivre et nous devons tout faire pour qu'elle prenne les rennes dans la Bande de Gaza''.
Les membres du forum ''Bo'harim Ba'haïm'' constitué de parents de victimes du terrorisme ont été profondément choqués par les propos d'Argaman: ''Celui qui n'a pas su identifier le danger du Hamas, n'identifie pas celui de l'Autorité palestinienne. Il est triste de constater que lui et ses semblables sont ceux qui dirigent les services de sécurité du pays. Ils possèdent une vision déformée qui considère que ceux qui paient les assassins de nos enfants sont des partenaires pour la paix. Nous aurions attendu après le 7 octobre de personnes comme Argaman, qu'elles comprennent que leur vision est erronée mais hélas cela ne semble pas être le cas''.
Rappelons, par ailleurs, que Nadav Argaman avait participé aux manifestations contre la réforme judiciaire l'année dernière et avait même dit ''comprendre'' les réservistes qui refusaient de poursuivre leur service si la loi sur la clause de raisonnabilité était votée.