Le chef d'accusation de corruption était le plus lourd qui pesait sur Netanyahou dans tous les dossiers pour lequels il est jugé en ce moment. Les journalistes juridiques des chaines 12 et 13 et des principaux journaux du pays en ont fait des gorges chaudes pendant des années, assurant que les preuves étaient ''béton''. Le chef de la police de l'époque, Rony Alcheikh, interrogé sur les dossiers Netanyahou après sa décision de demander sa mise en examen, avait assuré connaitre chaque mot, chaque virgule des dossiers qui étaient accablants. Le conseiller juridique du gouvernement d'alors, Avihaï Mandelblitt, avait annoncé à la nation ''le coeur lourd mais convaincu'' qu'il avait décidé de mettre en examen le Premier ministre en exercice de l'Etat d'Israël. Les commentateurs avaient regretté ''un jour triste pour Israël où le Premier ministre est mis en examen pour corruption''.
Les déclarations à ce sujet prononcées avec aplomb ne manque pas.
Et c'est sans parler des moyens très importants mis en oeuvre sur ces dossiers en termes humains et financiers; des méthodes d'investigation mises à jour lors du procès qui ont inclus l'intimidation de témoin, des interrogatoires de personnes âgées sans aucune justification et dans des conditions humiliantes et des menaces sur les proches des personnes interrogées.
C'est sous le slogan de ''Netanyahou corrompu'' que les grandes manifestations rue Balfour ont été menées pendant des mois, que la moitié de la classe politique israélienne a décidé de boycotter le Premier ministre et de refuser de former une coalition avec lui. C'est donc cette accusation qui a été à l'origine de cinq élections coup sur coup en Israël et d'une crise politique et sociale sans précédent.
Hier, on apprenait donc qu'il ne s'agissait que d'un ballon de baudruche. Netanyahou ne sera pas reconnu coupable de corruption. A cela s'ajoute l'effondrement du dossier 3000 dit des sous-marins, duquel Netanyahou sortira vraisemblablement blanchi et les zones d'ombre des dossiers 1000 et 2000 qui surgissent au fur et à mesure que le procès avance.
Il ne reste plus que deux chefs d'accusation: la fraude et l'abus de confiance, qui représentent des infractions beaucoup moins graves et qui n'ont pas encore été prouvées complètement. Ce dimanche, l'homme d'affaires Arnon Milchan doit témoigner, depuis Londres, devant la Cour dans le dossier 1000, dit des cadeaux.
Les membres de la coalition ont rapidement réagi hier, en apportant leur soutien au Premier ministre. La ministre de la Hasbara, Galit Distel Atbaryan, a remercié ''le père de la nation'' pour avoir tenu bon pendant toutes ces années, malgré le harcèlement judiciaire dont il a fait l'objet.
Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a tweeté: ''Il s'agit d'une sonnette d'alarme qui plane sur toute la procédure d'enquête sur Netanyahou. Toute personne sensée peut voir les trous et les questions sans précédent. Je suis heureux que la vérité commence à sortir''.
Yoav Kisch, le ministre de l'Education, a écrit: ''Après des années de persécution médiatique et juridique contre le Premier ministre, une persécution qui a bouleversé tout un pays, aujourd'hui les juges ont annoncé clairement qu'il n'y avait aucune chance pour que l'accusation de corruption soit prouvée. Netanyahou a subi une persécution inhumaine qui était mensongère depuis le début''.
Le ministre de la Justice, Yariv Levin, a estimé: ''La persécution politique et juridique la plus grave de l'histoire du pays s'effondre. Comment ne pas être outré de ce qui se passe en ce moment, de ce qui est révélé pas à pas? Même si cela doit prendre des années, la vérité doit éclater''.
Dans les rangs de l'opposition, il n'y a que Guidon Saar, l'ancien ministre de la Justice qui a réagi. Il a demandé à ce qu'un arrangement à l'amiable soit trouvé avec Netanyahou sur les dossiers en cours afin de mettre un terme le plus rapidement possible à cette ''saga''.
Plus remarquable, le mea culpa d'Eldad Yaniv, le chef de file des manifestations de Balfour avant 2019 et devant le domicile de Mandelblitt pour que Netanyahou soit mis en examen. Cela fait plusieurs mois maintenant que ce militant est devenu plus prudent sur ses prises de position, estimant qu'il avait obtenu ce qu'il voulait: que Netanyahou soit jugé et qu'il fallait attendre la fin de son procès désormais. Au fur et à mesure des débats devant le tribunal, Yaniv s'est aperçu que les accusations contre Netanyahou n'étaient pas si clairement fondées.
Hier, il a reconnu: ''Clap de fin. Il n'y a pas de corruption dans le dossier 4000 (Bezeq-Walla). Il n'y a pas de dossier 3000 (sous-marins). Les gens comme moi doivent rendre des comptes au public pour expliquer comment (même si nous avons été induits en erreur par les enquêteurs de la police et les journalistes), nous avons pu contribuer à diffuser ces affabulations''.
D'autres s'entêtent et continuent à clamer que Netanyahou est un corrompu qui reste accusé de faits très graves, peu importe si l'accusation de corruption est abandonnée.
Finalement, la question que tout le monde se pose aujourd'hui est de savoir si toute cette procédure judiciaire contre le Premier ministre, qui dure depuis sept ans, se terminera comme ce dernier le martèle depuis le début: ''Il n'y aura rien, parce qu'il n'y a rien''.