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La réforme judiciaire mauvaise pour l’économie israélienne? Netanyahou répond

6 minutes
25 janvier 2023

ParIsraJ

La réforme judiciaire mauvaise pour l’économie israélienne? Netanyahou répond
Photo by Yonatan Sindel/Flash90

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Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a tenu ce soir (mercredi) une conférence de presse accompagné par les ministres des Finances (Smotrich), de l'Economie (Barkat) et des Affaires étrangères (Cohen).

L'objet de cette conférence était de répondre aux attaques qui se multiplient ces derniers jours concernant la réforme du système judiciaire. L'un des arguments utilisés par les détracteurs de cette réforme est que celle-ci va nuire au statut d'Israël sur la scène internationale et notamment sur le plan économique.
Hier soir, Amir Yaron, le gouverneur de la banque centrale israélienne a fait part au Premier ministre de son inquiétude face à une éventuelle mauvaise notation de crédit qui pourrait être attribuée à Israël si la réforme du système judiciaire venait à passer.

 

La notation de crédit classe la solidité financière des entités - individus, entreprises ou pays. La stabilité financière est la capacité de l'organisme à rembourser les emprunts qu'il contracte. La cote de crédit d'un pays est le niveau de confiance dans sa capacité à payer ses dettes. Il existe plusieurs sociétés qui notent les pays, dont les plus connues et les plus importantes sont S&P, Moody's et Fitch. Chacune de ces entreprises a une échelle de notation différente et le score le plus élevé signifie la plus grande certitude que l'État remboursera ses dettes.

En novembre dernier, la société de notation internationale S&P a confirmé la note d'Israël au niveau de double A-, avec une prévision de note stable. Il s'agit d'une note relativement élevée, un niveau en-dessous des États-Unis, qui sont notés double A+. La société a noté, entre autres, les taux de croissance élevés de l'économie israélienne par rapport au reste du monde, les prévisions de développement du secteur gazier en Israël, et le faible ratio dette/PIB. Elle a également pointé des dangers pour la notation d'Israël : la productivité, la faiblesse de certains groupes de la population et la situation géopolitique.

Les sociétés internationales de notation ont commencé à noter Israël pour la première fois en 1988, lorsque la note d'Israël était BBB-, la note la plus basse. Au fil des années, et suite à la croissance de l'économie israélienne, la cote a augmenté et en août 2018 elle a atteint le niveau où elle se situe aujourd'hui.

La cote de crédit d'Israël affecte le taux d'intérêt que le pays offre sur les prêts qu'il contracte : le taux d'intérêt est fonction du risque. Plus le prêt est risqué, plus le taux d'intérêt est élevé. Les pays empruntent de l'argent en émettant des obligations, donc plus leur notation est élevée et plus ils sont considérés comme sûrs, plus le rendement qu'ils garantissent sur les obligations peut être faible.

Autrement dit, une cote de crédit élevée permet à l'État de contracter des dettes à bas prix.

 

Les craintes du gouverneur de la banque centrale sont liées au fait que parmi les critères de notation se trouve l'évaluation de la solidité des institutions démocratiques.  Dans une situation d'affaiblissement des institutions démocratiques et des systèmes juridiques, aucun facteur ne régule le gouvernement, ce qui suscite l'inquiétude des sociétés de notation.

 

Parallèlement,les employés du secteur de la hi-tech qui ont manifesté hier, prétendent qu'une fois la réforme du système judiciaire adoptée, les investisseurs étrangers seront plus réticents à entrer sur le marché israélien.

 

Le Premier ministre a tenu, ce soir, à couper court à toutes ces prédictions.

''Ces derniers jours, j'entends des inquiétudes au regard de l'influence de la réforme judiciaire sur notre solidité économique'', a déclaré Netanyahou, ''C'est l'inverse qui est vrai. Les démarches que nous entreprenons sont destinés à renforcer la démocratie. Non seulement elles ne nuiront pas à notre économie mais elles vont la renforcer. Elles vont ramener Israël à la situation judiciaire de la majorité des démocraties, là où Israël se trouvait il y a 50 ans.

Les procédures judiciaires superflues ont entrainé, ces dernières années, du retard dans des projets d'infrastructures: celui de la route 6 et celui du train rapide. Des projets qui ont facilité la vie de millions de citoyens, qui ont changé la face économique d'Israël et qui ont été suspendus à cause d'un excès de justice.

Il n'y a aucune raison d'avoir peur, l'opposition est totalement irresponsable quand elle déverse un tsunami de mensonges.

Les excès du système judiciaire en Israël sont comme du sable dans les rouages de l'économie israélienne. Nos adversaires politiques diffament Israël dans le monde sans sourciller, mais les marchés sont beaucoup plus intelligents. Lorsque la réforme sera votée, dans le dialogue, tout le monde verra que l'Etat de droit existera toujours et sera même renforcé''.

Il a ajouté: ''Nous avons déjà vécu cela plusieurs fois. Ces dix dernières années, nos adversaires politiques nous ont annoncé que si nous ne faisions pas d'énormes concessions aux Palestiniens, cela aura une influence sur l'économie d'Israël. Dans les faits, c'est l'inverse qui s'est produit: quatre accords de paix et une croissance économique. Je dis aux investisseurs: investissez ici, c'est rentable pour vous. Ceux qui ont investi en Israël pendant les années où j'étais au pouvoir ont beaucoup gagné et ceux qui continueront à investir gagneront encore. Israël est un lieu idéal pour investir et il va devenir encore meilleur''.

 

Les chefs de l'opposition ont attaqué Netanyahou dès la fin de la conférence de presse.
Yaïr Lapid a déclaré: ''La conférence de presse hystérique de Netanyahou ne laisse pas de place au doute. Bibi est faible et il sait qu'il va entrainer un coup fatal à l'économie israélienne. Chaque citoyen israélien va payer de sa poche et paiera cher''.

Avigdor Liberman a ajouté: ''La conférence de presse donnée par le Premier ministre et trois ministres montre qu'ils ont PEUR, parce qu'ils savent la vérité et ils comprennent que personne au monde n'est prêt à avaler leurs mensonges et leurs histoires. Israël est en route vers une crise économique sans précédent depuis des décennies et ce sera la responsabilité de Binyamin Netanyahou''.

Benny Gantz aussi a réagi: ''Il méprise les manifestants, il menace la conseillère juridique du gouvernement et ignore le gouverneur de la Banque centrale, mais la raison pour laquelle il faut empêcher le renversement de régime n'est pas seulement la baisse de la notation de crédit et pas seulement la défense des officiers de Tsahal à l'étranger mais avant tout parce qu'elle va détruire les valeurs fondamentales sur lesquelles Israël a été fondé. Netanyahou, l'histoire ne vous pardonnera pas la destruction du régime et la fracture que vous créez au sein du peuple. Il n'est pas trop tard pour arrêter''.