Vie politique

Le projet de Shaked, la condition d'Orbach

4 minutes
15 juin 2022

ParIsraJ

Le projet de Shaked, la condition d'Orbach
Photo by Yonatan Sindel/flash90

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Tous les observateurs sont d'accord sur un point: les jours de la coalition sont comptés. Elle ne fonctione quasiment plus depuis la reprise des travaux parlementaires, enchaine les crises et chaque jour, on se demande quel député va décider de rendre la vie dure à ses camarades.

Pour le moment, ils sont quatre à être une véritable source de casse-tête: les députés arabes Mazen Ghanaïm (Ra'am) et Ghaida Rinawie Zoabi (Meretz), Michaël Bitton (Kahol Lavan) et Nir Orbach (Yamina). Chacun, invoquant la volonté de rester fidèles à ses électeurs, empêche le gouvernement de faire passer des lois, de mener des réformes et donc de fonctionner.

Les députés arabes en question sont poussés vers la sortie de la Knesset par leurs collègues, mais apparemment aucun des deux n'a l'intention de se laisser impressionner.

Michaël Bitton montre les muscles face à Merav Mihaeli et sa réforme des tarifs dans les transports publics, qu'il juge mauvaise pour les classes populaires et les habitants de la périphérie et suspend donc sa participation aux votes tant que la réforme ne sera pas révisée.
Quant à Nir Orbach, il a gelé sa participation à la coalition parce qu'il en désapprouve l'orientation actuelle, qui survit à coups de marchandage avec les députés arabes qu'ils soient de Ra'am ou de la liste arabe unifiée. Lundi, il a conditionné son retour au vote de la loi sur la Judée-Samarie, qui semble loin d'être acquis, en raison, notamment de l'opposition des deux députés arabes précités.

Aujourd'hui, Orbach a posé une nouvelle condition à Bennett: il lui demande d'élargir les rangs de la coalition afin de sortir de l'instabilité actuelle. Pour ce faire, Bennett n'a pas beaucoup de choix: soit ouvrir la coalition à d'autres partis, soit convaincre Idit Silman de revenir dans ses rangs. Ces deux options semblent compliqués à réaliser.

Orbach ne sera pas présent à la Knesset cette semaine, il est parti en vacances dans le nord, une façon de bien faire comprendre que la coalition ne pourra pas compter sur lui. La semaine prochaine pourrait être décisive si une proposition de loi de dissolution de la Knesset était soutenue par Orbach, qui permettrait à l'opposition d'obtenir les 61 voix nécessaires.

Yesh Atid head Yair Lapid with Blue and White head Benny Gantz, Head of the Yamin party and Yamina and Ayelet Shaked seen in the plenum hall of the Israeli parliament during the voting in the presidential elections, in Jerusalem, June 2, 2021. Photo by Olivier Fitoussi/Flash90 


Mais là intervient Ayelet Shaked qui, consciente elle aussi de la fin annoncée de la coalition, préfèrerait la constitution d'un gouvernement de droite alternatif dans la Knesset actuelle. Ces derniers jours, elle s'emploie à essayer de convaincre Bennett mais aussi Saar de bien vouloir rejoindre un gouvernement dirigé par le Likoud de Netanyahou. Elle se heurte à une opposition des deux pour l'instant, opposition encore plus intransigeante du côté de Guidon Saar.

Parallèlement, Bennett et Saar auraient commencé des tractations pour courir sur une liste commune aux prochaines élections. Aboutiront-elles? Rien n'est moins sûr, les deux hommes entretenant une relation de suspicion réciproque.

 

Enfin, pour compléter le tableau, il convient de souligner le dilemme de la liste arabe unifiée qui, d'un côté, souhaite voter la dissolution de la Knesset mais de l'autre n'est pas enthousiasmée à l'idée que Netanyahou puisse revenir à la tête du pays. Les députés de cette liste espèrent pouvoir voter la loi de Guidon Saar qui interdit à une personne mise en examen de se présenter au poste de Premier ministre, pour se débarasser de Netanyahou et ainsi voter pour la dissolution de la Knesset.

 

Pour l'heure, la coalition s'attend à passer une journée difficile à la Knesset, puisqu'en l'absence d'Orbach et de Bitton, aucune victoire n'est attendue de son côté. Il se pourrait même que les députés de la coalition s'absentent des séances de vote aujourd'hui. Rappelons que lundi, aucune loi n'a été présentée par la coalition devant la Knesset, en l'absence de majorité et qu'hier, la seule qui l'a été, n'est pas passée.