Aujourd'hui, Sarit Ahmad, 18 ans, a été tuée par ses frères parce qu'elle était homosexuelle. Déjà menacée depuis longtemps, elle avait alerté la police et ses frères avaient écopé d'une légère peine. Elle était dans un refuge.
Plus tard dans la journée, un bédouin qui tentait de voler un tracteur dans une exploitation agricole dans le Neguev a été poignardé à mort par un travailleur étranger.
Ces deux meurtres interviennent après une fin de semaine particulièrement sanglante, alors que jeudi cinq personnes ont été assassinées dans le village de Yafia, près de Nazareth et quelques heures plus tard, sur la route 5 près de Rosh Ha’ayin, un homme a été abattu en représailles.
Face à cette situation qui se dégrade de jour en jour, le Premier ministre et le ministre de la Sécurité nationale tentent de trouver la parade. Une des idées avancées et ouvertement annoncée par Netanyahou est d'impliquer le Shabak dans la lutte contre la criminalité dans le secteur arabe.
Cette option ne fait pas l'unanimité en particulier chez les juristes et au sein même du Shabak.
L'organisation agit déjà dans le secteur arabe lorsque la criminalité est à la frontière avec des questions de sécurité nationale. Ainsi, il y a quelques jours lorsque des dizaines de milliers de balles ont été volées dans la base de Tsahal de Tzeelim, le Shabak est intervenu. Dès le lendemain, les Bédouins responsables du vol avaient été arrêtées et les munitions restituées. Mais là, il en allait de la sécurité nationale et pas uniquement de la résolution d'un acte criminel.
Pour le Shabak, tout ce qui concerne la criminalité doit rester la chasse gardée de la police. D'ailleurs, dans la loi, les missions du Shabak sont limitées à toutes les questions de sécurité nationale: terrorisme, espionnage, subversion et préservation du secret défense. Ainsi, tout ce qui concerne les crimes d'honneur, les trafics de drogue, le vol de véhicules, qui sont des sujets qui relèvent du pénal, ne font pas partie des missions du Shabak.
Les juristes précisent: ''Le Shabak assiste déjà la police pour tout ce qui concerne les crimes dans le secteur arabe qui possèdent un caractère sécuritaire. Ceci étant, le Shabak désapprouve l'idée d'être impliqué dans le suivi et la résolution des crimes pénaux dans le secteur arabe de manière automatique, parce qu'il ne veut pas devenir une force de police dans le secteur arabe, également pour ne pas que ses méthodes soient percées. Au lieu de recruter le Shabak pour aider la police, il convient de renforcer les capacités et les effectifs professionnels de celle-ci''.
Le Shabak ne veut pas affecter des hommes à cette mission de police au risque de manquer d'effectifs dans la lutte contre la terreur et craint que si les mêmes méthodes sont utilisées pour ces deux objectifs différents, elles perdent de leur efficacité.
Les services du ministère de la Justice soulignent, par ailleurs, que l'élargissement des compétences du Shabak pourraient représenter un danger pour la démocratie.
Pour le Premier ministre, la criminalité dans le secteur arabe a atteint de tels sommets qu'elle constitue une menace pour la sécurité du pays, ce qui justifie de mobiliser le Shabak. Il veut vérifier s'il est possible d'élargir la loi sur le Shabak ou de faire jouer une faille dans celle-ci afin de lui permettre d'agir contre la criminalité dans le secteur arabe.
Une autre possibilité serait de prendre un décret temporaire pour élargir les missions du Shabak le temps d'endiguer le phénomène.
Demain (dimanche), le Premier ministre tiendra une réunion sur le sujet. Seront présents, notamment: Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, Gali Baharav Miara, la conseillère juridique du gouvernement, Ronen Bar, le chef du Shabak, Tsahi Hanegbi, le directeur de conseil national de sécurité, Kobi Shabtaï, le chef de la police, des représentants du ministère de la Justice.