A l'ordre du jour se trouvait la question du retour des travailleurs palestiniens de Judée-Samarie sur leur lieu de travail en Israël. Depuis le 7 octobre, seuls quelques milliers de travailleurs palestiniens, dans des secteurs vitaux, ont le droit d'entrer sur le territoire israélien. Les 50 à 60000 travailleurs palestiniens qui entraient chaque jour depuis la Judée-Samarie ne travaillent plus depuis le début de la guerre.
Le Premier ministre Netanyahou était en faveur de ce retour. Mais tous les ministres du cabinet ont voté contre.
Dès l'ouverture des débats du cabinet, le ministre Smotrich a indiqué qu'il s'opposait catégoriquement à l'entrée de travailleurs palestiniens en Israël.
Un délégué du conseil de sécurité nationale a présenté un plan qui permettrait le retour contrôlé de ces travailleurs sur le territoire israélien qui n'a pas convaincu les ministres.
Les ministres Barkat et Saar ont fait savoir leur opposition au retour des travailleurs palestiniens.
Le ministre de l'Economie, Nir Barkat, a déclaré à l'attention du conseiller économique de Netanyahou, Avi Simhon: ''Vous vivez encore le 6 octobre. Vous n'avez pas intégré que l'ordre des choses a changé. Nous ne voulons plus être dépendants des travailleurs palestiniens''.
Il a ensuite dénoncé les obstacles pour mener à bien cet objectif: ''Il y a, au sein du ministère des Finances, des acteurs qui empêchent l'arrivée de travailleurs étrangers et qui nuisent à l'économie. L'époque où Israël dépendait de la main-d'oeuvre palestinienne est révolue. Nous devons créer une alternative. Vous voulez faire entrer l'ennemi sur le sol israélien? Etes-vous devenus fous? Vous n'avez rien appris du 7 octobre?''.
Le ministre Saar a également critiqué le plan présenté par le conseil de sécurité national: ''Parmi les critères que vous présentez, il y a celui de l'âge: ne pourront entrer que les hommes mariés de plus de 35 ans. Mais vous avez oublié combien d'attentats ont été perpétré par des hommes mariés de plus de 35 ans. Comme il est difficile de lutter contre la bureaucratie qui bloquent l'arrivée de travailleurs étrangers vous voulez faire entrer des Palestiniens. C'est incroyable''.
Avi Simhon, le conseiller économique du Premier ministre, a soutenu que si l'économie n'allait pas s'effondrer sans la main d'oeuvre palestinienne, elle serait considérablement ralentie en faisant valoir que le secteur de la construction immobilière était à l'arrêt. ''Les dommages se chiffrent à 10 milliards de shekels. Il faut au moins laisser entrer ceux qui travaillent dans ce secteur d'activité''.
L'autre secteur durement touché par l'absence de cette main-d'oeuvre est le secteur agricole, et le ministre de l'Agriculture, Avi Dichter s'est, lui, prononcé en faveur du retour des travailleurs palestiniens.
Au sein des services de sécurité, les avis étaient partagés. Pour la police, le retour de la main-d'oeuvre palestinienne représente un réel danger: ''Les événements du 7 octobre ont montré que l'entrée de main-d'oeuvre palestinienne constituait un risque sécuritaire. C'est valable aussi pour les travailleurs de Judée-Samarie qui sont sujets à une incitation à la haine et à des menaces importantes. Ils peuvent devenir des terroristes ou transmettre des informations. Déjà aujourd'hui, la police oeuvre pour arrêter les milliers de clandestins palestiniens sur notre territoire issus de Judée-Samarie. Ce n'est pas la peine d'en rajouter'', a déclaré la représentante de la police.
En revanche, le Shabak est favorable à ce retour: ''Il existe un besoin sécuritaire. La situation des gens qui ne peuvent pas travailler est explosive''. Selon les services de renseignements, les travailleurs qui n'ont plus d'activité risquent de devenir des terroristes.
Mais, aucune garantie convaincante n'a été fournie par ces mêmes services concernant le fait que cette main-d'oeuvre se contenterait de venir le matin et de repartir le soir et que personne ne chercherait à rester illégalement sur le territoire israélien pour y commettre des crimes.
Les ministres ont demandé que tout soit fait pour faire venir une autre main-d'oeuvre que celle des Palestiniens de Judée-Samarie.
Finalement, le Premier ministre Netanyahou, les ministres Ben Tsur (Travail) et Dichter (Agriculture) étaient pour le retour des travailleurs palestiniens. Tous les autres, y compris le ministre du Logement, Itshak Goldknopf, étaient contre. Comprenant qu'ils n'auraient pas la majorité, les ministres Ben Tsur et Dichter n'ont pas participé au vote.
Ce vote ne vaut pas décision. Désormais la balle est dans le camp du cabinet de sécurité qui doit trancher. Le secrétaire du gouvernement, Yossi Fuchs, a assuré que le Premier ministre se battrait pour faire valoir son opinion.