Politique

Accords d’Avraham: les touristes émiratis ne se bousculent pas en Israël

4 minutes
4 janvier 2023

ParIsraJ

Accords d’Avraham: les touristes émiratis ne se bousculent pas en Israël
Photo by Olivier Fitoussi/FLASH90

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La signature des Accords d'Avraham promettait des relations de plus en plus étroites avec les pays arabes concernés sur le plan diplomatique, économique et touristique.

Le volume des échanges commerciaux entre Israël et les Emirats arabes unis a fait un bond: il est passé de 11.2 millions de dollars en 2019 à 1.2 milliards de dollars en 2021.

Diplomatiquement, on peut dire que deux ans plus tard, les résultats sont mitigés. S'il est vrai que le dialogue entre les deux pays est bien vivant, les différents votes contre Israël à l'ONU ou encore la réaction des pays arabes signataires à la visite de Ben Gvir sur le Mont du Temple hier, montrent qu'il y a encore du chemin à parcourir.

La popularité des Accords d'Avraham a chuté aux Emirats pendant ces deux dernières années. Selon l'institut Washington pour la politique au Moyen-Orient, les accords jouissaient d'un taux de popularité de 47% en 2019 et seulement de 25% en 2021. Au Bahreïn, seuls 20% de la population soutiennent les accords alors qu'ils étaient 45% en 2020.

 

Sur le plan touristique aussi, il semble que les espoirs sont déçus. Les Israéliens ont immédiatement été nombreux à se rendre à Dubaï mais ce phénomène est loin d'être réciproque.

Si plus d'un demi-million d'Israéliens ont déjà voyagé à Abou Dhabi et à Dubaï depuis la signature des Accords d'Avraham, seuls 1600 citoyens émiratis ont visité Israël. Ce sont les données du ministère du Tourisme transmises à l'agence de presse AP et rapportées par Ynet. Pour ce qui est des touristes en provenance du Bahreïn, le ministère ne peut pas fournir de chiffres tant ils sont insignifiants.

''Nous devons inciter les Emiratis à venir ici une première fois, c'est une mission importante'', déclare Amir Haïk, ambassadeur d'Israël aux Emirats arabes unis à l'agence AP, ''Nous devons promouvoir le tourisme afin que les gens apprennent à se connaitre''.

Le mois dernier, des acteurs israéliens dans le domaine du tourisme se sont déplacés aux Emirats pour essayer de promouvoir Israël dans le monde arabe comme destination sûre et attractive. Au coeur de leur campagne: la ville de Tel Aviv qu'ils estiment être un pôle d'attraction important.

Pourquoi pas Jérusalem? Les quelques tentatives d'attirer les touristes musulmans n'ont pas été convaincantes.

Beaucoup de touristes émiratis ressentent un sentiment de culpabilité à l'idée de visiter Israël et Jérusalem est un sujet sensible. La cause palestinienne jouit d'un large soutien auprès des populations arabes et les habitants des Emirats ou du Bahreïn qui projetaient de visiter Israël ont été influencés par les appels des Palestiniens qui considèrent la normalisation des relations avec Israël comme une trahison. Les quelques touristes qui sont venus ont tout fait pour ne pas être identifiés comme tels par les Musulmans du pays, en s'habillant à l'occidental par exemple.

Le site Ynet raconte l'histoire de ce groupe d'influenceurs sur Internet en provenance des Emirats et du Bahreïn qui avait visité la Mosquée Al Aqsa en 2020. Ils ont essuyé des crachats et on leur a jeté des chaussures dans la vieille ville de Jérusalem, le tout de la part de Musulmans.

Un autre groupe d'officiels émiratis avaient effectué une visite sur le Mont du Temple, accompagné par des policiers israéliens, ce qui avait créé le scandale dans le monde musulman. Le Mufti de Jérusalem avait alors émis une décision religieuse contre la visite des Emiratis à la Mosquée sous protection israélienne.

La colère des Palestiniens contre les touristes émiratis ne se limite pas aux lieux saints. Ces derniers sont aussi la cible de critiques lorsqu'ils visitent d'autres lieux ou étudient en Israël, pouvant aller jusqu'à des attaques sur le Net voire à des menaces de mort.

 

Les observateurs s'interrogent sur l'évolution que prendront les relations touristiques entre Israël, les Emirats et le Bahreïn, avec l'arrivée du nouveau gouvernement. Les exemples précédents ne sont pas très encourageants sur ce plan: les touristes jordaniens ou égyptiens - pays avec lesquels Israël a signé des accords de paix - ne sont pas nombreux non plus dans les rues israéliennes.