Il y a six mois, Jonas ne pouvait pas courir cinq minutes sans être essouffé. David n’avait jamais aidé sa mère à faire quoi que ce soit dans la maison. Et Shirel n’avait jamais réfléchi aux notions de bien et de mal....
…Mais ça, c’était avant. Avant ces six mois d’immersion à Gour Arié. Une préparation à l’armée pour les francophones, sur le papier. Dans les faits, une véritable école de la vie. Située au pied des dunes d’Ashdod, intégrée à une yechiva dans laquelle les jeunes peuvent suivre des cours sur les fondamentaux du judaïsme, Gour Arié accueille une quarantaine de filles et de garçons francophones répartis dans différents lieux, qui ont affirmé leur désir de se trouver et de se préparer en douceur et presque en famille à la sacro-sainte armée israélienne à laquelle ils ne peuvent pas échapper.
Cette semaine, Jonas et son groupe ont marché vers Jérusalem, des sacs de 10 kilos sur le dos. « Lorsqu’on est arrivés, épuisés, on pensait que c’était fini, qu’on allait pouvoir se reposer. Mais après une heure de pause, Yehouda nous a dit « Allez les gars, on repart ». On a ri, on n’y croyait pas. Mais on l’a fait ! Nous sommes repartis courir dix kilomètres, avec des montées, alors qu’on était dans un état d’épuisement intense. C’était totalement
incroyable », raconte le jeune homme. « Je voulais leur montrer que lorsqu’on pense qu’on n’a plus aucune
force, eh bien c’est faux. Les ressources humaines qui se révèlent, le fait de savoir qu’on pourra surmonter la fatigue, donne des armes psychologiques inestimables pour la vie entière », explique Yehuda Salama, le directeur.
Gour Arié, Les lionceaux, c’est le nom de cette préparation à l’armée pour les jeunes Français, filles et garçons,
qui lancera sa troisième promotion en septembre. Une réussite incontestable pour ces Franco-Israéliens qui rêvent de Tsahal sans en connaître la réalité, « contrairement aux jeunes Israéliens qui ont tous vu leurs oncle, cousin ou grand frère, affronter ces trois années de service militaire », analyse Yehouda Salama.
« Tu avais passé cinq fois une heure dans une salle de sport et tu te prenais pour le roi et là tu dois courir avec un
brancard de 80 kilos pendant des kilomètres. Nous sommes déconnectés, nous les Franco-Israéliens », rit David.
« Nous avons vite compris que les Français contraints d’intégrer Tsahal n’étaient pas armés. Ils ne comprennent
pas la notion de discipline, celle d’effort, Tsahal a parfois été fantasmé mais sa pratique est loin de la réalité imaginée. Résultat, ils ne tiennent pas le coup et désertent. Ici, on explique et on analyse, dans une ambiance bienveillante, sur quels ressorts psychologiques l’armée appuie sciemment. Pourquoi c’est si dur. Il faut envisager Tsahal comme un jeu de rôle. Celui qui intègre ça a tout compris ».
À Gour Arié, tout se fait en groupe. On travaille l’esprit d’équipe, la solidarité autant que la performance physique. On étudie la Torah pour en comprendre les fondamentaux et devenir un homme meilleur. «
Les jeunes acquièrent la certitude qu’ils ne peuvent réussir ou échouer qu’ensemble. Si une personne est en retard, c’est le groupe entier qui écope de pompes supplémentaires pendant 15 minutes ». Les futurs
soldats, qui se disputaient sans cesse les premiers jours, sont désormais soudés pour la vie. Ils ont appris à se soucier des autres, et de leur pays.
Déborah Uzan
Article paru dans Actualité Juive numéro 1651
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