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Comment retrouver la sécurité face au Djihad islamique à Gaza ? Par Pierre Lurçat

4 minutes
14 mai 2023

ParIsraJ

Comment retrouver la sécurité face au Djihad islamique à Gaza ? Par Pierre Lurçat
Photo by Abed Rahim Khatib/Flash90

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Pendant que l’arrière israélien – qui est devenu depuis longtemps le front de la guerre contre les milices islamistes de Gaza – subissait les attaques de missiles, qui ont fait un mort à Rechovot et des dizaines de blessés, 40 000 personnes assistaient au concert d’Aviv Gefen à Tel-Aviv. Plusieurs commentateurs y ont vu une preuve de la « résilience » de la société israélienne. J’y vois pour ma part une preuve manifeste de la dissonance cognitive dans laquelle vit Israël aujourd’hui.

 

Au-delà de l’indécence de voir des Israéliens chanter et danser pendant que nos ennemis lancent des centaines de roquettes sur nos villes et nos villages (combien d’encre a été versé jadis pour dénoncer « l’arrière » qui fait la fête en pleine guerre, à Paris, New York ou ailleurs) il y là en effet un signe qu’une partie de la société israélienne refuse de voir la réalité dans laquelle nous vivons et préfère se bercer d’illusions et de chansons, même en pleine guerre.

Il faut reconnaître que cette dissonance cognitive n’est pas seulement le fait des habitants de Tel-Aviv, jeunes et moins jeunes, qui sont allés écouter Aviv Gefen. Car en réalité, l’ensemble de la société israélienne est atteinte, à des degrés plus ou moins grands, de ce même syndrome. Les médias parlent sans cesse de « retour à la normale » et les commentateurs militaires nous abreuvent de pilpoulim savants pour démontrer la force d’Israël et son intelligence, face à l’indigence du Hamas, du Djihad islamique et de nos autres ennemis.

 

Or, en réalité, ce que cet énième round d’hostilités démontre, une fois de plus, ad nauseam, c’est surtout, comme je l’ai souvent expliqué dans ces colonnes, la capacité d’Israël à s’auto-intoxiquer et à masquer, derrière les prouesses technologiques de Kippat ha-Barzel et de la « fronde de David », notre propre indigence stratégique et l’impéritie de nombreux dirigeants – civils et militaires – depuis plusieurs décennies. En effet, comme l’écrit Emmanuel Shilo ce matin dans le journal BeSheva, « la menace de Gaza ne sera pas écartée tant que nous n’aurons pas réparé l’erreur stratégique des gouvernements Rabin (Oslo) et Sharon (retrait de Gaza) ».

 

3.

Réparer l’erreur stratégique d’Oslo et du retrait de Gaza n’est évidemment pas chose facile. « Il est plus facile de faire tomber la pierre dans le puits que de l’en retirer », dit le proverbe. La pierre en l’occurrence, c’est le Hamas et le Djihad islamique, devenus des menaces stratégiques pour Israël depuis le retrait désastreux de la bande de Gaza ordonné par Ariel Sharon, alors empêtré dans des affaires de corruption et aveuglé par une fausse « conception », tout comme l’étaient ses prédécesseurs à l’époque de la guerre de Kippour.

 

La première chose à faire est de tirer les leçons de cette décision fatidique, qui n’ont jamais été apprises depuis lors. L’histoire du sionisme nous enseigne pourtant une leçon simple, depuis plus de 100 ans, qu’on peut exprimer ainsi : la sécurité d’Israël sur sa terre retrouvée passe par l’implantation civile, plus encore que par la force militaire. Là où des Juifs habitent, cultivent la terre et montent la garde, l’ennemi est tenu à distance. Cette leçon a été appliquée depuis un siècle par les pionniers de « Homa ou-Migdal », des garinim du Nahal et des yishouvim de Judée-Samarie.

 

Toute l’histoire d’Israël et du sionisme confirme cette vérité limpide, que nos dirigeants actuels ont oubliée : ce sont nos civils qui garantissent la pérennité et la sécurité de notre présence, à Jérusalem comme à Tel-Aviv, à Hébron comme au Goush Katif. Dans la parasha que nous lirons demain matin, il est écrit « Si vous observez mes lois et gardez mes préceptes, je vous donnerai les pluies en leur saison et la terre livrera son produit… Je ferai régner la paix dans le pays. Vous poursuivrez vos ennemis et ils succomberont sous votre glaive ». Ces mots sont tellement parlants qu’ils se passent de commentaire. Shabbat shalom !

Pierre Lurçat

 

NB Je donnerai une conférence dimanche soir au conseil régional de Samarie à Barkan, sur le thème « Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges ». Entrée libre, inscription auprès de Sarah Nisani, 052-2651019