Cette approbation est survenue après que les principaux responsables sécuritaires et du renseignement israéliens ont présenté les lignes de l'accord devant le cabinet de sécurité.
Aussi bien pour le chef du Mossad, David Barnea, que pour le chef du renseignement, Eyal Hulata, cet accord est bon pour Israël sur le plan sécuritaire. Selon ce dernier, l'accord va diminuer l'influence du Hezbollah sur le Liban et la dépendance du pays des Cèdres vis-à-vis de l'Iran.
Hulata a reconnu, par ailleurs, qu'Israël avait cédé près de 10 kilomètres de ses eaux territoriales dans le cadre de cet accord. C'est un point particulièrement important puisque selon la Loi Fondamentale, un tel renoncement doit être approuvé par au moins 80 députés ou par un référendum.
Or Lapid a décidé que l'accord ne serait pas voté par la Knesset. En effet, après que le gouvernement l'a approuvé, l'accord a été déposé sur le bureau des députés pour qu'ils en prennent connaissance uniquement mais pas pour le soumettre à leur vote. Ils ont 14 jours pour l'étudier au terme desquels l'accord pourra être signé.
Au sein du cabinet de sécurité, Naftali Bennett, qui possède un droit de veto, a décidé d'approuver l'accord. Il s'en est expliqué sur les réseaux sociaux:
''Il ne faut pas croire systématiquement que ce qui est bon pour le Liban est mauvais pour Israël. Il y a des fois où les gains sont des deux côtés''. Le Premier ministre alternatif explique qu'il agit depuis sa prise de fonction pour obtenir un accord avec le Liban sur ce sujet et qu'il y voyait un objectif très important qu'il ne fallait pas, pour autant, atteindre à tout prix et certainement pas sous la menace. Rappelons que le Hezbollah menace depuis plusieurs mois maintenant, le gisement israélien Karish et a même envoyé des drones contre celui-ci.
''L'accord survient, maintenant, dans des conditions différentes de celles que nous avions prévues, et pourtant, même dans ces conditions, il faut le valider. Sur la base d'une connaissance approfondie du sujet et des opinions des responsables sécuritaires, j'ai décidé de voter en faveur de l'accord. Je suis conscient de l'aspect problématique de voter un tel accord en période électorale. En temps normal, nous aurions dû attendre la formation du nouveau gouvernement. Mais les circonstances nous obligent à prendre la décision maintenant, en raison des défis sécuritaires et de l'étroite fenêtre d'opportunité que nous avons''.

''L'heure n'est pas aux cris de victoire ni à ceux qui décrivent une catastrophe. L'accord n'est pas une victoire diplomatique historique, mais il n'est pas non plus un accord de soumission. Il s'agit d'une régularisation nécessaire, en raison des circonstances actuelles, dans un timing problématique".
Il est contredit sur ce point par son ancienne acolyte, Ayelet Shaked, elle aussi membre du cabinet de sécurité et qui s'est abstenue lors du vote aujourd'hui. Elle a déclaré que s'il était en son pouvoir de poser un veto, elle le ferait.
"Cet accord possède des avantages économiques, politiques et sécuritaires. Mais nous devons le conclure autrement. Si, comme le dit Lapid, il s'agit d'un accord ''historique'', alors dans ce cas, il doit recueillir l'approbation d'un large public, et ne pas s'appuyer sur un gouvernement de transition qui a perdu le soutien du public. La Knesset, qui est le souverain, doit valider cet accord avant les élections.

Si cela dépendait de moi, je poserais mon veto sur cet accord tant qu'il n'est pas soumis au vote de la Knesset.
Lapid voulait un acquis stratégique et pour cette raison, il a accepté des compromis face au Liban et au Hezbollah. Il ne manque plus que le jingle de Yesh Atid en fond musical.
A ceux qui, à gauche de l'échiquier politique, parlent sans arrêt au nom des valeurs de la démocratie, nous avons affaire ici à un piétinement de la démocratie israélienne. Si Netanyahou était arrivé à un tel accord, trois semaines avant les élections, Lapid et ses amis auraient crié à la fin de la démocratie et manifesteraient.
Il faut soumettre l'accord au vote de la Knesset''.
De leur côté, Yaïr Lapid et Benny Gantz ont justifié leur choix de ne pas faire voter la Knesset, ce soir lors d'une conférence de presse. Le responsable de cette décision, selon eux, n'est autre que Binyamin Netanyahou. Son opposition farouche à l'accord, sans même en connaitre les termes, toujours selon leurs dires, et le comportement qu'ils qualifient d'''irresponsable'' de l'opposition, les contraindraient à contourner la Knesset.
''L'accord éloigne le risque d'un affrontement avec le Hezbollah. Nous n'avons pas peur de lui et nous aurions pu le frapper fort, mais éviter les guerres est notre rôle. Nous exploiterons le gaz du gisement de Karish et nous n'hésiterons pas à faire usage de la force. Chaque famille en Israël pourra profiter des fruits de cet accord. Israël recevra 17% des recettes du champ gazier de Kana. Nous avons construit l'accord avec les Américains de telle sorte qu'il mette le Hezbollah hors-jeu'', a déclaré Lapid lors de cette conférence de presse.