C'est une petite phrase prononcée par Noa Kirel, quelques instants après sa troisième place à l'Eurovision qui a déclenché la colère des autorités polonaises.
La jeune chanteuse israélienne a déclaré qu'elle était fière de constater que la Pologne avait attribué 12 points à Israël, quand elle pense qu'une grande partie de sa famille a été exterminée pendant la Shoah. ''C'est une victoire'', avait-elle conclu.

 

Elle ne pensait pas alors qu'elle allait se retrouver au coeur d'un scandale diplomatique avec la Pologne. Après ses propos, le très populaire journal polonais Do Rzeczy a titré: ''L'artiste israélienne a évoqué la Shoah et a affirmé que les Polonais étaient responsables de l'assassinat des Juifs''.

L'affaire a pris une tournure politique. Une député, Maria Djokovska a demandé des explications à l'ambassade d'Israël en Pologne: ''Cette affirmation reflète-t-elle le contenu des cours sur la Shoah en Israël? Est-ce que les jeunes en Israël pensent que la Shoah a été commise par la Pologne? Qu'un jeune citoyen israélien pourrait obtenir une victoire morale sur la Pologne après tant d'années ou quoi?''.

Même le ministre polonais des Affaires étrangères s'en est mêlé: ''Le fait que beaucoup d'Israéliens voient la Pologne comme une collaboratrice des crimes allemands et non comme leur victime, est parfois dû à un manque de connaissance. Il y a plusieurs raisons mais l'une d'entre elles se trouve dans les voyages scolaires en Pologne, qui ont créé auprès des participants une telle image de notre pays pendant de nombreuses années. C'est pourquoi, il y a un an, la Pologne a entamé des négociations, que j'ai initiées, avec Israël pour mettre en place une nouvelle version de ces voyages. Les discussions ont été longues et difficiles, mais elles ont atteint leur objectif. L'accord signé en mars a permis d'obtenir que les jeunes Israéliens apprennent l'histoire de notre pays, y compris sur les crimes commis par les Allemands à l'encontre des Polonais''.

Le ministre polonais a invité Noa Kirel en Pologne: ''Noa Kirel sera invitée en Pologne, principalement pour comprendre pourquoi elle a ces idées sur notre pays et pour lui expliquer (...) et qu'elle voie de ses propres yeux les endroits où les nazis ont commis leurs crimes cruels contre les Polonais et les Juifs dans notre pays''.

La question de la responsabilité de la Pologne dans la Shoah a toujours été un point de discorde entre Varsovie et Jérusalem. Les chancelleries israélienne et polonaise se sont accordées par un récent accord pour un retour de l’ambassadeur polonais et une restauration des voyages scolaires à Auschwitz.

Quelle est la contrepartie qu’Israël s’est engagé à donner? Israël et la Pologne ont convenu d’encourager les délégations scolaires à étudier l’histoire de la Pologne, outre la période de la Shoah et d’organiser des rencontres entre les jeunes Israéliens et Polonais.

Les groupes israéliens pourront choisir dans une longue liste de musées relatifs à l’histoire et à la culture polonaises, où ils désirent se rendre.

La Pologne attendrait des groupes israéliens qu’ils apprennent aussi sur  »la souffrance polonaise pendant la Shoah », ce qu’Israël a catégoriquement nié insistant sur le fait que l’accord ne comprend en aucune façon une telle condition, uniquement une découverte de la culture et de l’histoire polonaises.

La Pologne a, par ailleurs, renoncé à la plupart de ses exigences concernant la présentation du narratif polonais relatif à la Shoah.