Vie politique

Amir Ohana aux juges de la Cour suprême: ”La Knesset ne se laissera pas piétiner”

5 minutes
6 septembre 2023

ParIsraJ

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Alors qu'il avait été relativement silencieux jusque-là, le président de la Knesset, Amir Ohana, a convoqué ce soir une conférence de presse pour évoquer les audiences à la Cour suprême concernant des lois fondamentales votées par le parlement.

Ohana a souhaité mettre le holà: ''A la veille de la nouvelle année, l'Etat d'Israël se trouve à la croisée des chemins. La nécessite d'équilibrer les relations entre les pouvoirs se fait sentir plus que jamais lorqu'il semble que la dernière limite va être franchie: l'invalidation d'une Loi fondamentale par le pouvoir judiciaire. Ce soir, en tant que président de la Knesset, je veux mettre un panneau 'Stop'. En ce moment, nous sommes devant un carrefour dangereux, alors que d'ici peu la Cour suprême va juger de la question de la validité de lois fondamentales. Israël est un Etat démocratique, la démocratie est le pouvoir du peuple. Il confie sa souveraineté aux élus, chaque citoyen suivant sa vision du monde et sa volonté, qui, soit sur la base d'un large consensus soit par la majorité des voix, prennent les décisions et les lois pour lui. C'est ainsi que cela a toujours fonctionné et que cela continuera à fonctionner.

Dans un Etat démocratique, le pouvoir judiciaire respecte le souverain, qui est le peuple et le respect est mutuel. Il n'existe pas et il ne peut y avoir de discussions sur le fait de savoir si la Knesset a octroyé à la Cour suprême le pouvoir d'annuler ou de modifier une loi fondamentale. La réponse est claire et personne ne peut répondre autrement: non. Il n'existe aucun texte de loi qui lui confère, même entre les lignes, le pouvoir de faire cela.

Le pouvoir constituant appartient à la Knesset qui représente le peuple et à elle seule. Il est important de comprendre: prétendre le contraire n'est pas s'opposer à la coalition ou un quelconque parti mais c'est s'opposer à la Knesset et à la démocratie israélienne''.

 

Amir Ohana a poursuivi: ''Je suis conscient du fait que dans le public israélien, et pas uniquement d'un côté spécifique de l'échiquier politique, il y a des craintes et des peurs. Même si je ne les partage pas, je ne peux pas les nier. Mais la réponse à ces craintes n'est pas dans la transformation d'Israël en un pays dans lequel les élections ne changent rien et la Knesset élue ne peut pas légiférer. Le système judiciaire m'est cher, pendant la majorité de ma vie j'en ai fait partie. Il n'y a pas de débat sur l'importance d'un système judiciaire fort et indépendant sur l'importance de la confiance du public dans le système judiciaire. Le débat est sur le rôle du système judiciaire par rapport aux autres pouvoirs et aux conséquences qui en découlent, sur son rôle face au public''

Puis il a ajouté: ''En tant que président de la Knesset, je demande à la Cour suprême et à ses juges que je respecte beaucoup, je les ai toujours respectés même lorsque je n'étais pas d'accord avec eux: reconnaissez les limites de votre pouvoir, pas uniquement celles des autres pouvoirs. Reconnaissez que dans une démocratie, aucun des trois pouvoirs n'est tout puissant. Je pense que le pouvoir exécutif l'a compris, je sais que le pouvoir législatif l'a intégré. Maintenant c'est à votre tour''.

 

 

Amir Ohana a immédiatement été félicité par le ministre de la Justice pour ses propos: ''Je félicite le président de la Knesset pour son discours courageux et pour défendre avec vigueur le statut de la Knesset et ses pouvoirs. J'espère que ces propos trouveront une oreille attentive chez les juges de la Cour suprême et que la Cour respectera les pouvoirs du gouvernement et de la Knesset ainsi que la souveraineté du peuple''.

L'opposition, quant à elle, y a vu une attaque contre le pouvoir judiciaire et une tentative d'intimidation des juges juste avant les différentes audiences qui doivent se dérouler ce mois-ci. Yaïr Lapid a déclaré: ''Ceux qui ont entendu  Amir Ohana aujourd'hui se demande où s'arrêteront-ils? Pourquoi ils s'attachent tellement à diviser et fracturer le peuple? Pourquoi le président de la Knesset cherche à détruire la Knesset?''.

La chaine N12 a publié le message de menaces de 1340 anciens soldats d'unités spéciales après cette déclaration d'Amir Ohana: ''Un gouvernement qui ne se pliera pas au verdict de la Cour suprême se retrouvera le lendemain matin sans armée, sans Shabak et sans Mossad''. Il est important de préciser qu'en dehors du chiffre -1340- aucune information n'est donnée sur l'identité des auteurs de ce message relayé par la chaine la plus regardée du pays.

La Force Kaplan, le mouvement de protestation contre le gouvernement a, quant à lui, estimé: ''Il s'agit d'une menace digne de la mafia sur la Cour suprême, à la veille des audiences contre la tentative de renversement de régime. Ohana, dans un spectacle d'horreur qui rappelle Netanyahou sur les marches du Palais de Justice, essaie de de dégager à l'aide de menaces le chemin pour le bulldozer''.