Vie politique

Procès Netanyahou: un nouveau témoin parle de pressions exercées par les enquêteurs

4 minutes
11 mai 2023

ParIsraJ

Procès Netanyahou: un nouveau témoin parle de pressions exercées par les enquêteurs
Ari Harow. Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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Les procès Netanyahou se poursuivent. Ces derniers jours, c'est Hary Harow, l'ancien chef du personnel du bureau de Binyamin Netanyahou, qui est à la barre dans les dossiers 1000 et 2000.

Harow est appelé en tant que témoin protégé. Les enquêteurs ont conclu avec lui un accord pour qu'il devienne témoin à charge en échange de l'abandon de poursuites contre lui sur la vente, soupçonnée d'être fictive, de sa société avant de prendre le poste de chef du personnel du bureau du Premier ministre.

Harow a témoigné des rencontres confidentielles entre Binyamin Netanyahou et le propriétaire du Yediot Aharonot, Noni Mozes. Il a raconté que Netanyahou lui avait demandé d'être présent et d'enregistrer les entretiens.
Par ailleurs, il a rapporté les conversations entre Netanyahou et l'homme d'affaires Arnon Milchan. Ce dernier disait au Premier ministre qu'il avait amené les cigares et le champagne et lui demandait son aide pour obtenir un visa.

 

Par ailleurs, Harow a confirmé à l'avocat de Netanyahou, Me Amit Haddad, qu'il avait été poussé dans ses retranchements par les enquêteurs qui voulaient à tout prix qu'il leur livre des informations compromettantes sur le plan pénal contre Binyamin Netanyahou. Il sentait qu'il était un outil pour atteindre le Premier ministre. Pourtant, dit-il, ''lorsque j'ai quitté mes fonctions de chef du personnel, je n'avais pas l'impression d'avoir été témoin de fautes pénales''.

Les enquêteurs lui ont proposé de signer un accord de témoin à charge protégé et pendant qu'il négociait ce statut, des fuites étaient organisées dans la presse contre lui. Harow sentait que l'étau se resserrait.

Par ailleurs, son téléphone a été saisi et fouillé, sans mandat qui autorisait les enquêteurs à le faire. Ces derniers ont ainsi pu avoir accès aux enregistrements des conversations entre Mozes et Netanyahou.

Me Haddad: On vous dit que pour le moment, vous n'êtes pas suspect, mais je comprends que votre sentiment est que cela ne s'arrêtera jamais. On vous dit que l'on vous tend la main mais que cette main tendue peut se transformer en poing. Est-ce bien cela?

Harow: Oui

Me Haddad: On vous dit que vous allez pouvoir prendre conseil auprès de votre avocat. On vous propose de faire une sorte de confession, qu'ils sont prêts à tout entendre. Pour vous, il est clair qu'il s'agit de sujets concernant Netanyahou, votre dossier personnel, votre famille. Le lien est fait entre tout cela. N'est-ce pas?

Harow: C'est ce qui me semble.

Me Haddad: On vous propose d'être un témoin à charge protégé.

Harow: Oui.

Me Haddad: Lorsque l'interrogatoire se termine, un autre commence et vous comprenez que vous êtes suspect?

Harow: Oui.

Me Haddad: Il était clair que vous ne seriez suspect que tant que vous ne transmettriez pas d'informations compromettantes sur le plan pénal contre Netanyahou?

Harow: J'ai compris que leur objectif était Netanyahou. J'avais peur de devenir suspect.

Me Haddad: Si vous ne leur donniez pas Netanyahou?

Harow: Je ne me souviens plus exactement ce à quoi j'ai pensé mais c'était mon sentiment général.

Me Haddad: L'enquêteur Koresh fait pression sur vous.

Harow: Oui.

Me Haddad: Il veut savoir toutes les actions douteuses auxquelles vous avez assisté, vous avez compris qu'il allait à la pêche.

Harow: Oui.

Le Juge Moshé Bar Am: Lorsque l'on vous dit ''Comprenez la situation'', que comprenez-vous?

Harow: C'était très stressant, ils me rapportaient des sujets alors que nous étions déjà en négociations (pour le statut de témoin protégé, ndlr) et on me dit que je n'ai rien apporté, je ne comprenais pas ce qu'ils voulaient de moi.

Me Haddad: Vous comprenez qu'on vous explique qu'il faut tout dire et qu'après ''nous déciderons ce qui relève du pénal ou pas''?

Harow: Que je dois m'assoir et réfléchir, je n'avais rien qui me venait tout de suite qui aurait pu être douteux ou pénal. Lorsque j'ai quitté mon poste, je n'ai jamais pensé qu'il s'y était déroulé des infractions pénales.

 

Par la suite, les biens d'Hary Harow ont été saisis, une forte pression a été exercée pour qu'il donne des informations pouvant faire tomber Netanyahou.

Me Haddad: ''On saisit vos biens, vous êtes déjà en train de négocier un statut de témoin protégé, et on vous piétine, pour que peut-être vous livriez une information. C'était votre sentiment, que ce n'était pas par hasard si on commençait à vous suspecter de corruption, de blanchiment d'argent et de fraude fiscale. Tout ça, c'était du bluff.

Harow: Sur ce point, sans aucun doute.

Harow a affirmé être persuadé que l'on a essayé de lui inventer un dossier.

Me Haddad: Vous avez eu l'impression que l'on essayait de vous coller un dossier. On vous a dit que si la corde se resserrait autour de votre cou, vous finiriez pas lâcher quelque chose sur le Premier ministre Binyamin Netanyahou. On vous a piétiné.

Harow: Oui. J'ai compris qu'ils visaient le Premier ministre. Je crois qu'on m'a dit ''vous savez que vous avez le moyen de vous en sortir''.

Me Haddad: En livrant des informations sur Netanyahou.

Harow: C'est ce que j'ai compris.