Vie politique

Hagit Rhein, la mère de Bnaya, tombé au Liban en 2006: ”On m’a dit ‘Vous n’êtes pas notre soeur”’

5 minutes
7 août 2023

ParIsraJ

Hagit Rhein, la mère de Bnaya, tombé au Liban en 2006: ”On m’a dit ‘Vous n’êtes pas notre soeur”’
Bnaya Rhein, z'l. Photo: Famille

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Bnaya Rhein, z'l, est tombé lors de la deuxième guerre du Liban, en 2006. Agé de 27 ans, il était à la tête de ce qui avait été appelé la ''Force Bnaya'', une équipe de tankistes qui se rendait partout où des soldats, vivants ou morts, avaient besoin d'être évacués. Bnaya avait insisté pour être enrôlé pour la guerre, il tenait à participer à l'effort pour défendre le pays.
Avec son équipe de la Force Bnaya, il a sauvé de nombreux soldats et a permis d'enterrer plusieurs victimes de cette guerre. Le 12 août 2006 (19 av 5766), le tank de Bnaya a été touché par un missile antichar du Hezbollah, alors qu'il était en route pour une mission de sauvetage. Bnaya et toute son équipe à bord du tank ont péri. Bnaya a laissé derrière lui ses parents, quatre frères et trois soeurs.

 

Sa mère Hagit a prononcé un discours aujourd'hui (lundi), à l'occasion de l'anniversaire de son décès. Elle a partagé son souvenir du jour où Bnaya s'est enrôlé. La voyant pleurer, il l'a prise à part et lui a dit: ''Maman, vous nous avez éduqué à tout donner, et parfois tout c'est vraiment tout. Il faut que tu t'en souviennes''. Alors oui, je m'en souviens. Et comment. Chaque jour, nous essayons de continuer à servir Dieu dans la joie, à construire, à nous porter volontaires, à accompagner des familles endeuillées. Pour remplir par des actes et encore des actes, le vide qui s'est formé depuis 17 ans'', a témoigné la mère endeuillée.

 

Elle a choisi cette année d'évoquer la situation dans le pays, lors de la hazkara de son fils en critiquant sévèrement les réservistes qui refusent de se présenter, en particulier l'organisation Ah'im Laneshek.

''Nous remercions Dieu qui nous donne chaque jour la force. Mais, ces derniers mois, le pays a changé de visage. Des manifestations violentes, des routes bloquées, des pneus brûlés, des paroles désagréables comme 'vous n'êtes pas mes frères', on m'a même craché dessus. Et je te demande Bnaya: entendre des mots comme ''vous n'êtes pas ma soeur'', je dois supporter de pareilles phrases après avoir donné ce que j'ai de plus cher à mes frères, à mon pays? C'est comme une flèche remplie de poison qui touche en plein coeur. (...)

Et avec ça, ils se font appeler Ah'im Laneshek (frères d'armes). Alors ils sont des frères ou pas? Je leur réponds: vous êtes leurs frères, pour toujours. Je voudrais les appeler plutôt, Ah'im Lah'eshek (frères d'envie). Quand ils en ont envie, ils viennent, quand ils s'accomodent du pouvoir, ils viennent. Mais moi, cela ne me convient pas. Nous devons toujours venir''.

 

Elle a ajouté: ''Il y a un nouveau concept, 'la force Kaplan'. Moi je ne connais qu'un seul concept: la 'force Bnaya', c'est ton tank qui a effectué un nombre incalculable de sauvetages. Et qui était cette force dans le tank? Tes frères de tout le peuple d'Israël. Ori Grossman, le fils de David Grossman, écrivain de gauche, Adam Goren, du Kibboutz Maabarot de l'Hashomer Hatsaïr, Alex Bonimovitch, olé hadash de Russie et toi, habitant de Judée-Samarie, de droite et religieux. Vous vous êtes tous battus ensemble, dans un but: protéger le peuple d'Israël. Jusqu'à aujourd'hui, je connaissais différents commandos. Aujourd'hui, j'entends qu'il existe un commando ''du refus'', le refus de venir en milouïm. C'est une honte. Une honte. Aller en milouïm au sein de l'armée de défense d'Israël est un mérite et non un devoir''.

 

Hagit Rein a expliqué pourquoi elle avait décidé de parler de ce sujet cette année le jour de la hazkara de son fils, tombé dans une guerre pendant laquelle, Ehud Olmert était Premier ministre et Dan Halutz, Chef d'Etat-major : ''Pourquoi me tairai-je quand mon pays change de visage? Après la guerre du Liban, dans le désordre et après les défaillances, je n'ai pas été manifester. Je n'ai pas crié. J'ai dit entre quatre yeux à qui de droit mon avis sur ce qu'il fallait améliorer et les leçons qu'il fallait tirer pour les prochaines guerres. Tu es parti en guerre au nom de l'Eternel Dieu des armées, pour le peuple d'Israël dans son ensemble et non pour un Chef d'Etat-major particulier ou un Premier ministre particulier. Ils étaient juste les dirigeants au mauvais moment au mauvais endroit.

Pourquoi est-ce que je parle publiquement après m'être tue jusqu'à maintenant? Parce que l'ancien Premier ministre, l'ancien Chef d'Etat-major et tous les 'anciens' qui officiaient pendant la deuxième guerre du Liban sont les chefs de la protestation actuelle, qui appelle au refus de servir et à la rebellion civile. L'ancien Premier ministre qui appelle les Américains à isoler Israël est le même qui avait dit la veille de la guerre que si nous gagnions au Liban nous continuerions à nous recentrer en Judée-Samarie, une manière édulcorée de parler d'expulsion, comme il l'avait si bien fait lors de la terrible expulsion du Goush Katif''.

 

La mère de Bnaya Rhein a tenu à terminer par une prière: ''En ce moment, je me dis que nous sommes dans un processus profond de clarification au sein de la société. Qui sommes-nous? Quelle est notre identité? Est-ce que nous sommes un Etat juif et démocratique ou, à Dieu ne plaise, l'Etat de tous ses citoyens. S'il te plait Bnaya, demande à Dieu que cette clarification qui fait si mal et m'empêche de dormir, se passe sans trop de souffrances et avec miséricorde. Je prie pour que le jour arrive où je pourrai embrasser tous les Ah'im Laneshek, parce qu'ils sont tous mes frères, et que nous n'avons pas d'autre pays''.