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J’ai perdu une heure dans ma vie… Par Shraga Blum

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28 mars 2023

ParIsraJ

J’ai perdu une heure dans ma vie… Par Shraga Blum
Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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Le 1er novembre dernier, je suis allé voter. En connaissance de cause. Je pensais naïvement être un citoyen accomplissant son devoir civique et dont le bulletin aurait une valeur, comme celui des millions d’autres de mes concitoyens. A l’annonce des résultats, j’étais heureux et soulagé. Enfin, un gouvernement homogène après plus de trois ans de flottement, un verdict clair, et la perspective de l’application d’une politique qui avait été annoncée tambour battant lors de la campagne. Les quatre partis formant la coalition avaient tous mis l’accent sur la nécessaire réforme indispensable pour rééquilibrer les pouvoirs en Israël. Trente ans d’abus de pouvoir de la Cour suprême et de conseillers juridiques, ça suffit. Mais c’était sans compter la réaction brutale et violente de tous ces « démocrates de pacotille » pour qui le verdict des urnes n’a aucun poids, sauf s’il leur est favorable. Aujourd’hui je me sens bafoué et méprisé, car je me rends compte que ma voix, comme celle de millions d’autres, pourtant majoritaires dans le pays, ne compte pas, et que des forces coalisées ont décidé de faire fi de la volonté populaire et d’empêcher par tous les moyens la poursuite de la vie démocratique.
Ce qui se passe aujourd’hui dans le pays est une honte sans nom. L’interruption éventuelle du processus législatif sous la menace, y compris de certains militaires, n’a d’autre nom qu’une tentative de coup d’Etat. Ils sont certes minoritaires dans le pays, mais ils sont bruyants, soutenus par les grands médias et n’hésitent pas à mobiliser l’étranger contre leur pays. C’est une claque infligée aux millions d’électeurs qui ont librement choisi une majorité de droite à la Knesset. La base de toute vie démocratique est de respecter la décision des urnes car contrairement aux juges et aux conseillers juridiques, les politiciens doivent rendre des comptes à leurs électeurs et peuvent être sanctionnés lors d’un prochain scrutin. Ceux qui scandent « Demokratia » à longueur de journée sont en fait des antidémocrates patentés car ils veulent renverser par la rue un gouvernement légitime qui jouit d'une nette majorité à la Knesset. Il est extrêmement grave d’imprimer dans l’opinion que le fait d’aller voter ne sert plus à rien, car soit, comme dans le gouvernement précédent, les engagements fermes sont foulés au pied et l’escroquerie politique atteint des sommets, soit comme actuellement, une machine cynique, bien huilée et généreusement financée tente d’empêcher un gouvernement légitime d’appliquer la politique qu’il a annoncée. Il est à craindre que lors d’un prochain scrutin, des centaines de milliers de citoyens ne restent chez eux, convaincus que leur bulletin de vote ne sert absolument à rien car d’autres forces et puissants groupes d’intérêts sont capables de contourner la démocratie. Le taux de participation aux élections est l’un des indices les plus fiables pour jauger la confiance d’une population au processus démocratique. Pour le gouvernement actuel, reculer sur cette réforme nécessaire signifierait qu’il a cédé à la violence, au chantage et aux menaces. Un précédent extrêmement dangereux dont les coupables auront été les irresponsables – civils et militaires - qui sont prêts à embraser le pays par haine, frustration ou esprit de vengeance.