Société

Une journaliste israélienne accuse des orthodoxes de l’avoir obligée à changer de place dans un avion parce qu’elle est une femme

5 minutes
16 août 2023

ParIsraJ

Une journaliste israélienne accuse des orthodoxes de l’avoir obligée à changer de place dans un avion parce qu’elle est une femme

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La journaliste Neria Kraus, de la chaine israélienne 13, a déclenché une tempête internationale hier (mardi). Elle a tweeté à bord d'un vol United Airlines vers New York que des hommes orthodoxes l'avait obligée à changer de place dans l'avion parce qu'elle était une femme.

Elle a écrit, en direct, hier: ''Des orthodoxes dans l'avion maintenant essaient de me faire changer de place. Parce que je suis une femme. United Airlines ne s'en occupe pas. On me dit qu'à cause de moi, l'avion ne décollera pas. Quelle honte''.

Elle a accompagné son tweet d'une photo de trois hommes orthodoxes, assis dans l'avion en train de lire, qu'elle désigne comme ceux qui l'ont importunée.

La journaliste a continué à décrire la scène, en disant à quel point elle s'est sentie humiliée.

Pendant toute la journée d'hier, cet incident a été rapporté dans les divers médias israéliens mettant au pilori ces hommes orthodoxes qui étaient coupables, selon eux, de discrimination envers une femme.

Photo: Page Twitter Neria Kraus


Neria Kraus a même pris la peine de tweeter en anglais pour dénoncer le comportement de ces hommes et de la compagnie aérienne américaine.

Ses tweets sont devenus viraux et très rapidement, des amis des hommes pris en photo les ont reconnus. Ils ont été très étonnés de l'événement. L'un de ces hommes n'est autre qu'un membre connu de la communauté de Brooklyn qui reçoit chez lui beaucoup de familles partiquantes et non pratiquantes tous les shabbat.

Finalement, à l'atterrisage, ce dernier a été interrogé par Daniel Amram, qui s'attache sur Twitter à démonter les fake news et qui est proche de la gauche israélienne. Selon la version de l'homme accusé par Neria Kraus, il voyageait avec son fils et un ami de son fils. Les deux jeunes voulaient être assis à côté, ils ont donc poliment demandé à la journaliste israélienne si elle voulait bien changer de place. ''Je portais une casquette'', raconte l'homme qui n'a pas de barbe, ''dès que je l'ai enlevée et qu'elle a vu ma kippa noire, elle a commencé à crier à la discrimination contre les femmes''.

L'homme se défend d'une telle intention et affirme qu'il voulait simplement permettre à son fils d'être assis à côté de son ami. Il a même fini par lui dire qu'elle n'était pas obligée de bouger. L'hôtesse de l'air, quant à elle, n'a pas accusé exclusivement Neria Kraus, elle s'est adressée à tout le monde en disant que s'il y avait une dispute, l'avion ne décollerait pas.

Une version qui met à mal les accusations anti-orthodoxes de la journaliste israélienne que certains avaient déjà mis en doute hier, s'étonnant notamment qu'elle ne poste qu'une photo, sans vidéo qui prouve ses dires.

 

Cet incident s'ajoute à une série de témoignages ces derniers jours de femmes qui affirment avoir été victimes de discrimination dans les transports en commun en Israël. D'ailleurs, la veille de son incident dans l'avion, Neria Kraus avait tweeté à ce sujet: ''Cela fait des mois que j'entends: 'Vous vous faites des films, les droits des femmes ne seront pas touchés'. Dans la réalité: des femmes se sont assises à l'arrière d'un autobus, des femmes ont dû se couvrir, femmes, ne montez pas, c'est un bus réservé aux hommes''.
Elle faisait référence au fait qu'à Ashdod, un chauffeur de bus qui n'est pas orthodoxe a demandé à un groupe de jeunes filles de s'assoir à l'arrière de son bus et à se couvrir parce qu'elle n'était pas habillées décemment et qu'il y avait des orthodoxes dans le bus. Les garçons qui étaient avec elles ont dû s'assoir à l'avant du bus. Le groupe a témoigné que certains des passagers orthodoxes leur ont dit que cela ne leur posait pas de problème qu'elles s'assoient où elles veulent, mais le chauffeur s'y est opposé leur faisant des remarques sur la manière dont elles étaient vêtues.


 

L'organisme féministe, ''Bonot Alternativa'' (Construire une alternative), très actif dans la protestation contre le gouvernement, a lancé une campagne pour encourager les femmes à filmer leurs voyages en autobus avec des consignes très précises sur la manière de filmer, les réactions à avoir. Un flyer a été publié à cet effet, avec toutes les recommandations.

L'opposition a décidé aussi de récupérer ces événements sporadiques pour les transformer en phénomène de société. Yaïr Lapid organise aujourd'hui (mercredi), à la Knesset, une réunion exceptionnelle sur le thème de la discrimination contre les femmes ''compte-tenu de l'augmentation dramatique des cas où des femmes sont discriminées dans l'espace public''.

 

Rappelons que depuis le début de la protestation contre le gouvernement, la thèse selon laquelle le gouvernement a pour objectif d'exclure les femmes de l'espace public est savamment mise en scène notamment par le biais des défilés de ''servantes écarlates''.

Photo by Anat Hermony/Flash90


Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a réagi dans un communiqué officiel en affirmant que: ''L'Etat d'Israël est un Etat libre dans lequel personne ne sera restreint dans son droit d'utiliser les transports en commun et ne se verra dicter la place où il doit s'asseoir. Tous ceux qui violent la loi devront répondre de leurs actes'', a conclu le Premier ministre insinuant qu'il estime que les chauffeurs ou les passagers qui se rendent coupables de discrimination envers les femmes doivent être punis.