Vie politique

Election de Karine Elharrar: les électeurs de droite fulminent

4 minutes
15 juin 2023

ParIsraJ

Election de Karine Elharrar: les électeurs de droite fulminent
Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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Le drame qui s'est produit hier (mercredi) à la Knesset avec l'élection de Karine Elharrar (Yesh Atid) à la commission de nomination des juges a laissé un goût amer aux électeurs de droite.
En effet, depuis quelques mois maintenant, ils ont l'impression que leur suffrage n'a aucune importance. Ils ont voté, élu une coalition largement majoritaire à la Knesset mais ne voient pas appliquer la politique qu'ils appellent de leur voeu.

 

Ils ont accepté, sans trop sourciller, la suspension du processus législatif de la réforme judiciaire au nom de négociations avec l'opposition sous l'égide du président. Cela fait maintenant trois mois qu'elles durent et aucune avancée n'a été présentée.

Au contraire, les menaces de la part de l'opposition et des leaders de la protestation dans les rues n'ont pas faibli. A chaque étape, une autre condition est posée. Comme l'a rappelé hier Binyamin Netanyahou après le vote à la Knesset: ''Aujourd'hui, nous avons eu la preuve ultime que Gantz et Lapid ont cherché par tous les moyens à faire échouer les négociations. Il y a trois mois, ils ont dit que si nous acceptions de faire une pause dans le processus législatif, ils viendraient dialoguer. Nous avons décidé de faire une pause mais ils ne sont pas venus dialoguer. Ils ont rejeté toutes les propositions même les plus généreuses que nous avons faites. Et aujourd'hui, ils ont innové: hier ils ont dit que si leur représentante n'était pas élue à la commission de nomination des juges, ils arrêteraient les discussions. Leur représentante a été élue et malgré cela, ils ont annoncé qu'ils arrêtaient les discussions. Gantz et Lapid ne veulent pas de réelles négociations''.

 

Le public de droite qui veut cette réforme a fait part hier de sa déception après l'élection de Karine Elharrar. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont déclaré qu'ils en avaient fini avec le Likoud et Binyamin Netanyahou.

Le mouvement Im Tirstu, qui est pourtant un fervent soutien du Premier ministre, a annoncé une grande manifestation de droite ce soir devant le domicile de Netanyahou à Césarée avec comme mot d'ordre: ''Nous venons à Césarée pour demander au Premier ministre la réforme maintenant! Vous l'avez promis, tenez votre promesse!''.

 

Netanyahou a promis hier soir dans son intervention qu'il agirait en responsabilité ''dans l'intérêt de l'Etat''. Dans des conversations privées, il se serait engagé à faire passer une partie des mesures de la réforme, à un rythme très prudent et en commençant par les parties qui font l'objet d'un consensus comme le statut des conseillers juridiques et la clause de raisonnabilité. Mais pour l'heure, la mesure clé à savoir la composition de la commission de nomination des juges, chère à Yariv Levin et aux partisans inconditionnels de la réforme, n'est pas à l'ordre du jour.

 

Dans l'entourage de Netanyahou, on justifie son peu d'entrain à promouvoir la réforme coûte que coûte par une vision plus globale de la situation. En effet, le Premier ministre voit les dégâts que causent les opposants à la réforme à l'économie du pays avec des marchés financiers qui réagissent à chaque petite évolution sur le plan de la réforme, poussés par les mouvements de protestation qui créent un certain chaos à l'intérieur du pays. Par ailleurs, il sait que ces protestataires sont prêts à tout, comme ils l'ont déjà montré, par une grève générale, des menaces de ne plus servir dans l'armée ou le blocage des routes. Depuis le début de son mandat, le pays est en proie à une instabilité que Netanyahou voudrait apaiser.
Le Premier ministre a tiré la conclusion suivante des événements de ces derniers mois: tant que le gouvernement sera concentré sur la réforme judiciaire, il ne pourra pas travailler et il veut désormais se concentrer sur les problématiques économiques - cherté de la vie-, diplomatiques - amélioration des relations avec Washington, élargissement des accords d'Avraham - et sécuritaires - menace iranienne, terrorisme. Pour cela, il lui faut du calme dans les rues.

 

Pour la base de droite, cette approche n'est autre qu'une soumission au chantage et aux menaces de ceux qui n'acceptent pas le résultat des élections. Elle met en garde contre un engrenage duquel le gouvernement ne pourra jamais sortir et qui l'empêchera de toute façon d'agir à chaque fois qu'il décidera d'une mesure qui ne trouvera pas grâce aux yeux de l'opposition.