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Le 7 octobre, la bordure de Gaza était-elle vraiment délaissée par Tsahal au profit de la Judée-Samarie?

4 minutes
3 novembre 2023

ParIsraJ

Le 7 octobre, la bordure de Gaza était-elle vraiment délaissée par Tsahal au profit de la Judée-Samarie?
Photo: Porte-parole Tsahal

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Depuis le 7 octobre, circule une théorie qui s'est ancrée dans le débat public, notamment sur les réseaux sociaux, suivant laquelle, les massacres du Hamas ont été rendus possible parce que la bordure de Gaza n'était pas suffisamment protégée. Et pourquoi? Parce que plusieurs bataillons auraient été déplacés du sud vers la Judée-Samarie pour protéger les habitants des implantations et ''leurs provocations'' ajoutent les plus virulents.

 

Il convient de faire un peu d'ordre dans ces affirmations.

1. Tout d'abord, précisons ce qui va de soi: les habitants de Judée-Samarie sont des citoyens à part entière et ont également le droit à une protection. Quand bien même plusieurs bataillons ont été affectés à la Judée-Samarie, cela se justifiait par l'augmentation drastique des attentats terroristes ces derniers mois causant la mort de nombreux Israéliens. Inutile de préciser que ces renforts visaient à protéger la vie des habitants de ces régions et non à gérer ''leurs provocations'' fantasmées par beaucoup d'opposants à la présence juive dans ces territoires. Ces affirmations ne sont qu'une façon obscène de rendre la victime coupable.

2. La superficie de la bordure de Gaza est de 300 km2, celle de la Judée-Samarie de 6200 km2. Quoi de plus logique que d'affecter plus de forces à la surveillance d'un territoire 20 fois plus grand et dont la topographie est beaucoup plus complexe que celle de la bordure de Gaza.

3. La présence militaire en Judée-Samarie ne sert pas uniquement à la protection des habitants de cette région. Elle sert aussi à protéger les villes du centre du pays et la région de Jérusalem. En effet, des villes comme Kfar Saba ou Rosh Haayin, mais aussi Tel Aviv et l'aéroport Ben Gourion ou Jérusalem ne sont qu'à quelques kilomètres de la ligne verte. Si l'armée délaissait ces positions, les terroristes pourraient attaquer tous ces centres urbains. Nous avons, hélas, vu de quoi ils étaient capables.
A titre d'illustration, Ofakim où sont arrivés les terroristes du 7 octobre, est à environ 21 kilomètres, à vol d'oiseau, de la Bande de Gaza. Herzliya à seulement environ 15 kilomètres de la ligne verte, à vol d'oiseau.

4. La situation à la bordure de Gaza, le 6 octobre, n'était pas considérée comme inquiétante par les services de sécurité et les services de renseignements. La preuve: une fête avec 3000 jeunes avait obtenu toutes les autorisations pour se tenir à seulement 4 kilomètres de la frontière avec Gaza. Autre preuve: les soldats ont été nombreux à obtenir une permission ce Shabbat en question, parce que justement aucun élément en possession de l'armée ne justifiait de les retenir dans leurs bases. Là aussi, une théorie attribue aux ministres religieux d'avoir fait pression sur l'armée pour libérer les soldats pour Simhat Torah. Ce ne sont pas les ministres qui décident des permissions accordées aux soldats et pourquoi alors, les seuls bataillons allégés ce Shabbat auraient été ceux du sud et pas les autres? La réponse est évidente: l'armée, la seule à décider qui peut avoir une permission pour Shabbat, n'avait pas de craintes particulières quant à la situation sécuritaire à la bordure de Gaza, le 6 octobre. D'ailleurs, même au cours de la nuit qui a précédé les massacres, les premières alertes n'ont pas suffi à faire réagir le commandement militaire qui n'a pas jugé utile de réveiller les soldats dans les bases à la frontière avec Gaza.

 

Ces théories à la limite du complotisme ne servent qu'à nous diviser un peu plus. Ne tombons pas dans ce piège. Le drame qui nous a frappés est suffisamment insoutenable et insupportable pour que nous rajoutions encore de la rancoeur entre nous, ne causant que plus de souffrances.

A la fin de la guerre, l'enquête sera menée en profondeur par des experts militaires et stratégiques, qui détermineront les responsabilités de chacun. Les leçons seront tirées.

 
Guitel Ben-Ishay